mercredi 25 juin 2025

Un trou béant en plein coeur 10

 





Que s’imaginent-ils obtenir

Les chiens de garde qui vomissent

À longueur d’antennes et de réseaux

Contre tout ce qui bouge et se dresse

Revendiquant la possibilité d’un autre monde


Car voici où nous en sommes

Et je me souviens d’un autre dix mai


Car voici où nous en sommes

Une fois les rêves envolés


Regardez-les

Les chiens de garde

Qui avancent sans retenue

Et la bave de haine aux museaux


Ils couvrent de silence la parole contraire

Et lorsqu’elle déborde

Ils la salissent de leur fiel


Il est dur le silence

Qui fait que dite ou écrite

Elle demeure dans les souterrains

N’accède que très peu à la lumière

S’efface devant le mièvre et le futile


Il n’y a pas de place pour le poème embarqué

Celui qui ne conte pas fleurette

À l’ombre des cerisiers en fleurs

Le mot de travers irrite la vue des Tartuffes

Qui ne sauraient voir ce que leur monde couvre

De honte et de soumission


*


Il ne faut pas

Il ne faut pas écrire

Le cri silencieux des corps sous les décombres

Poussés par les bulldozers de l’effroi


Il ne faut pas dire

Pas écrire

L’horreur répétée du génocide

Dont seuls les inhumains ont le triste privilège

Ne pas


Pourtant je ne peux pas

Ne peux pas ne pas écrire ni dire

Mon sang glacé devant le crime

Infiniment répété

D’autant plus tragique 

Qu’il tombe dans le silence glacé

Des complicités occultes


Pas si occultes 

Pas sans noms

On les connaît ceux qui de tous temps

Rampent devant les pouvoirs

Pour mieux paraître 

Sur le devant de la scène


On les connaît

Ceux qui un jour insultent 

Celui qui écrit sur le génocide en cours

Pour le lendemain 

Parce que le sang brille au soleil de la honte

Retourner leur veste tandis que les pitres

S’extasient devant ce honteux courage

On connaît



Xavier Lainé

10 mai 2025


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