dimanche 10 novembre 2024

Temps étranges 14

 





Tu fermes tes yeux

Une infinie douceur entre à pas feutrés

Vite interrompue

Vite interrompue


Tu en connais deux 

Tombés au champ d’horreur

Pour avoir défendu la soif de connaissance

Non celle de reconnaissance


Ils sont tombés sous les coups

D’humains lavés plus blanc que blanc

À la lessive de l’ignorance


Tu fermes les yeux

Une infinie douceur entre à pas feutrés

Vite interrompue

Vite interrompue


Tu en connais tant

Tombés sous les mauvais coups

De dictatures dressées 

Pour protéger les richesses particulières

De quelques-uns érigés en « élites »

Qui n’en sont que la lie


Tu fermes les yeux

Une infinie douceur vient à ta rencontre

Tu voudrais que ça dure

Que ça se partage

Par-delà les barbelés

Par-delà les croyances


Dites-moi

Dites-moi que ce n’est pas

Qu’un rêve de poète en mal d’amour

En mal de tendresse

Pleurant devant l’état du monde

Livré aux appétits de grossiers personnages

Ignorants tout du beau mot d’humanité


Dites-moi

Dites-moi qu’ensemble

Nous pourrions enfin mettre un terme

Aux infinies tueries à deux pas de nos portes

Quand parfois elles n’en franchissent pas le seuil


J’ai fait un rêve

Nous sommes au fond si nombreux à le faire

Si nombreux à espérer

Il semble que ce ne soit plus suffisant

Espérer

Que désormais si nous ne changeons pas

Les règles et les principes 

D’un monde qu’on nous fait croire immuable

Alors c’est que nous devenons malgré nous

Les complices des crimes perpétrés

Contre notre humanité commune



Xavier Lainé

14 octobre 2024


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