lundi 24 janvier 2022

Saisir la perche - Donner le bâton - Perdu/éperdu

 







J’observe, depuis ma tour de guet, en quels désespoirs voguent mes semblables.

On vous a tellement dit et répété que vous ne pouviez rien y faire, que vous ne saviez pas.


Saisir la perche tendue ou donner le bâton pour se faire battre ?


Je ne sais plus.

J’ai du mal à retrouver le chemin de mes mots.

Je reste là, terré dans l’ombre de mon antre de livres et de papiers.

Je tente de saisir encore un peu d’air, en ouvrant ma fenêtre sur la nuit qui se termine.

J’ai du mal à respirer encore, depuis ce discours indigne, je tourne en rond.

Les preuves que les fauves sont lâchés dans l’arène s’accumulent.

Le discours de l’emmerdeur en chef ont libérés les dernières attaches qui auraient pu endiguer le noir.

Ceux qui avaient voté pour lui en croyant se prémunir du pire en sont pour leur frustration.

Mais qui dit frustration dit aussi bouillonnement interne et parfois éruption intempestive de mots irréparables.


Alors je me suis tu.

J’ai tenté de me taire plutôt que parler dans un désert.

J’ai laissé les pages blanches.

Plus un mot ne venait, ou alors tellement hésitants qu’ils brillaient par leur insignifiance.

Et tous les jours, pour recevoir encore mes patients, je faisais bonne figure.

Je faisais comme beaucoup qui courbent l’échine, font comme si de rien n’était alors que désormais nous voici devant un chaos innommable.

Les pires pensées sont sorties au grand jour.


Faut-il encore les énumérer ?


« Il serait bon de conseiller systématiquement à toute personne adulte refusant de se faire vacciner de rédiger des directives anticipées pour dire si elle souhaite ou non être réanimée en cas de forme grave de Covid. Une personne revendiquant le libre choix de ne pas se faire vacciner ne devrait-elle pas assumer en cohérence son libre choix de ne pas se faire réanimer? » (Professeur Grimaldi - JDD, 1er janvier 2022)


Certains n’y vont pas par quatre chemins en appelant « à affamer » les récalcitrants à la vaccination…


Et puis non, je ne ferai pas la liste exhaustive de ces aberrations de langage qui trahissent la cruelle indigence de la pensée.

Mais, cherchant à comprendre ce que je devrais faire si quelqu’un parmi mes patients avait la bonne idée de me contaminer, je tombe sur la foire aux questions concernant le Coronavirus, sur le site officiel de l’Ordre National des Kinésithérapeutes, et j’y découvre cette perle :


« Puis-je refuser l’accès de mon cabinet libéral à un patient non vacciné  ?

La loi n° 2021-1040 du 5 août 2021 relative à la gestion de la crise sanitaire ne prévoit pas de subordonner l’accès des patients aux cabinets libéraux à la vaccination contre le Covid. Vous ne pouvez donc refuser l’accès de votre cabinet à un patient au motif qu’il ne serait pas vacciné. Un tel refus de votre part pouvant constituer un refus de soins discriminatoire, votre patient pourrait alors saisir le directeur de l’organisme local d’assurance maladie ou votre CDO d’inscription d’une plainte à votre encontre, en application de l’article R. 1110-11 du code de la santé publique. »


Je croyais que nous avions touché le fond, mais non, il y avait encore de la vase et les loups sont bel et bien entrés dans Paris.

Jusqu’où irons-nous dans cette indigence de la pensée, dans cette obéissance aveugle, dans cette incapacité des soignants à regarder un peu plus haut ?


Puis voilà que me parvient d’autres débats, d’autres ébats, où les uns cognent sur les autres, justifiant l’injustifiable malgré eux, sans doute malgré eux.

Il n’est pas faire état de ses cas de conscience face à une politique qui met de côté de plus en plus de nos libertés les plus essentielles. Dès le doute insinué, le ton monte (de quelle peur viscérale est-il donc le symptôme ?).


Je cite :


« Je comprends la souffrance des gens ignorants et apeurés qui ne comprennent pas à quoi sert la couverture vaccinale, qui sont complètement fermés aux conseils scientifiques et médicaux, parce qu’ils n’ont pas fait des années d’études de médecine, de virologue et d’immunologie et n’ont apparemment aucune confiance aux spécialistes compétents.

Mais j’avoue que j’en ai sincèrement marre (…) d’être obligée de lire des discours extrêmement immatures, émotifs et inintéressants au possible. 

Figurez-vous qu’avant d’envoyer un mail à la poubelle je dois le lire d’abord et que vous qui vous sentez si oppressés par l’état français (ce qui me fait pleurer, car je suis étrangère et connais bien pire), vous vous imposez carrément ?!

Un peu de remise en question peut-être ??

Si les gens ne veulent pas se protéger eux-mêmes, je veux bien être protégée d’eux, c’est à cela que sert le pass sanitaire. 

Sinon ils font ce qu’ils veulent, personne ne les prive de leur liberté d’attraper une forme grave de covid. » 


« Je lis depuis quelques temps des propos (…) qui révèlent les pensées, les états d'âme ou le point de vue, parfois de manière assez forte et affirmée de certains (…). 

(…) Oui, nous sommes dans un pays où il y a des lois et des directives. Il n'appartient aucunement à notre association (…) de vous appeler à les contourner ou à ne pas les respecter. Les expressions sur ce thème peuvent faire partie de votre compte Facebook, ou autre. Je vous remercie de le comprendre dans l'intérêt de tous (…) Moi aussi, un centre culturel où je donnais cours a pris l'initiative de fermer totalement tout le mois de janvier et cela ne m'amuse pas, mais je ne glorifie pas pour autant des actes de terrorisme (en les confondant avec des actes de résistance dans des raccourcis simplificateurs !). (…)

Pour les praticiens récalcitrants au vaccin : parlez-en à votre médecin traitant, votre généraliste qui vous suit (sur les comptes publics, merci la France et sa protection sociale...). Si nous avons développé une certaine expertise dans les domaines qui sont les nôtres, désolé : nous ne sommes pas médecins, et c'est un problème de médecine, pas de politique ! »


Les mots me manquent. 

J’ai du mal à respirer (mais rien à voir avec le virus).


Reprenons donc depuis le début.


1. Je ne suis pas de ceux qui crachent sur la vaccination. Lorsque j’étais enfant, habitant au sud de la Tunisie, j’ai des petits copains qui sont morts de la poliomyélite. À cette époque, l’hôpital de Garches (où la kinésithérapie a pu acquérir ses lettres de noblesse) accueillait les jeunes patients atteints de paralysie. Un de mes amis y a fait un séjour prolongé, hélas sans grand résultat et a fini par se suicider plutôt que de vivre dans la dépendance liée à son handicap majeur. Vais-je cracher dans la soupe qui permet de maintenir le virus de la polio à distance ?

De même il faut reconnaître le net recul de la tuberculose (même si celle-ci exonéra mon père de partir faire la guerre d’Algérie) grâce au BCG.

Mais, si je ne suis pas contre, dois-je pour autant considérer que le problème est réglé une fois pour toute grâce au vaccin ? Car polio comme tuberculose font leurs choux gras dans les zones les plus miséreuses du monde, et le vaccin ne résout rien du problème.

Peut-on se contenter du vaccin ou devons-nous aussi contribuer à éliminer la misère sur laquelle les infections, épidémies, pandémies prolifèrent ?


2. En ce qui concerne le « vaccin » (ou thérapie génique) à ARN Messager, il est bon de rappeler ce que l’assemblée européenne dit dans sa résolution 2361 : 


« S’assurer que les citoyens et citoyennes sont informés que la vaccination n'est pas obligatoire et que personne ne subit de pressions politiques, sociales ou autres pour se faire vacciner, s'il ou elle ne souhaite pas le faire personnellement

Veiller à ce que personne ne soit victime de discrimination pour ne pas avoir été vacciné. »


Rendre le vaccin obligatoire (sans le dire, mais en créant des conditions de vie contraignantes) au mépris des décisions européenne est-il bien digne d’un pays démocratique ?


3. Puisque me voici sur le terrain de la démocratie : comment qualifier un pays où toute idée contraire à celles du pouvoir est immédiatement taxée d’irresponsabilité, d’ignorance, vilipendée et ostracisée ?

Voilà la boite de Pandore ouverte par le monarque élyséen : toute parole contraire doit être étouffée, seuls comptent les dogmes d’une pratique de la médecine d’avantage vouée aux statistiques et aux algorithmes qu’au vécu sur le terrain des soignants.


4. M’y voici et au risque d’être encore une fois accusé, je vais faire état de ces propos du Professeur Perronne qui affirme que les errements du totalitarisme médical sont le résultat d’une médecine dont les décisions sont prises par des gens hors-sol, qui ne voient jamais un patient, qui ne savent rien de leur vie sociale. Il rejoint ici les propos écris par Stéphane Velut (in L’Hôpital, une nouvelle industrie. Le langage comme symptôme, Collection Tracts (n° 12), Gallimard).

Encore faut-il aller jusqu’au bout et poser la question qui fâche : est-il normal que la sociologie, la psychologie et la philosophie soient les grandes absentes des parcours de formation de tous les soignants dans ce pays, les vouant à devenir des « techniciens de la santé » dénués de tout sens critique ?

Dans le même sens, les sensibles aux propos professionnels viendront-ils accuser l’ISERM de « complotisme » ou « d’islamo gauchisme » lorsque, dans sa lettre du 29 novembre 2021, il est affirmé : 


« Le fait est désormais bien établi, notre santé dépend largement de notre environnement : des facteurs environnementaux seraient à l’origine de plus de 70 % des maladies non transmissibles, qu’il s’agisse de maladies cardiovasculaires ou métaboliques, de cancers ou encore de problèmes respiratoires chroniques. Et au fil des connaissances acquises sur le sujet, il est apparu que l’on aurait tout à gagner à considérer les différents facteurs incriminés dans leur ensemble, plutôt que d’étudier séparément l’effet de chacun d’entre eux sur la santé humaine. »


Désolé, mais quand on veut être « professionnel », autant l’être vraiment et ne pas se satisfaire des seuls dogmes éculés psalmodiés par Le Monde ou Libération devenus les jouets de la propagande gouvernementale.

Que la majorité approuve les propos des inféodés du dogme ne change rien à l’affaire : nous ne vivrons en démocratie qu’en retrouvant l’art du débat démocratique et non cette approbation béate des discours haineux et anti-scientifiques du pouvoir.


5. J’avais déjà épinglé la « neutralité » des syndicats professionnels de kinésithérapeutes.

Soyons clair : la santé publique est une affaire bien trop sérieuse pour être laissée aux seuls politiciens, appuyés de leurs experts hors-sol. C’est un problème de vie citoyenne et de revendication d’un mieux vivre qui corresponde à la définition de la santé promus par l’OMS dans sa charte paraphée par la France (un éclair de lucidité et d’intelligence est toujours possible) : 


« Un état de complet bien-être physique, mental et social, [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité »


Et si nous nous saisissions d’une telle définition pour exiger que soit mis un terme à la paupérisation, à l’indigence de la pensée ?


Qu’importe qui vous êtes, femme ou homme, jeune ou âgé, qu’importe votre statut vaccinal, votre philosophie, votre couleur de peau, votre religion mais, lorsque vous hésitez sur la pas de ma porte, et me posez cette question : « Je ne suis pas vacciné(e), vous m’acceptez quand même ? », vous me voyez perdu, éperdu , hagard, sans voix car jamais je n’avais envisagé qu’un jour, un seul, une telle question pourrait m’être posée ! 


Xavier Lainé


24 janvier 2022

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