vendredi 14 mai 2021

Le désert ou la vie

 




« Le monde est fait de réseaux de baisers, pas de pierres. » Carlo Rovelli, L’ordre du temps, éditions Flammarion Champs/Sciences, 2019


Mais alors, si le monde est fait de baisers et non de pierres, pourquoi est-il si dur, si âpre, dit l’enfant.

C’est que nos peurs nous durcissent et nous font renoncer à la tendresse.

Peur de ce qui apparaît lorsqu’enfin libérés de cette carapace, nous nous laissons aller au flot de nos sentiments.

Mais, ne pas confondre sentiments et sentimentalisme.

Le sentiment est ce qui nous vient hors calcul, hors normes, cet élan dans nos profondeurs qui cherche toujours une issue mais que nos pères nous ont appris à corseter.

Voilà l’origine des pierres.

Un jour, à ne plus nous toucher, nous étreindre et nous embrasser, nous serons sur une planète desséchée.

Nos larmes roulerons puis s’évaporeront en faibles brumes.


Mais alors, qu’est-ce qui nous rend si aveugles à nos propres soupirs ?

Le calcul, mon enfant, le calcul, cette volonté farouche de dominer le présent et l’avenir, surtout.

Donc de tout régenter par des probabilités, des algorithmes, des prévisions, cette volonté de résoudre tous les problèmes sous la dictature de notre raison.

Non qu’il n’en faille pas un peu, de raison, mon enfant, mais il faut savoir trouver ce fragile équilibre entre les nécessités et les rêves.

Le calcul nous fait de pierre quand dans nos rêves d’innombrables baisers se déposent, qui nous font vivants.

La peur de l’impermanence sans doute, nous corrompt.

La peur nous corrompt est se fait système dans lequel la vie elle-même s’ankylose.


Xavier Lainé


15 mai 2021


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