samedi 18 avril 2020

Jour 29 : des confins monte un archipel de poésie


Que poésie tourne donc et voyage loin en dehors de nos confins !

Etrange voyage qui me réveille au bord des souvenirs.
J’hésite un instant puis je prends la tangente.
Des pensées premières jaillies aux marges de l’aurore, il ne reste rien.
Elles s’en vont procrastiner jusqu’au moment propice où les rêves se feront mots.

Pour une fois ma page avait failli demeurer au sec.
Mais voilà qu’une pluie de mots en abreuve l’humus et que je ne peux rester de marbre lorsque la beauté s’échange à l’ombre des confins.
C’est en effet étrange expérience que celle-ci.
Seuls les mots s’en évadent, prennent un grand bol d’air et se mettent en route !

Nous voici contraints à la lenteur de compter les heures.
Devant cette relativité du temps, les mots se font balises d’un chemin dont nous ignorons le terme.
Aux chaines imposées nous opposons celles d’un vocabulaire qui ne sache faire discours mais plonger à l’essentiel du vivre.

Que poésie poursuive donc sa route !
Qu’elle se jette par dessus les parapets d’un temps d’archipels qui cherchent encore leurs voies de communication.
Ecrire, écrire encore comme ponts et bandes de terre joignant l’improbable avenir.
Nous ne savons rien de ce qui saurait advenir.
Nous n’avons que mots en la lumière de la page à déposer comme balises d’un chemin inédit.

J’écris :

Nos mots se jettent par les fenêtres du printemps.
Ils s’affranchissent des balises et des barreaux.
Sur les ailes du vent ils volent ici et là
Se posent où ils veulent au hasard de nos confins.

C’est moment étrange
Que de n’exister qu’en cet élan
Cette maigre empreinte au papier de l’espoir

C’est moment étrange
Qui par dessus les nuées
Ouvre d’autres perspectives
À nos ivresses
Nos pas hésitants
Sur le seuil où liberté attend
Un signe de la main et de la plume

Sauriez-vous entendre ce chant qui monte, hymne diffus, inaudible aux oreilles prisonnières de leurs certitudes ?
Sauriez-vous enfin déchiffrer le rébus du coeur, celui des résistances infimes posées à l’aube des jours heureux ?
Tant y laissent leur vie qu’ils ont besoin de ce réconfort !
Il n’est que poésie pour construire l’épopée des volcans, des îles jaillies de nulle part, des masques mis puis tombés, des larmes coulant au bord des paupières amicales.

J’écris :

C’est bien étrange moment
Qui nous fait marcher dans nos têtes
Bien au-delà des limites autorisées

Mots qui mettent un pied devant l’autre
S’envolent par les fenêtres des confins
Butinent à fleur d’âmes dans les prairies du printemps

C’est bien étrange moment
Qui se prolonge de quinze en quinze
Jusqu’à dépasser la somme prescrite

Nous voici explorant les miracles du silence
Déposant nos masques juste avant que nuit nous emporte

Les jeunes pousses se fraient doux chemin
Au terreau de poèmes qui circulent en liberté
Sans même une dérogation sous la plume

Quelque chose d’inédit se produit
Qui chuchote sur les ailes du vent
Que désormais rien ne pourra plus
Jamais être dans la norme
Puisqu’elle est à la source du problème

Parfois les journées démarrent sous l’oeil du poème.
Il déborde de partout, se fait message, bouteille à la mer, arpenteur d’archipels, sautant d’île en île.
Il ne te laisse jamais silencieux.
Il galope à un train infernal entre tes deux oreilles.
Il cherche la sortie, cogne aux parois du crâne à t’en déchirer la substance gélatineuse de son contenu.
De cet espace confiné qui est le tien, il te faut te poser sur des ailes de mots pour te libérer de toutes pesanteurs.
De toutes contraintes lâcher les amarres. 
Ne pas accepter, entrer dans tes refus, mesurer tes impuissances.
Qu’est-ce qui relève en la circonstance de la raison, ou d’une volonté sournoise de t’obliger à fermer les portes sur toi-même, sur les tiens, sur toi-mêmes emmuré avec les tiens au risque d’en détester la compagnie, d’en vomir la présence ?


Xavier Lainé

13 avril 2020 (1)

1 commentaire:

  1. Il y aurait trop à dire, je n'en pas ce pouvoir tu le sais, c'est pour cela que j'utilise des personnages et émoticônes

    RépondreSupprimer