vendredi 2 avril 2021

Rouge misère 5 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 3)

 




Car, voyez-vous, ce n’est pas parce que nous sommes du peuple que nous sommes ignares.

Il y a une curiosité intrinsèque à notre condition de soumission.

Soumis, certes, mais non dépourvus de sens de l’analyse.

La faim peut-être moteur de nos révoltes, de nos débordements généreux.

Généreux, oui, toujours. 

Car au fond la quête qui est notre depuis si longtemps est celle de cette valeur indéfinissable : la liberté.

Liberté de vivre comme bon nous semble.

Liberté de côtoyer qui nous voulons.

Liberté, liberté, liberté que les puisants qu’ils soient féodaux, aristocrates, libéraux anciens ou néo ne savent que limiter pour mieux asseoir leur pouvoir.

Ils frémissent depuis toujours lorsque, remontant les chemins creux de la soumission vers leurs palais, nos pas soudains grondent au ciel de leurs mauvaises consciences.

Mes nuits suivent leurs pas, de jacqueries en tentatives vaines de révolutions.

Le grand mot : révolution, celui qui porte en lui-même à la fois le changement d’ère et le retour presque inéluctable à notre point de départ.

Pas tout à fait, tout de même, c’est un mot en spirale.

Ce qui en sous-tend la trajectoire, c’est notre évolution vers quelque chose dont nos rêves entrevoient le sublime.

Sublime serait notre monde idéal, une fois jetées nos chaînes aux orties de l’histoire.

L’histoire, oui,  sans grand H.

Celle que nous construisons, entre deux révoltes, dans nos ruses visant à notre survie sous les jougs imposés, inventés de mains de maîtres.

Ainsi l’un partit de la Creuse pour s’enrôler dans l’armée de la nation et l’autre de Cracovie fuyant la répression. 

Mais il me faut d’abord revenir en ces temps d’ébullition révolutionnaire.


Xavier Lainé


5 mars 2021


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