mardi 2 décembre 2025

Alors je suis resté sans voix 16

 





Toujours pris de vertige

À ne plus savoir comment démarrer le jour

Sinon dans le refuge des livres

Unique moment où l’esprit enfin

Découvre pouvoir cesser d’être inquiet


Toujours pris de vertige

Lorsque le sentiment me prend

De me trouver si seul devant la porte

À entendre monter les cris du monde

Sans pouvoir l’ouvrir et libérer

Le cortège des exclus enfermés


Toujours pris de vertige

Devant le manège qui tourne

Comme si de rien n’était

Mais avec la crainte des violences

Parfois le rejet mais en se calfeutrant

Derrière la cuirasse d’indifférence


Toujours pris de vertige

Faire mes premiers pas d’un nouveau jour

Avec la nausée devant silence imposé

Ils voulaient la paix ont eu un cessez-le-feu

Qu’ils aillent donc retrouver les ruines

Dans ce cimetière à ciel ouvert


Toujours pris de vertige

Devant la ségrégation de classe et de race

Qui fait une différence entre les bien-nés

Et ceux qui n’ont pas eu cette chance

Entre les biens lotis dans le rang social

Et ceux qui ne cessent de rater la marche



Xavier Lainé

16 octobre 2025


lundi 1 décembre 2025

Alors je suis resté sans voix 15

 





Il est terrible ce silence

Cette façon de vivre et de consommer

Sans limite et sans conscience

Il est terrible ce silence


Que saurais-je écrire et dire

Devant la tragédie d’une humanité

Qui ne sait plus qui elle est

On me dit qu’il en fut toujours ainsi

On me dit je n’y crois pas


Sacrifiée sur l’autel des saints profits

Notre humanité se dresse sanglante

Elle se révèle dans le cri d’un enfant

Pleurant la mort de ses parents

Dans la douleur des blessures

Infligées sans pitié sans un regard


Tandis que silence complice accompagne

Les ruines sur les corps ensevelis

Je sais il ne faut pas dire ça

Vous attendez de poésie qu’elle vous parle

De la pluie et du beau temps

Quelle vous conforte dans l’indifférence

Avec des mots qui ne disent rien


Il est terrible ce silence

Qui me rend coupable devant la misère

Coupable devant les plaies ouvertes

Coupable de ne pas savoir arrêter l’hémorragie

Qui me laisse coeur exsangue

Sur le bord de ce monde

Qui se gave et se repaît de la misère des autres



Xavier Lainé

15 octobre 2025


dimanche 30 novembre 2025

Alors je suis resté sans voix 14

 





C’est sûr on peut toujours regarder ailleurs

Faire comme si le boomerang des révoltes

Ne devait jamais se retourner à l’envoyeur

Comme si étant blancs vivant en pays riche

Rien ne pouvait jamais nous arriver

Sinon fortune et prospérité

Sans chercher à savoir sur quelles spoliations

Elles se construisent


C’est sûr j’ai tort d’écrire

Du moins de ne pas écrire dans le sens du courant

Celui des poissons morts de compromission

J’ai tort

Un tort impardonnable

Celui de croire encore qu’un humain 

Qui meurt sous les bombes

Est un crime de trop

Qui ne cessera de hanter nos mémoires


J’ai tort

Et vous ne me pardonnerez pas

D’avoir écrit qu’à Gaza

On souille aussi la mémoire de la Shoah

Comme j’écrivais hier 

Qu’égorger publiquement d’autres souillait

La troisième religion abrahamique


Car le même Dieu

Dont les premiers thuriféraires ne prononçaient pas le nom

Engendra trois familles qui ne cessent 

De se disputer sa défroque

Au mépris de la parole

Au mépris de la vie si précieuse



Xavier Lainé

14 octobre 2025


samedi 29 novembre 2025

Alors je suis resté sans voix 13

 





Tant qu’en ce monde on répondra

À la souffrance par une souffrance pire

À la violence par une violence pire

Rien ne saura trouver solution


Tant qu’en ce monde on en sera

À la ségrégation des êtres

Selon leur couleur de peau

Leur niveau social ou leur richesse

Selon leur religion ou leur philosophie

Rien ne trouvera solution


Tant qu’en ce monde le seul but

Sera de s’enrichir sans un regard

Pour ceux qui tombent 

Sans considérer la faiblesse 

Comme une nécessité pour entendre

Rien ne trouvera solution


Tant qu’en ce monde on ira en croyance

Qu’à écraser les autres on serait supérieur

Qu’à monopoliser les fortunes 

On serait membre d’une élite

Rien ne trouvera solution


Tant que nous n’irons pas

Décoloniser nos pensées et nos esprits

Pour écouter et entendre

Qu’en chaque être vivant

Un coeur bat et ne demande qu’à vivre

Tant que l’humain s’imaginera supérieur

À tout ce qui sur cette terre vit et s’émeut

Rien ne trouvera solution



Xavier Lainé

13 octobre 2025


vendredi 28 novembre 2025

Alors je suis resté sans voix 12

 





Mais peut-être est-ce sidération

Ou protection

Que de se calfeutrer pour ne rien voir

Ni rien entendre


L’homme vient

Il se la joue guerrier

Ne laisse entrevoir aucun sentiment

Aucune compassion

Juste une surface lisse

Et des lèvres qui disent

Que l’échange est difficile

Surtout arriver à entendre

Ce que l’autre dit

Mais si la souffrance est trop grande

Qu’entendre sinon le silence

Le repli pour atténuer les coups


L’homme vient

Il ne semble pas comprendre

Ce qui se tisse dans un corps qui se tend

Il soigne

Il dit que chacun a la solution

Mais il n’entend pas

C’est difficile d’entendre

C’est difficile de se mettre à la place

Où l’autre souffre

D’une souffrance qui me provoque

Jusqu’au tréfonds de ma propre histoire

Alors je crée une carapace

Pour me protéger et je rejette

En rejetant c’est un peu de moi que je rejette

C’est dur à voir à comprendre à entendre justement



Xavier Lainé

12 octobre 2025