mardi 27 avril 2021

Rouge misère 30 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 3)

 




Au 31 du mois, je rentre chez moi.

J’ai fait trois petits tours avec mon drapeau et puis je suis revenu.

Je suis revenu à mon point de départ.

C’est ce qu’en physique on nomme une « révolution ».

Trois petits tours et puis s’en vont.

Et puis s’en vont les forces vives dans un bain de sang si elles persistent.

Les doigts pointés en l’air et la règle qui tape.

Ce fut, un temps, une forme de pédagogie.

De la soumission, certes, mais une pédagogie.

On ne tape plus sur les doigts, on dirige et on contrôle.

La situation est sous contrôle disent les flics.

Nous contrôlons la situation affirme Thiers depuis Versaille.

Le sang coule sur les berges de la seine où s’évanouissent nos amours.

Le sang coule dans les déserts où l’empreinte de mon enfance s’efface.

Le sang coule devant vos yeux, sur vos écrans plats.

Plats comme nos cerveaux une fois retiré le peu d’humanité que nous avions acquise.

Car c’est une conquête que de vivre en humain, cette chose résolument indéfinissable.

Parfois, il en faut de l’humanité et elle se trouve rarement dans les couloirs du pouvoir.

De ce côté là, sans un regard de compassion, on tape sur les doigts récalcitrants, on sidère les esprits encore éveillés, ou, si trop d’insistance à contester, on décide, de la galerie des glaces, royalement, divinement et avec la bénédiction du goupillon, de tirer dans le tas.

Les foudres de Jupiter (ou de Zeus, mais évoquer la Grèce est mal venu quand celle-ci est mise à genoux).

Regardez, regardez bien à quoi s’attaquent nos capitalistes qui n’aiment pas qu’on les nomme : Irak, berceau de l’écriture, Grèce, berceau de la philosophie et de l’art occidental.


Xavier Lainé


31 mars 2021 (1)


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