vendredi 20 mai 2022

… Rêve ce qu’il te plaît 9

 






J’ai la mémoire d’Oradour.

J’ai aussi celle de tous ceux qui dans l’histoire ont souffert dans leur chair d’avoir trop rêvé d’un monde meilleur.

Parfois ils en furent les artisans.

Mais trop vite hiérarchies et dominations reprirent le dessus.

Et ils furent immolés, ont du répondre devant des juges de leur bonne foi.

En des procès inéquitables on leur demandait de faire amende honorable, de dénoncer ce qu’ils n’avaient pas fait.

C’est dur de prouver sa bonne foi, c’est pourquoi, selon des principes de droit de plus en plus oubliés, il existe, en pays qui se disent démocratiques, une présomption d’innocence.


Je ne peux détacher ma mémoire de ceux qui ont lutté et payé dans leur corps leur engagement, et des autres.

Ceux qui fuient éperdument.

Ceux qui quittent tout sous les bombes.

Ceux qui fuient la pandémie de misère, bien plus toxique que l’officielle.

Ceux qui trop se soumettent au point de se pendre ou sauter dans le vide.

Ceux-là qui n’ont pas eu la bonne fortune d’avoir l’idée de lutter.

Ils sont morts quand même, si nombreux.

Ils sont morts dans le silence.

Il n’y aura aucun 8 mai pour honorer leur mémoire.

Car le révisionnisme, celui qui nie l’existence même de cette répression aveugle est devenu banal.

Bien sûr, il restera toujours la possibilité de fixer notre attention sur d’hypothétiques jours heureux.

On pourra même se mettre à oeuvrer à leur mise en acte, si possible entre amis.

Dans l’oubli de ceux qui sont restés sur le bord du chemin, toujours le goût en sera amer.


Xavier Lainé


9 mai 2022


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