Tant d’histoires qu’on raconte
Qui se font culte et parfois dogmes
Mais qui restent des histoires
Pour occuper les esprits
En mal de vivre
Il faudrait pouvoir ne rien croire
Juste poser les jalons printaniers
D’une vie follement arrosée
D’un espoir à créer
Je pourrais moi aussi
Écrire de vaines blagues
Qui vous feraient sourire
À défaut d’en rire
Il ne resterait qu’à attendre
Que vienne d’un au-delà de ce monde
Une résurrection des morts
Qui serait sélective
Les plus pauvres d’abord
Les pauvres cons de morts pour rien
Disait le berger des mots
Mais dans ce sens là ça ne marche pas
Car certains meurent plus que d’autres
Certains ont la mort qui pèse plus que d’autres
On a la mort sélective le premier avril
Mais pas seulement
*
Ce n’est pas une blague
Quelque part nous n’avons pas su
Dire cette confiscation néo-libérale
Dénoncer cet ordre construit
Sur le meurtre et la torture
Ils n’ont cessé de vous dire
Que nos pensées étaient mauvaises
Qu’en détruisant leur domination
Nous détruirions aussi nos petites vies
Nos vies minuscules au regard des fortunes
Qu’ils étaient décidé à engranger et défendre
Nous n’avons pas su depuis ce demi-siècle
Montrer que nos idées sont irréductibles
Car elles n’ont pas la rigidité des monolithes
Elles ne sont pas gravées dans le marbre des dogmes
Tandis que parmi nous les fauteurs de désespoir
Signaient trop souvent pacte avec le diable
Sous la contrainte qu’ils disaient
Mais c’est qu’ils avaient peur eux-mêmes
Les fossoyeurs de pensées généreuses
Ils avaient peur pour eux-mêmes
Que vous soyez noyés dans cet enfer
Réduits à n’être que les suppôts du commerce
Dont les fossoyeurs de toutes démocraties
Tiraient profits et dividendes
Nous n’avons pas su maintenir
Du fond du gouffre où ils nous ont plongés
Coupant les doigts de Jara
Assassinant Pablo Neruda
La parole d’espoir qui était la nôtre
Qui n’était pas celle d’un bloc dogmatique
Condamnant aux goulags les révolutionnaires
Qui espéraient en des idées communes
Construire un autre monde
Celui dont vous héritez est la suite logique
D’une tragédie dont les propriétaires de la presse
Font tout pour effacer la mémoire
Vous voici vous cognant aux murs trop étroits
De leur monde ensanglanté
Qui ne cesse de s’étendre en ruines et misères
C’est que nous avons vu surgir
Cette bête immonde détournant l’idée même de liberté
Pour la réduire à celle de consommer toujours plus
Tandis qu’ils réduisent la terre elle-même
À devenir potentiellement notre tombeau
Et nous avons laissé par naïveté malsaine
Le pouvoir à des trompes-l’oeil
Des fac-similés des avatars sans pensée
Détournant nos idées généreuses
Pour mieux les mettre à genoux
Les corrompre et les retourner comme gants
Au service de leurs maîtres
Ce n’est pas une blague
Nous devons relever le gant des espérances refoulées
Trop longtemps enfouies et murées
Sous la pression des dogmes assassins
Formés dans les écoles du fascisme néo-libéral
Xavier Lainé
1er avril 2024
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire