mardi 1 avril 2025

Ivresse et solitude 17

 





Un temps gris et froid domine

L’homme attend devant la boucherie

Il vient me voir quand j’ouvre mes volets

Me remercie chaleureusement

Je me demande de quoi


C’était pour son porte-feuille

Ramassé par mes soins et rendu

Tel quel


Tel quel il semble que ce soit rare

D’être honnête en territoire défoncé

Tel quel vont ainsi les humains de ce temps

Qui se servent et jettent

Sans un regard pour la misère qu’ils sèment


Tel quel

Telle que tu es je t’attends

Je t’attends avec impatience

Sans savoir de quoi il en retourne

C’est une question d’humanité

D’ouvrir sa porte

De rendre un porte-feuille intact

De faire preuve de patience


Tel quel

Telle quelle

C’est un moment d’humanité

Que tenter de comprendre

En quels errements vont tes pas

De passant pressé qui perd son porte-feuille

De patiente éperdue qui remet toujours

Au lendemain ce qu’elle pourrait faire illico



Xavier Lainé

17 février 2025


lundi 31 mars 2025

Ivresse et solitude 16

 





Du silence et du blanc

Pour laisser les idées noires traîner 

Leur flemme dominicale


Du silence et du blanc

Pour y déposer les paupières lourdes

D’avoir trop sans savoir trop quoi


Du silence et du blanc

D’un pas élastique faire le tour

Des brumes dans le soleil levant


Du silence et du blanc

Et l’attente secrète de l’invisible

De l’indicible et du secret


Du silence et du blanc

De cette matière en fusion

Dans la lave du coeur


Du silence et du blanc

J’avance sous un ciel laiteux

Un ciel qui ne sait quoi faire


Du silence et du blanc

Mes mains tremblent un peu

D’avoir trop attendu la rencontre


Du silence et du blanc

J’ai déposé à mots couverts

Un soupir et des larmes



Xavier Lainé

16 février 2025


dimanche 30 mars 2025

Ivresse et solitude 15

 





Il me faut du silence

Du silence et du temps pour vous écrire

De ce lieu hors

Où un ciel printanier s’invite

Dès l’aurore


Il me faut du silence

Pour tirer le fil des mots

Prendre un peu de hauteur

Dans le marasme d’un monde

Qui toujours se heurte aux récifs

D’une humanité sans boussole


Il me faut du silence

Du silence et des mots

Mots lus lentement assimilés

Car toujours la page s’alimente

Au fleuve ininterrompu des écritures


Il me faut du silence

Du silence pour chercher apaisement

Entre deux moments où mes mains douloureuses

Ouvrent porte et espérance

Aux souffrances sans cesse répétées


Il me faut du silence

Pour vous écrire

Pour penser à vous qui êtes repartis

Sur les chemins de vos existences

Parfois soulagés parfois non

Mais toujours laissant trace

Entre mes mains fatiguées



Xavier Lainé

15 février 2025


samedi 29 mars 2025

Premiers retours, comme en écho

 





L'écriture est comme un magma qui couve dans les soubassements de l'être, parfois cherche longtemps une faille pour surgir au grand jour.

Ça ne fait pas forcément livre. il faut un certain temps de gestation, pour que le volcan montre son nez, à la surface de l'océan des littératures.

Lorsque le livre paraît, la question se pose de s'en réjouir. Comment faire avec cette naissance pour qu'elle soit partagée, se répande et suive son cours, sans paraître prétentieux ?

Mais voici que des yeux s'ouvrent sur l'objet livre et en tirent d'autres mots pour en dire les subtilités.

Merci à Florence Bellon, de l'Agence de développement du département des Alpes de Haute Provence, pour ses mots : Auteurs en Haute Provence

Il reste à l'auteur de se révéler à la hauteur (juste une question de lettre) de son livre !


Xavier Lainé

Manosque, 29 mars 2025

Ivresse et solitude 14

 





On ne cessera pas de parler d’amour

Avec un petit « a »

Celui qui se répand aux vitrines

S’enflamme un jour

Pour mieux s’éteindre toujours


Y aurait-il véritable amour durable

Sinon celui qui finit par s’exprimer

Dans la tolérance et l’attente


Y aurait-il amour qui sache durer

Solide comme un roc 

Sous les mauvais coups

Que la vie lui inflige


On n’en dira rien

Des conditions faites

À l’existence de l’amour

On va se contenter 

De celui rutilant

Qui dégouline des vitrines

Dans la ruine des porte-feuilles

Déjà exsangues 


On ne cessera pour un jour d’en parler

On ne dira rien de ce qui le rétrécit

Le dessèche et l’affame

Jusqu’à rendre son existence plus délicate

Dans l’âpreté de vivre en monde guerrier


On ne cessera d’en parler

Mais c’est pour mieux n’en rien dire

Du moins rien de cette flamme qui te brûle



Xavier Lainé

14 février 2025


vendredi 28 mars 2025

Ivresse et solitude 13

 





Si beau dans les Sun-lights

Te voilà grillant ta vie dans l’alcool 

Ivre dans la nuit

Ta démarche ébrieuse

Tu dis encore tenir

Mais ton doigt tremble

À la recherche de l’interrupteur


Si beau dans les Sun-lights

Tu te voyais en haut de l’affiche

Comptant tes dollars 

Comme les influenceurs de pacotilles

T’en dressaient le mirage

Mais à quatre heure du matin

Te voilà tenant à peine debout

Et ce n’est pas vertige de grandeur

C’est misère et souffrance


Si beau dans les Sun-lights

Tu insultes qui te porte secours

Qui t’héberge et t’encourage

Car c’est de désespoir qu’est tissée ta vie

Dans un monde de merde 

Comme tu sais si bien le dire

Monde immonde qui ne sait rien

Rien de tes peines à briller

En pays qui n’est que trou béant

Sous les pas de ses visiteurs


Si beau dans les Sun-lights

Mais si mal dans ta peau

Qu’à grands coups de mensonges

Tu en travestis la dérive



Xavier Lainé

13 février 2025