vendredi 17 mars 2023

Homme (ou femme) mais humains (peut-être) 26

 



XL - Enigmatiques assises 1




Parfois on rêve, n’est-ce pas ?

Sans doute une réminiscence d’enfance, de cette tendresse (que tous n’ont pas la chance d’avoir vécue) qu’une mère sait donner sans compter.

Un besoin immodéré, immodérable, de se laisser aller, juste pour le plaisir de la douceur.

On rêve et on ne sait pas quoi faire de son rêve.

Alors on tourne autour, sans qu’il trouve la moindre porte de sortie.

Un vague à l’âme vous saisit par le bout du coeur et ne vous lâche plus.

On s’ébroue, on se secoue, on aimerait dire, mais nul n’est en mesure d’entendre.

Il faut vivre à la dure en monde qui ne tolère pas la sensibilité.

En monde qui n’invite qu’à se tuer au travail pour gagner, mais gagner quoi ?

Que feront-ils, à leur dernière heure, de leur fortune, ceux qui en ont amassé plus que nécessaire ?

Ils n’auront vécu que dans ce leurre de la « bonne » fortune, riches sur une Terre devenue morte d’avoir été exploitée jusqu’à l’os.

Ils nous aiment comme ça : exploités jusqu’à l’os.

Puis ils jettent l’os et s’en vont (contents ?).


L’Homme de février est comme ça, il est comme ça pas seulement en février, d’ailleurs.

Il est comme ça tout le temps.

Il rêve.

Il est incorrigible rêveur.

Il voit la Terre comme un havre de paix, de douceur, de tendresse, d’amour sans limite ni brides liées à des conventions hypocrites.

Il voit.

Et se désole de se sentir si seul à voir.

Même s’il sait que bien d’autres voient qui murent leurs larmes et leurs soupirs derrière une carapace qui fait mal.


L’Homme de février aimerait rompre toutes ces cuirasses qui cachent si mal les blessures infligées.


(26 février 2023 —1 — 10h37)


*


L’Homme de février chevauchait la neige tardive.

Il s’envolait au coeur des nuées, histoire de recueillir les larmes solitaires.

D’un souffle il leur donnait la légèreté des flocons.

Il posait un pansement de givre sur les coeurs en peine.

Ouvrait grand ses bras d’hiver pour accueillir les corps meurtris.

On vit tellement blessé en Terre dont l’humanité fond comme neige au soleil.

On vit si seul dans un monde qui prétend communiquer mais qui n’entend rien à nos soifs de tendresse !

On vit côte à côte, on se croise, on se rencontre si peu et avec si peu d’attention !


Alors, l’Homme de février ouvre ses bras comme un port de tendresse.

L’âme en peine s’y dépose et s’endort.

L’Homme de février n’ose plus bouger.


(26 février 2023 — 2 — 21h21)


Xavier Lainé


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