C’est une splendide métaphore que cette histoire du naufrage de La Méduse.
Il va me falloir vous la conter, puisque notre mémoire se fait courte.
Elle en dit long sur ton époque, Théodore, mais aussi sur la mienne.
Voici donc La Méduse : un fringant navire construit dans les radoub de Nantes.
Un navire d’ancien temps avec force voilure et donc avec grand besoin de marins d’expérience pour en gouverner la trajectoire.
Une fière frégate augurant des prémisses coloniaux.
Un bateau de la discorde où les marins se disputent à qui sera pour le roi, qui sera pour l’empire.
Une frégate comme toi, Théodore, navigant entre les eaux mornes du passé et celle d’un présent illusoire.
L’incompétence et l’étroitesse d’esprit feront le reste.
Le fiasco est patent.
On se dispute la trajectoire.
On fait fi de l’expérience.
On s’entête.
On se dispute.
Dans cette tourmente le banc de sable a raison de la coque.
Nous voici échoués, à mille mille de toute terre habitée.
Entre ciel et mer la vie est suspendue.
Les égoïsmes vont bon train.
Chacun accuse l’autre de sa propre incurie.
De chaloupes en radeau, on tente de se sauver.
On fuit.
Xavier Lainé
22 juillet 2021
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