mardi 11 mai 2021

Suivre la route

 





« Se comporter en adversaires les uns des autres est contre nature, et c’est agir en adversaire que de témoigner de l’animosité et de l’aversion. » Marc-Aurèle


Ma route est sinueuse.

Elle va de ci de là, prend d'étrange boucle, ne sait où elle va.

La tienne s'est arrêtée, net, te conduisant d'ici à là-bas en toute injustice.

Mais quelle justice saurais-je attendre ?


Ce furent pluies diluviennes et sur la route mouillée, j'allais titubant.

Nuées d'orage s'amoncelaient : me voici si petit sous les éclairs !

Ce furent pluie diluviennes dispersées sans que vous ne regardiez le ciel.

En l'aurore délicate quelques moineaux s'égosillent par dessus le grand fracas.

Vous roulez, vaquez en vos agitations sans rien entendre des cris de la terre.


Ma route est sinueuse.

Elle suit les pas méditatifs de mes maîtres en philosophie.

Que dire qui suive leur voie ?

Sinon lire entre les mots la profondeur du silence.


Ma route s'en va, loin des bruits répandus et des folles disputes.

Quoi ? toujours il faudrait être pour ou contre, et toujours s'écharper tandis qu'injustices et crimes suivent leur route bien droite, jusque dans les escarcelles déjà pleines des malades de l'économie.

Tandis qu'ici on s'invective, tout va bien pour eux, merci.

Le meurtre se poursuit tout au long de nos frontières, mais vous vaquez en vos agitations.


Ma route peu à peu s'éloigne.

Mes rêves de justice et de paix, chaque jour sont un peu écornés.

Mais qui suis-je à prétendre que les rêves sont plus importants que petites ou grandes économies.

Je disais : "le néo-libéralisme n'est pas seulement une économie, c'est une conception de l'homme, recroquevillé sur lui même et convaincu de devoir s'en sortir par lui-même et sans souci d'écraser les autres."

Je disais, mais que valent nos paroles prononcées dans un monde sans ?


Ma route va où elle peut.

Elle n'a rien à voir avec.

Ou au contraire à voir avec tout, avec chaque partie, chaque soupir, chaque plainte, chaque douleur ou larme.

Mes mains s'épuisent à montrer où se trouve le ciel, à maintenir vies à la surface respirable.

Je suis là, las parfois.


Xavier Lainé


12 mai 2021


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