Il faut avoir souffert pour comprendre
Il faut souffrir pour se mettre à la place
Il faut
Non
Il ne faut pas
Mais
Si le monde devient lourd
Si la souffrance des autres si pesante
Et les conditions pour aider si difficile
Te voilà dans le même bain que les autres
Te voilà plongé jusqu’au cou
Dans la folie pathogène
Tu t’entends dire
Dans un monde malade
Il est presque normal de l’être
Tu t’entends
Tu appliques à toi-même les consignes
Mais comment vivre hors
Tu n’as pas la réponse
*
À Monique et Jacques Gastinel
Jacques est parti en premier laissant dans son atelier des centaines de tableaux.
Voici que Monique, elle-même peintre, l’a rejoint sur la pointe des pieds, s’endormant pour ne plus se réveiller.
Ils étaient tous deux une référence.
L’art pur, celui qui n’existe que pour transmettre un message.
Transmettre aussi la manière et la technique pour faire art.
L’art de s’effacer derrière l’oeuvre.
L’oeuvre laissée derrière eux comme témoignage des tragédies d’une époque.
L’artiste qui n’est pas témoin est voué à ne plus rien dire.
L’artiste adoubé par un système de pensée unique, s’efface dans le temps, emporté par les vagues tragiques.
Monique et Jacques étaient d’une autre espèce.
Une espèce rare qui porte un regard aigu sur l’époque.
À leur manière et avec art, ils savaient en être témoins et transmettre parfois l’angoisse et la colère.
Ils se sont tus et leurs oeuvres restent là, dans leur atelier commun.
Parfois lorsque les artistes s’éteignent, il ne nous reste que les larmes et le silence.
Xavier Lainé
26 février 2024
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