mercredi 2 décembre 2020

Lettre du bord du gouffre 35

 




Externaliser nos consciences.

Faire de nous des consommateurs décérébrés.

Surtout ne pas relever la tête et encore moins l'esprit.

Sinon, on cogne...


Robotisés à l'extrême.

Infantilisés, humiliés, brisés cassés.

Surtout ne pas protester : aller sagement dans les métros d'un matin blême, tous en rangs bien serrés nous rendre au boulot machinal.

Caméras ici, à chaque coin de rue et jusque devant toi, en haut de ton écran.

Avoir l'esprit aussi plat que l'écran de nos soumissions.

Avancer déchus de toute vie, de toute danse, de toute poésie, de tous rêves.


On te zappe le cerveau.

On te le morcelle en décisions toutes plus contradictoires les unes que les autres.

On parle de tout et de rien, mais surtout de rien, de façon à ce que tu te demandes sans cesse si tu as bien entendu, bien compris.

C'est un art, de rendre un peuple fou, il y faut de la ténacité et de la résolution, mais sans les montrer.

Il faut que peuple croit encore que c'est pour son bien.

C'est en fait pour le rendre dépendant de décisions insensées.

Nous voici médusés, incapables de briser nos chaînes.


"Le passage continuel, inattendu d'un sujet de conversation à un autre, sans qu'il y ait nécessairement changement marqué dans le contenu affectif, est en lui-même un mode de participation interpersonnelle qui peut avoir un effet désintégrant sur le fonctionnement psychologique de l'autre." (Harold Searles, L'effort pour rendre l'autre fou, éditions Gallimard, 1977)


A suivre...


Xavier Lainé


24 novembre 2020 (4)


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