Que s’imaginent-ils obtenir
Les chiens de garde qui vomissent
À longueur d’antennes et de réseaux
Contre tout ce qui bouge et se dresse
Revendiquant la possibilité d’un autre monde
Car voici où nous en sommes
Et je me souviens d’un autre dix mai
Car voici où nous en sommes
Une fois les rêves envolés
Regardez-les
Les chiens de garde
Qui avancent sans retenue
Et la bave de haine aux museaux
Ils couvrent de silence la parole contraire
Et lorsqu’elle déborde
Ils la salissent de leur fiel
Il est dur le silence
Qui fait que dite ou écrite
Elle demeure dans les souterrains
N’accède que très peu à la lumière
S’efface devant le mièvre et le futile
Il n’y a pas de place pour le poème embarqué
Celui qui ne conte pas fleurette
À l’ombre des cerisiers en fleurs
Le mot de travers irrite la vue des Tartuffes
Qui ne sauraient voir ce que leur monde couvre
De honte et de soumission
*
Il ne faut pas
Il ne faut pas écrire
Le cri silencieux des corps sous les décombres
Poussés par les bulldozers de l’effroi
Il ne faut pas dire
Pas écrire
L’horreur répétée du génocide
Dont seuls les inhumains ont le triste privilège
Ne pas
Pourtant je ne peux pas
Ne peux pas ne pas écrire ni dire
Mon sang glacé devant le crime
Infiniment répété
D’autant plus tragique
Qu’il tombe dans le silence glacé
Des complicités occultes
Pas si occultes
Pas sans noms
On les connaît ceux qui de tous temps
Rampent devant les pouvoirs
Pour mieux paraître
Sur le devant de la scène
On les connaît
Ceux qui un jour insultent
Celui qui écrit sur le génocide en cours
Pour le lendemain
Parce que le sang brille au soleil de la honte
Retourner leur veste tandis que les pitres
S’extasient devant ce honteux courage
On connaît
Xavier Lainé
10 mai 2025
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