C’est un jour d’automne qui accompagne les premiers pas d’une rentrée promise à la houle des colères.
Mais peut-être la pluie ici va en effrayer plus d’un.
Je vis en cet étrange pays où tout est prétexte à rester terré chez soi.
Ce qui n’exclut pas de maudire élus et responsables pour leur incapacité à répondre aux demandes non formulées.
Je vis en cet étrange pays qui s’en réfère toujours à des « élites ».
Auto-proclamées, elles aiment qu’on les place sur le piédestal de médias qui rêvent d’un public endormi.
Automne ne veut pas encore dire hibernation.
Mais dans cet étrange pays, il fait toujours trop chaud, ou trop froid, ou il pleut ou trop de soleil.
Un étrange pays où toutes les raisons sont bonnes pour regarder ailleurs.
Un pays où aller mal n’étonne plus personne.
Comment aller bien quand la reconnaissance tarde, que le salaire est en berne, que les relations sont tirées de colères ?
Je vis en ce petit pays replié sur lui-même.
Faute d’y proposer vie culturelle intense on se vautre sur canapés inconfortables et on attend.
Je ne sais pas ce qu’on attend mais on le fait, et on le fait bien.
On attend ou on distribue avec ardeur militante les prospectus venus de Paris.
Car on a bien lu François Villon : on sait qu’il n’est bon bec que de là-bas et que toute parole venue d’ici (que certain disent d’en bas, ce qui est vrai géographiquement mais pour le reste est douteux) est vouée au silence médiatique profond.
Il faut avoir fait ses preuves en ces lieux capitaux, briller dans les meilleurs maisons d’édition de la capitale (aux mains impures des oligarques masqués).
À défaut, on végète à l’ombre, condamné à CNEWS ou BFMTV jusqu’à la nausée.
Je vis en ce pays là dont il me faut expurger la tyrannie pour respirer.
Xavier Lainé
1er septembre 2025