vendredi 21 mai 2021

Rompre le silence

 






Ce que je dis n’est pas grand chose.

Juste un p’tit coup de mot dans le silence glacé.

Je dis qu’on meurt à Gaza comme ailleurs.

À Gaza plus qu’ailleurs.


Ce que je dis n’est pas grand chose.

Une maigre tentative d’en finir avec l’impuissance.

Un coup de mot dans l’eau qui fasse autre chose que des ronds.

Autre chose que de l’indifférence.


Je dis qu’on y meurt, à Gaza.

Comme je dis qu’on meurt aussi pas loin, en Syrie.

Comme on meurt en Afrique ou en Colombie.

Je n’ai pas assez de mots, pas assez d’attention.

Pas assez d’esprit pour dresser la longue liste.


Je dis qu’on meurt chaque jour en Méditerranée.

Mais aussi en Atlantique et où encore ?

On meurt sous les coups, sous les matraques, sous les roquettes.

On est déjà mort sur les terrasses de l’absurde.

Je dis par impossibilité de me taire.


Ceux qui tuent ont le pouvoir de tuer.

Ils en usent et en abusent.

Ils sont au pouvoir, laissant leur habit d’humanité dehors.

S’ils y sont, c’est quand même bien que quelqu’un les y a placés !

C’est quand qu’on déboulonne les statues ?


Je ne dis pas grand chose. Je n’ai pas grand chose à dire.

Juste faire entendre, entre deux mots, le cri d’un enfant qu’on tue.


Xavier Lainé


22 mai 2021


1 commentaire: