samedi 2 novembre 2024

Temps étranges 6

 





Même le ciel se met à pleurer


Ne me demandez pas ce que j’en pense

Mais quand un fragment de l’humanité

S’est affranchie de sa nature

Pour spolier et assassiner un autre

Que voulez-vous que j’en pense


Sinon dire comme le ciel gris

Et pleurer


Certains me diront qu’à ne rien dire

Ce serait cautionner les uns ou les autres

Alors qu’un crime est un crime

Un enfant qui meurt n’est d’aucune communauté


Nous en sommes là de l’horreur

Qui s’ajoute à la tragédie

De vivre devant ce spectacle terrible

Des humains comme toi

Des humains comme moi

Qui ne demandaient qu’à vivre

Meurent sous les décombres


Nul ne saurait crier victoire

Le crime perpétré ne signe que nos défaites


Même le ciel se met à pleurer

Seul dans la brume mon pas se fait lourd

L’insupportable est là sous nos yeux


*


Tu te noies

Tu te noies

Dans un flot de pages et de mot

Qu’en des temps anciens

Bonne fortune te permit d’accumuler


Tu te noies

Tu demeures rêveurs 

Au milieu de ces montagnes de mots

De pensées éparses et parfois contradictoires

Qui jamais n’abreuvent ta soif

De connaissances qui toujours t’échappent


Il te faudrait reprendre vie à son début

Recommencer ton histoire

Pour suivre d’autres chemins

Où tu apprendrais la méthode

Pour ne pas errer dans cette dispersion


Tant de choses intéressantes

Tant de sentiers à suivre

Qui vont divergents

Puis convergent à nouveau

Les uns entrant en résonance avec les autres


Tu te noies

Tu avances sans rien voir

Le bruit du monde te parvient

Un peu assourdi par tes murs de livres

Tu termines le jour dans cette ivresse



Xavier Lainé

6 octobre 2024


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire