samedi 14 mai 2022

… Rêve ce qu’il te plaît 3

 





« Pour créer, pour penser, pour vivre, il est nécessaire de rêver le monde, de le recréer en le dépouillant de ses évidences. » Roland Gori, La fabrique des imposteurs, éditions Les Liens qui Libèrent, 2013


Ce qui jaillit en salves de révoltes, c’est ce besoin de créer.

Besoin de créer, toujours comprimé sous le couvercle étanche des conformités.

De la colère passagère à l’occupation des rues, des usines, des universités, il faut bien que ce besoin créatif, immanent chez l’humain, trouve sa voie d’accès à l’air libre.

À défaut, soumis à la pression constante des « obligations », le chemin qui se dessine est bien plus souvent chemin de souffrance et de désir refoulé.

Chemin ponctué de symptômes dont les victimes sont elles-mêmes rendues responsables, mais jamais ceux qui dirigent le monde.

Car c’est bien connu, le prolétaire d’autrefois choisissait de son plein gré de descendre au fond des mines, de risquer sa vie devant les cratères de fonderies.

Que le choix imposé soit toujours entre crever de faim ou opter pour un esclavage déguisé en salariat échappe sans cesse à l’attention.

Le prolétaire est sa propre victime tandis que tous les honneurs vont à son employeur dont l’opulence est sensée montrer quelque chose de la richesse de son monde.

Il y a les invisibles tapis au fond des mines et des ateliers, les « riens » selon la dénomination méprisante d’un président mal élu, et de l’autre ceux qui ont l’accès, qui se pavanent dans les couloirs du pouvoir.

Entre les deux, ceux qui lorgnent du côté des plus forts, convaincus de n’être pas assimilables aux plus faibles.

Erreur de casting, d’aiguillage : ceux-là sont le bras armé des puissants contre les faibles, alors qu’ils devraient se ranger aux côtés des seconds.

Or les plus nombreux sont de ce côté pauvre de la barrière.


Xavier Lainé


3 mai 2022


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