jeudi 17 septembre 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 31

 



Je parlais de lucidité, et j’ajoutais le mot « vaine ».

Car au fond on peut toujours ouvrir les yeux et voir.

On peut toujours et ça ne change rien.

D’où la vanité de vouloir les ouvrir et la fuite devant un aperçu du réel qui nous donne la nausée.

Alors tu avances les yeux fermés, les oreilles bouchées pour ne pas voir ni entendre.

Le monde lui, continue sa course vers les mirages d’une anthropocène qui place l’homme au centre, tandis qu’autour de lui tout s’écroule.

Triomphe de la galerie de l’évolution : l’homme, devant, qui ne se retourne jamais sur les ruines qu’il a semé derrière lui.

Apothéose de l’ère néolithique qui vit l’homme debout assister à la lente érosion de sa propre diversité, devenu maître absolu d’une nature dont il n’est que locataire.

Comme le dit Alain Badiou, il a fallu des millions d’années pour que se produise la révolution néolithique, la seule qui ait vraiment abouti sur cette terre.

Comme toute révolution, sur le plan physique, est un éternel recommencement, irons-nous jusqu’à rendre la terre, en cette fière anthropocène, inhabitable à notre propre espèce ?

Ce serait en effet la logique absolue d’une révolution dont nous risquons de ne sortir que les pieds devant.


Je parlais de lucidité, et ce n’était que vanité encore.

Nul ne sait ni peut y voir clair, ni prédire de quoi demain nous serions capables.

L’expérience me dit que ce pourrait être le pire comme le meilleur, et que parfois, c’est dans l’expérience du pire que le meilleur fait briller ses lumières.

Il nous faut la nuit pour apprécier le jour, l’ombre pour aimer la lumière.

Tout n’est pas qu’affaire de volonté.


Xavier Lainé

30 août 2020



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