mercredi 31 juillet 2024

Chroniques d’un désastre annoncé 7

 





Jour J mais pas encore heure H

Le coeur qui se serre et l’esprit qui vagabonde

C’est sûr on fige tout

C’est là aussi une partie du désastre

On fige tout

On dit que c’est la guerre des « extrêmes »

Comme si l’humanité était déjà coupée

Amputée et meurtrie

Certes elle l’est

Mais c’est de ne pas savoir comment faire

Avec ce truc encombrant et mal défini 

Qui lui vaut ce nom


On dit que c’est lutte entre droite et gauche

Certes en terme d’hémicycle

Mais aurions nous des natures en demi-cercle 

Que nous ne pourrions demeurer en place

On nous jette poudre aux yeux

On nous enfume avec des barrières et des frontières

On stigmatise les uns

On encense les autres

Pour mieux cacher qu’il s’agit d’un désastre

Celui élaboré pour permettre à quelques-uns

De se ménager une vie confortable

En écrasant les autres


Ce monde là a un nom

CAPITALISME

C’est lui qui est à l’origine du désastre

Nous le savons mais faisons semblant de n’en rien voir



Xavier Lainé

7 juillet 2024


mardi 30 juillet 2024

Chroniques d’un désastre annoncé 6

 





C’est quoi vivre en territoire dévasté

C’est quoi sinon survivre et verser dans l’impensable

Dans l’innommable

Désormais que la boite de Pandore est ouverte

Que les monstres montrent leur vrai visage

Que nous savons vers quels naufrages nous allons


Alors comme avant de mourir on tente encore

De se raidir

D’empêcher le massacre

On fait semblant d’y croire

Pour simplement nous cramponner

À notre maigre radeau d’humanité


Le pays des droits de l’homme

Conduit par l’homme le plus cynique qui soit

Croyait faire barrage au pire

Le triste sire ouvrait des voies d’eau dans la coque

À grands coups de concession aux odieuses rengaines

Le pire est le naufrage des mots 

L’effondrement du sens


On ne dit plus ce qui est

On travestit le réel sous des mots désossés

Dont le squelette disparaît sous la boue des mensonges

Nous en sommes là

Le poète dans le silence des livres

Pleure toutes les larmes de son corps

Quelque chose d’odieux se trame

Dont nous ne saurons peut-être jamais

Nous défaire de l’outrage


*


Tu croises du monde 

Au hasard de tes déambulations citadines

Tu les dévisages

Tous ces gens que tu rencontres

Tu te dis que parmi eux

Trente pour cent ont fait le choix du pire

Rejoignant sans coup férir

La tribu des racistes

Même si certains clament que non

Mais si


Mais si

Vous y voilà rangés

Vous qui prétendez n’avoir jamais essayé

De boire du nettoyant WC

Vous devriez essayer pour voir

Peut-être que ça vous décaperait l’esprit

Aussi sûrement que les psalmodies médiatiques

Qui tentent de faire passer le brun pour du blanc

Et le rouge pour du brun


C’est ainsi qu’avance le fascisme

Dans cette méprise de la langue

Qui ne sait plus ce qu’elle dit

Faisant passer pour vraies

Les pires contre-vérités

Pour vérités les mensonges éculés

Langue qui vante la bêtise

Condamnant la connaissance

Au nom d’une haine du savoir



Xavier Lainé

6 juillet 2024


lundi 29 juillet 2024

Chroniques d’un désastre annoncé 5

 





« Je n'ai pas dormi de la nuit. J'aurais dû me méfier des Bruns dès qu'ils nous ont imposé leur première loi sur les animaux. Après tout, il était à moi mon chat, comme son chien pour Charlie, on aurait du dire non. Résister davantage, mais comment ? Ça va si vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu tranquilles, non ?


On frappe à la porte. Si tôt le matin, ça n'arrive jamais. J'ai peur. Le jour n'est pas levé, il fait encore brun dehors. Mais arrêtez de taper si fort, j'arrive. »

Franck Pavloff, Matin brun


Nous y sommes

Nous savions qu’il ne fallait pas

Que la nausée nous envahirait

Que nous serions poursuivis jusque dans notre sommeil

Par cette migraine qui ne nous lâche plus

Migraine et gangrène se donnent la main

Pour nous rendre la vie intolérable

C’est peut-être l’objectif


Tu t’interroges

Qui de l’homme ou du climat

Mettra un terme à ce désastre

Tu aimerais savoir


*


Alors tu démarres chaque jour

Avec cette amertume

Tu rêves encore 

Tu les regardes

Ceux qui semblent de ton côté

Se bouffer le foie

Au risque de tout te faire perdre


Tu t’interroges

Comme d’habitude

Que faire de ce désastre

Comment retourner les choses

Pour retrouver la sérénité des temps d’autrefois

Où tu avançais jeune et radieux

Convaincu d’aller de l’avant

Que ce qui était acquis ne serait jamais remis en question


C’est désormais notre humanité même qui est posée sur le billot



Xavier Lainé

5 juillet 2024



dimanche 28 juillet 2024

Chroniques d’un désastre annoncé 4

 





Et le pire c’est que ça ne change rien

Que vous semblez pouvoir vivre

En perspective raciste

Sans que ça ne trouble votre été


Mais peut-être est-ce déjà le signe

Que le néo-fascisme soft 

Est déjà bien installé dans les esprits

Au point de vous rendre indifférents


Au moins en apparence

Vous avez tellement appris

À ne rien montrer pour ne pas

Pour ne pas vous compromettre


Vous avez tellement pris le pli

De ne rien montrer

De ne pas vous révolter

Pour ne pas vous compromettre


Sans doute est-ce un des premiers symptômes

De ce désastre lentement élaboré

Au fil des ans et de tous bords

Vous laissant aux vents mauvais


*


Pendant qu’ici le désastre s’étend

Nul ne regarde plus du côté de Gaza

Nul ne regarde plus le « nettoyage ethnique »

Nul ne parle plus du génocide entrepris


Nous vivons ce temps là

Où un désastre en couvre un autre

Pauvre humanité en déroute

Prête à confier son sort aux rapaces

Quand il faudrait qu’elle apprenne

À le prendre en main


*


Tant et tant qui s’en plaignent

De ces relations faussées

De ces discours lénifiants

Qui ne se traduisent par rien

Rien dans la vie


Tant et tant qui se sentent si seuls

Que parfois il me prend d’ouvrir grand les bras

Pour les accueillir tou(te)s


C’est dans ce processus que vient le désastre

Lorsque chacun se sent ou se croit seul

Et que ça se vérifie


Désastre d’une humanité

Où chacun ne sauverait

Que son « développement personnel »

Sans un regard pour celles et ceux qui ne savent pas

Pas faire

N’ont pas les réseaux

Ou simplement le culot

De se mettre au sommet de l’affiche

Histoire de briller un jour

Mais pas toujours


Car parfois à trop briller

On crame toute son énergie

Et lorsque la lumière s’éteint

Impossible de la rallumer

Les batteries sont à plat

Les jaloux passent sans un regard

On se croyait en haut de l’affiche

On se retrouve seul

Plus seul d’y avoir cru


Le désastre est dans ce vide

Laissé dans le sillage de ceux qui croient briller



Xavier Lainé

4 juillet 2024