C’est aussi travail de mémoire que d’aller voter
C’est travail de culture et d’ouverture
Non de fermeture et de rancoeur
Un travail de citoyen qui agit au quotidien
Mais aussi dans les urnes avec intelligence
En cultivant la clairvoyance
Ôtant les masques qui savent se vendre
Sous visages avenants
Mais ne proposent que poudre aux yeux
À ceux qui s’y laissent prendre
(Notre histoire récente en a fait la triste expérience)
Alors…
Alors tu sais
Je vois monter la haine depuis si longtemps
Depuis si longtemps j’invite à ne pas flancher
À ne pas prendre ce qui est délictueux
Pour des idées honorables
Je vois venir depuis si longtemps
Cette suspicion et ces doutes
Tandis que la misère au ventre
Vont ceux que je soigne sans illusion
Car comment aller bien quand tout va mal
Alors tu sais
Je ne peux que glisser dans l’urne
Un bulletin d’espoir encore
En notre humanité commune
Un bulletin qui s’oppose à la banalité du mal
Qui honore Hannah et laisse Pétain à son enfer
Un bulletin qui trace une route nouvelle
Visant à réparer ce qui a été détruit
Par de jeunes ignorants nourris
Au biberon du profit
Alors tu sais
Mon front a moi
Il a goût d’hommage aux résistants de toujours
Il demeure fidèle au mouvement de mes ancêtres
Apatrides malgré eux mais devenus français
Pour cultiver la mémoire de Voltaire Hugo ou Rousseau
Par goût d’appartenir au pays des droits de l’homme
Par hommage aux révolutionnaires de 1848
Suivant les pas des communards au risque de l’exil
Sous la férule des versaillais qui pointent
Sous le triste masque du rassemblement de la haine
Alors tu sais
Je glisserai dans l’urne
Un bulletin main tendue
À tous ceux que ce monde opprime
Pour qu’ensemble nous fassions oeuvre humaine commune
Pour que « plus jamais ça » ne soit pas un vain mot
Ou qu’un discours de circonstance
Mais un chemin tracé ensemble vers plus d’humanité
Alors tu sais
Je ne me tromperai pas de cible
Je ferai effort pour comprendre
Ce ras-le-bol qui est tien devant l’accumulation des injustices
Devant la peur instituée en mode de gouvernement
Avant même que la bête immonde masquée
Sous les traits avenants d’une jeunesse ignorante
Ne menace de prendre avec le pouvoir
Celui de brimer un peu plus nos libertés élémentaires
Je ferai effort pour comprendre ton dépit et ta colère
Sans pour autant accepter que tu te livres sans un regard
Aux pires résurgences d’un passé si douloureux
Mon bulletin dans l’urne
Dont je pense qu’il n’est qu’un maigre pouvoir
Quand il nous faut chaque jour repousser
Avec l’énergie du désespoir la suspicion qui nous gagne
Car l’élu qui prétendait faire barrage
N’était qu’une digue de pacotille
Prêt à ouvrir la porte au mufle hideux de la haine
À la première occasion qu’il aurait créée
Nous y sommes
Il nous reste un maigre bulletin
Pour ne pas sombrer pour longtemps
Alors il ne s’agit pas seulement de faire barrage
Mais de renforcer les digues à grand renforts de nouvelles espérances
Espérances qui seraient notre oeuvre commune
Tournant le dos aux forces du passé
Et l’espérance ne suffisant pas à nous rendre humains
Ce sont nos manches qu’il faut retrousser
Pour nous mettre à l’oeuvre sans attendre
Construire les digues infranchissables
Aux délits de xénophobie racisme et homophobie
Xavier Lainé
27-28 juin 2024