jeudi 7 janvier 2021

Entre crépuscule et aurore 22

 




Si facile réactivation des vieux réflexes de peur.

Peur panique d’une mort avec qui nous avons décidé de ne plus jouer.

Parce que sont encore fumantes les dépouilles.

Tout en brandissant nos banderoles du plus jamais, nous avons déjà laissé le mufle hideux s’introduire dans le lit de l’histoire.

C’est insidieux, presque invisible, ce passage et la nuit se poursuit.

Notre nuit européenne, notre nuit capitaliste, qui sut si bien user des crimes adverses pour se blanchir de toutes fautes.


On en use et on en abuse, du sentiment de culpabilité.

Une façon comme une autre de nous infantiliser.

Tandis qu’à grand frais on construit des mémoriaux pour que plus jamais, on presse le citron colonial jusqu’à faire croire en un paradis occidental.

On n’aide pas, on ne tend pas la main, on se retourne pour ne pas voir.

Voici les peuples qui marchent, qui abordent des rivages avant de s’embarquer, laissant maigres économies entre les mains des profiteurs, juste avant de se noyer sans jamais atteindre la rive de leurs espérances.

A quand un mémorial à la mémoire des noyés ?

A quand un Nüremberg qui jugerait l’inaction des indignes représentants de nos pays qui n’ont de richesse que l’apparence, et le coeur en cale sèche ?


Dans la grisaille du petit matin, je m’en vais coller maigre poésie estampillée « non nécessaire ».

Dans la grisaille du petit matin, un homme s’arrête pour lire.

Dans la grisaille du petit matin, j’ai votre visage qui m’accompagne, jeunes femmes qui sans le savoir tissez déjà les liens du futur.

Rien à voir avec le foutur programmé.

Vos yeux rient et éclairent cette longue nuit.

De vos éphémères étreintes, déjà le solstice se prépare.

C’est au printemps que votre beauté fragile nous invite.


Xavier Lainé


20 décembre 2020


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