samedi 11 mars 2023

Homme (ou femme) mais humains (peut-être) 20

 



XL - Enigmatiques assises 1



L’Homme de février y revient sans cesse, à cette propension à se mettre en avant de ses contemporains.

Chacun y va de sa vérité qu’il croit définitive.

Chacun se montre et se vante (mais sans se vanter, hein !).

Chacun est fier de lui (ou d’elle), chacun montre ce qu’il sait faire (y compris l’Homme de février d’ailleurs).


Car il ne peut en être autrement.

À moins…


À moins de revenir à une écriture cachée, digne des tiroirs et des cartons d’archive.

L’Homme de février se pose sans cesse la question : à quoi bon toutes ces pages ?

À quoi bon mettre en avant ce qui ne relève de rien, sinon du vide.

À quoi bon ce qui se perd sur une toile qui n’est que juxtaposition d’individus sans relations.

Sinon cette manière de se montrer.

De se prévaloir d’un ego supérieur aux autres.

Tandis qu’on crève là, juste à côté, l’Homme de février écrit, bien au chaud dans son antre.


Pourrait-il en être autrement ?

Quelle page saurait entrer dans l’oeuvre commune, celle qui ne lui appartiendrait plus.

Celle qu’il aurait écrit sans le savoir mais qui se suffirait à elle-même pour entrer dans le bien commun.


L’Homme de février rêve de s’effacer derrière ces mots qui ne sont pas les siens.

Ces mots qui ne font que le traverser pour se déverser sur la page.


L’Homme de février boue d’une vive colère intérieure à se voir faire comme tant d’autres : apposer sa signature en bas de page.

Mais de quel droit sinon celui où nous sommes parvenus de n’être plus que des loups solitaires ?


(20 février 2023 — 1 — 7h24)


*


L’Homme de février demeure coi et catastrophé.

Tant d’humains en souffrance sous le joug d’une poignée dominante.

Tant qui finissent par se replier sur eux-mêmes à défaut de trouver havre compatissant.


Qu’est l’humain seul face à sa destinée ?

Bien sûr il a cette capacité à plonger en lui-même.

Il sait boire à la source de son corps et de son esprit pour entrer en « résilience » (mais le mot finit par être galvaudé).

Or, l’humain seul ne serait rien, ne serait jamais arrivé où il en est, sans l’appui et le soutien des autres.


Tout est contenu dans une main qui se pose avec bonté.

Tout est contenu dans deux corps qui se mettent à l’unisson dans un soupir d’aise.

Tout est contenu dans les battements harmonisés de deux coeurs qui se rencontrent.


À défaut, notre humanité se perd et se dilue dans un magma d’individualités assoiffées.


L’Homme de février regarde le monde comme il ne va pas.

Ce qui le heurte c’est le repli sur soi, comme si le loup solitaire pouvait encore survivre loin de sa meute.

Même les loups ne se conçoivent pas sans commun.

Qu’en sera-t-il de notre cause humaine commune, une fois achevé son morcellement entre ego qui ne tournent qu’autour d’eux-mêmes ?


(20 février 2023 — 2 — 8h48)


Xavier Lainé


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