mercredi 8 avril 2020

Jour 22 : questions marginales



Comment dire la colère qui ne peut éclater, puisque nous sommes enfermés  ?
Comment dire la lassitude, de ces informations qui ne tournent qu’autour de ce si joli petit virus, délaissant toutes autres nouvelles ?

Il n’y a plus de mots.
Tandis que Total, Peugeot et consort distribuent leurs dividendes massifs.
Tandis qu’en sinistères on envisage cagnottes pour subvenir aux besoins d’hôpitaux à l’agonie.
Tandis que soins de ville suspendus peuvent déjà annoncer catastrophe humaine à la sortie.
Que savons-nous vraiment ?

Nous savons le mensonge d’Etat comme ultime moyen de gouvernance.
Nous savons qu’ailleurs, à problème égal, solutions autres, avec succès supérieur.
Nous en savons beaucoup plus que ce qui est dit.

Mais il ne disent rien.
Ils psalmodient avec mines compassées, la longue cohorte des morts.
De quels morts parlent-ils ?
Que cachent ces visages composés et cette agitation verbale sans aucune traduction dans les faits ?

Voici Jupiter heureusement parvenu en sa villégiature royale.
Ceux qui avaient l’envie d’en faire de même eurent droit à leur amende majorée.
Il y a les riens et il y a lui, le monarque tout puissant, d’autant plus que nous nous sommes laissés berner.
Nous découvrirons demain le lot de supercheries derrière l’angoissante mise en scène.

Rien ne tient debout.
Le mensonge en règle de gouvernement nous mène à notre ruine.
Il aurait fallu descendre le prétentieux de son trône beaucoup plus tôt.
Voire même aurait-il fallu ne pas lui permettre d’y accéder.
Rien de pire qu’un jeune coq inculte pour mener République à son apocalypse.
Il semble que, pour lui et sa horde, ce si joli petit virus soit une formidable aubaine.

Sans minimiser le danger potentiel, du moins pour les gens fragiles, on peut se poser des questions.
Sans verser dans les sombres théories de complot, on peut s’interroger.

Des décisions sont prises, mais sans qu’informations soient données qui permettent d’en comprendre le bien-fondé.
Pour être acceptable, il faudrait, nous dit Cynthia Fleury, « tabler sur la transparence de l’information publique. En démocratie, ce principe est non seulement un droit mais aussi une valeur. Nos peurs se renforcent quand l’information manque. Inversement, la maturité des comportements individuels procède du savoir. L’ignorance ne préserve pas de l’hystérie. »
Elle est membre du Conseil consultatif national d’éthique. Comment expliquer que ses propos soient visiblement si peu entendus ?

Il semble qu’un peuple désormais soit abandonné.
Qu’un grand nombre se trouve sans ressources.
Que les réponses apportées ne soient que poudre aux yeux et surtout sans application immédiate qui sache palier aux angoisses du lendemain.
A ne jamais répondre, le sentiment  d’isolement ne peut que mener à des troubles majeurs.
Pas étonnant que commencent à surgir quelques éléments de violence.


Xavier Lainé

6 avril 2020

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