mardi 21 février 2023

Homme (ou femme) mais humains (peut-être) 2

 



XL - Enigmatiques assises 1


L’Homme de février travaille au bureau.

Mais le bureau n’en est plus un, mais un « pool ».

Pour la convivialité qu’ils disent.

Avec ses box dans un style d’aquarium pour les entretiens « confidentiels ».


L’Homme de février ne quitte pas des yeux son écran, entre deux cloisons à mi-hauteur.

Officiellement c’est une question de « relations humaines ».

En fait, c’est plus une notion de surveillance étroite de ses faits et gestes.


L’Homme de février, rentré chez lui, n’en peut plus.

Alors il se vautre devant n’importe quelle chaine télé.

Il avale à n’en plus finir les « amusements » et les « informations ».

Tronquées, les informations, pour qu’il ne réfléchisse pas trop.


(2 février 2023 —1 — 8h48)


 *


La Femme de février travaille.

Quand elle trouve du travail, c’est toujours moins bien payé que pour l’Homme de février.

La Femme de février n’a rien d’autre qui la distingue de l’Homme de février que son sexe.

Mais bien sur, dans un monde dirigé par les hommes elle se sent toujours regardée de haut, jugée non sur ses capacités et ses connaissances mais sur des appâts qui n’ont rien à voir avec ses diplômes.

Ce qui se joue entre la Femme et l’Homme de février ne prend pas sa source dans leurs différences biologiques.

Ce qui se joue c’est qu’à l’un, pour son sexe, on donne le pouvoir de dominer, tandis que l’autre devrait se soumettre.

Ce qui se joue là est l’essence même du monde capitaliste : on joue sur des différences pour mieux écraser les uns en glorifiant les autres.

Les mérites n’ont pas grand rôle dans ce jeu de dupes.

Ils permettent seulement de jouer sur les mots et de maintenir un système où les dominants dominent tandis que les « riens » doivent se taire.

Et bosser le plus longtemps possible quand par chance « en traversant la rue », ils rencontrent enfin un travail.


La Femme de février ne fait pas que le travail commandé ou recommandé.

L’Homme de février étant éduqué dans le fil des dominations, il oblige la Femme de février à faire double ou triple journée.

Cette relation est un tue-l’amour.

L’une reproche à l’un ce qu’il est en vertu d’une éducation machiste, l’autre reproche à l’une d’être ce qu’elle est lorsqu’enfin elle se rebiffe.

Domination, domination vous dis-je.


L’Homme et la Femme de février finissent bien souvent seul(e)s à grelotter lorsque leur vie s’est éclatée contre le mur du conformisme.

Le gouffre ouvert par l’esprit du système les broie avec volupté.

Car le système des dominations est aussi celui des négations.

La vie ne vaut rien au regard des porte-feuilles à remplir.


(2 février 2023 — 2 — 15h02)


Xavier Lainé


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