Il faut reconnaître aux hommes le droit à l’égarement
Ce qui n’est pas absolution de leurs crimes
Mais droit à réparation
Il faut nous reconnaître ce droit d’égarement
Qui parfois nous trompe et nous pousse à trahir
Ce que hier nous défendions au nom des droits humains
Sinon à quoi bon abolir la peine capitale
Si nul droit à rédemption ne serait reconnu
Nous irions ainsi
Commettant crimes et délits
Avec pour seule certitude la punition la plus sévère
Je dis ceci après avoir lu chez Joseph Kessel
La possibilité de l’aveuglement
Car une fois close l’abomination des camps
Une fois vécue la résistance
Les atrocités de la seconde guerre mondiale
Le voici reparti en Palestine
Aux côtés des soldats d’un Etat balbutiant
Qui engageait sa guerre de colonisation
Sans un regard pour ceux qui étaient là
Que les juifs côtoyaient jusque là
Cette nouvelle abomination hésitait
Le XXème siècle en aura jeté les bases
On peut toujours comprendre
Mais pas excuser
Car les camps d’extermination n’excusent pas
D’en reproduire l’esprit
Quelque soit l’ostracisme il est ferment d’inhumanité
On peut comprendre
Reconnaître le droit à l’égarement
Celui à l’erreur conduisant au crime
Celui d’une rédemption toujours possible
De l’homme criminel reconnaissant ses crimes
Et travaillant sur lui-même
La force de s’en guérir
Ce qui n’excuse rien
Juste permet de grandir dans notre humanité
Ce qui ne cautérise pas les plaies ouvertes par le crime
Juste d’y déposer un baume d’humanité
Juste pour éloigner le spectre des vengeances infinies
Qui ne font que semer deuil et larmes
Au coeur des humains perdus
*
Car au fond c’est ce qui anime la grandeur humaine
Cette capacité à comprendre et à inviter à ne pas rendre
Coup pour coup
Oeil pour oeil
Dent pour dent
Encore moins à répondre par crime plus atroce
Au crime abject
C’est tout le sens de l’abolition de la peine de mort
Xavier Lainé
11 février 2024
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire