jeudi 3 février 2022

SOS





Photographie de Pierre Weber - SOS Urgences Hôpital




Je reviens au poème

Dernier havre de paix avant issue de secours.

Je reviens au poème pour ne plus laisser mes neurones

Partir en vrille dans les profondeurs d’un temps

De naufrage et de perdition.


Il me faut nager.

Atteindre coute que coute le rivage

Avec dans les rêves d’accoster

En un lieu à mille milles de ces terres arides

Où les coeurs vont

Infiniment desséchés.


*


C’était un soir gelé

Avec SOS de bougies devant les portes vitrées


C’était un soir de parole donnée

De mots qui hésitaient

Ne sachant plus vraiment que dire

Devant le foule masquée


C’était un soir de lutte

Mais de quelle lutte encore parler

Puisqu’est admise la santé totalitaire

Celle qui soigne personnes saines

Laisse tomber les malades

Fermant ici services d’urgence

Ailleurs interdisant d’exercice

Ailleurs encore appelant retraités

Pour compenser soignants suspendus


C’était un soir la mort dans l’âme

Un soir à ne pas y croire

Un soir de froid en dedans comme en dehors

De parole n’exprimant rien

Sinon longues litanies de chiffres

Qui faisaient face à d’autres 

En vaines querelles de gestion maladive


C’était un soir de parole donnée

De parole donnée par assurance de conformité


Y voir clair ne t’autorise à rien

Dans l’indigence d’un temps qui ne pense plus


C’était un soir de lutte

Mais sans solidarité

Sans la chaleur fraternelle

Qui donne le goût et la saveur

Aux protestations aiguisées


C’était un soir de rendez-vous manqué

Devant les portes muettes 

D’un hôpital sans âme

D’où l’humain est évacué

Vers la morgue d’un temps d’arrogance


*


J’en reviens au poème

Ultime bouée de sauvetage 

Quand tout se délite et se noie

Quand tout se brise sur des murs d’argent

Quand l’humain part à la dérive



Xavier Lainé


28-29 janvier 2022


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