Tu écris
C’est comme conjurer le sort
Qui te condamne au silence
En pays déjà mort
Tu écris
Tu t’assourdis de mots
Pour tenter d’oublier
Le fracas d’un monde qui explose
Ne sachant plus compter ses victimes
Tu écris
Pour tenter d’endiguer ton inquiétude
Entre amour et désir
Tu ne sais rien de la vie
Alors l’amour se meurt
Faute de trouver les mots
Capables de l’entretenir
Tu écris pourtant
Tes mots sont de flamme
Tu allumes un feu pour réchauffer ton coeur
Que plus aucun autre ne vient bercer
Dans un infinie tendresse
Tu écris donc
Pour conjurer ce que certains nomment vieillesse
Qui n’est que chemin devenu trop étroit pour marcher du même pas
Que celle qui autrefois accompagnais les tiens
Quand elle savait encore marcher
Et te sourire au grand soleil des cimes
*
Arrivé à ce niveau d’abandon
Tu ne sais de quoi serait faite ta destinée
Tu ne trouves pas le temps de vieillir
Pas le temps d’imaginer
Ce que les humains du commun
Nomment vieillesse
Juste tu entends leurs plaintes
Il semble que ce soit douloureux
Qu’être vieux relève de la pathologie
Tu ne sais pas
Tu en ignores les symptômes
Et puis tu rêves
Tu rêves de mains amoureuses
Qui viendraient alléger tes peines
Or à ce qu’il semble
Justement vieux ne rime pas avec tendresse
Pourtant
Pourtant tu as soif
Au crépuscule pluvieux
Tu restes avec celle-ci
Tu fermes les yeux
Des amours impossibles te rejoignent
Pour des sarabandes nocturnes
D’éternelle jeunesse
Xavier Lainé
12 octobre 2024
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