vendredi 16 avril 2021

Rouge misère 19 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 3)

 




Je vous accompagne, Louise, Charles, Jules et tous les autres.

Mes pas emboitent les vôtres à jamais.

Votre souffle est celui qui m’anime et justifie encore ma vie.

C’est votre flambeau que je reprends à chaque instant.

Non pour bâtir discours creux de commémoration, mais comme ligne à suivre qui pose mes résistances à ce monde perdu.

Il ne s’agit plus simplement d’avoir des idées, il s’agit de les mettre en pratique, chaque jour, sans attendre je ne sais quel grand soir.

Car vous n’avez pas attendu un quelconque « mot d’ordre » pour vous mettre en mouvement, et lancer votre commune libre, votre république sociale et démocratique.

Le sang qui a noyé vos rêves, nous ne devons jamais le laisser sécher. 

Nos révoltes, depuis la vôtre prennent bien timides figures.

Car lorsque nous manifestons, c’est encore en demandant à nos maîtres de répondre à nos attentes.

Nous n’avons rien compris à votre ardent message : il n’est ni dieu, ni maître qui puisse construire le monde qui nous ressemble à notre place.

Chaque jour, en ouvrant ma porte, je ne lutte pas contre ce monde qui vous jeta dans les fosses communes, j’invite à apprendre, à multiplier les connaissances qui rendent chacun capable de devenir le maître d’oeuvre de sa propre existence.

Et ce n’est pas cultiver un individualisme à la façon des bourgeois triomphant depuis votre mise en bière, c’est une invitation à découvrir notre lien intime entre nous, avec les êtres qui nous accompagnent dans nos maisons, dans nos jardins, dans la nature.

Vous fûtes les précurseurs du monde qu’il nous reste à construire de toute urgence.

C’est cette réalité, bien trop souvent noyée dans le sang sur les barricades ou dans les tranchées ou les camps, que les possédants cherchent à planquer derrière l’individualisme exacerbé et le culte de la réussite individuelle.


Xavier Lainé


20 mars 2021


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