Photographie de Pierre Weber - SOS Urgences Hôpital
Je reviens au poème
Dernier havre de paix avant issue de secours.
Je reviens au poème pour ne plus laisser mes neurones
Partir en vrille dans les profondeurs d’un temps
De naufrage et de perdition.
Il me faut nager.
Atteindre coute que coute le rivage
Avec dans les rêves d’accoster
En un lieu à mille milles de ces terres arides
Où les coeurs vont
Infiniment desséchés.
*
C’était un soir gelé
Avec SOS de bougies devant les portes vitrées
C’était un soir de parole donnée
De mots qui hésitaient
Ne sachant plus vraiment que dire
Devant le foule masquée
C’était un soir de lutte
Mais de quelle lutte encore parler
Puisqu’est admise la santé totalitaire
Celle qui soigne personnes saines
Laisse tomber les malades
Fermant ici services d’urgence
Ailleurs interdisant d’exercice
Ailleurs encore appelant retraités
Pour compenser soignants suspendus
C’était un soir la mort dans l’âme
Un soir à ne pas y croire
Un soir de froid en dedans comme en dehors
De parole n’exprimant rien
Sinon longues litanies de chiffres
Qui faisaient face à d’autres
En vaines querelles de gestion maladive
C’était un soir de parole donnée
De parole donnée par assurance de conformité
Y voir clair ne t’autorise à rien
Dans l’indigence d’un temps qui ne pense plus
C’était un soir de lutte
Mais sans solidarité
Sans la chaleur fraternelle
Qui donne le goût et la saveur
Aux protestations aiguisées
C’était un soir de rendez-vous manqué
Devant les portes muettes
D’un hôpital sans âme
D’où l’humain est évacué
Vers la morgue d’un temps d’arrogance
*
J’en reviens au poème
Ultime bouée de sauvetage
Quand tout se délite et se noie
Quand tout se brise sur des murs d’argent
Quand l’humain part à la dérive
Xavier Lainé
28-29 janvier 2022
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire