Résistance(s) 26

 

Tu poses comme un acte de résistance l’acte de lire au lieu d’écouter et de regarder.

Tu refuses d’être le voyeur d’un monde qui ne serait plus que spectacle,

Que ring sur lequel de pitoyables acteurs se disputent argent et pouvoir.

Tu refuses et ce refus est acte posé contre.

C’est là que le bât blesse : posé contre.

Tu lis et entre les lignes tu vois bien que tu n’es pas seul à rêver d’autre chose.

Cet autre chose indicible, innommable tant les conditions du rêve sont devenues portions congrues.

Seul parmi les milliers d’ouvrages non encore abordés, 

Capitaine d’un rafiot présumé en perdition, éventré sur les récifs de l’artificiel,

Tu persistes et signes, tu prends des chemins de traverse, tu ne suis pas le courant de bêtise qui attise les plus bas instincts.

Car c’est violence qui s’épanouit dans ces faux-semblants.

Violence d’Etat, violence physique et symbolique vont au pas cadencé des êtres dominants.

Tu tournes le dos, tends la main à ceux qui comme toi ne cessent de résister, chacun à sa manière.

Tu constates la difficulté : cet éparpillement des énergies, qui s’usent comme corde d’escalade, sur le rocher acéré des profits de la honte.

Chacun va seul en ce contexte étouffant.

Les pitres s’écharpent sur la scène d’un spectacle pitoyable,

Un spectacle sans humanité, d’où toute perspective commune est regardée comme ringarde.

Xavier Lainé

26 août 2024