jeudi 27 mars 2025

Ivresse et solitude 12

 





Est-ce que, de ce magma informe, pourrait jaillir littérature ?

Il faudrait encore avoir la conviction d’en être capable.

Est-ce que, jeter ses mots comme lave sur la page blanche, serait littérature ?

Bien prétentieux celui qui saurait répondre.


Il y a ceux qui se lèvent matin avec projet.

Ceux qui jettent les mots par la fenêtre des brumes, sans trop savoir leur destinée.

Et puis ceux qui sont ouvriers du silence, qui font ce qu’ils doivent faire, sans quoi le jour leur devient insupportable.

Je suis de cette espèce qui vit sans projet, qui écrit sans savoir à quoi prétendre sinon à cet étrange silence qui pèse sur les pages.


Quoi faire de tant de pages vouées au silence ?

Sinon en contempler parfois l’océan incandescent en me demandant qui  écrit derrière mes doigts.

Et puis refermer la page, ramer vers un jour qui s’étire entre aube et crépuscule, offrant mains qui se voudraient secourables quand elles ne sont que malhabiles.

Mains qui ont tant oeuvrer qu’elles jouent le réveil matin et trouvent difficile le chemin de leur ouverture.

Un jour, doigts devenus de marbre, la page restera peut-être blanche.

Si les doigts le permettent, la lecture sera encore possible.

Il restera le grand rêve d’avoir voulu sans pouvoir.

Incapable de m’insérer dans un monde qui réseaute à défaut de raisonner ou plutôt de résonner, je m’en vais sous la pluie battante d’un hiver glacé, vers des jours d’infinie quiétude.


J’écris sans projet ni avenir.

Je jette mes mots comme ils viennent

Je les pose là et puis m’en vais à pas feutrés vers un ailleurs tissé de vos histoires.



Xavier Lainé

12 février 2025


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