lundi 3 novembre 2025

Une autre nef des fous 18

 






De toutes mes vies traversées, je n’ai cessé d’être témoin.

Témoin des antisémitismes venant des chrétiens suivis par les autres, trop souvent arrogants, au pouvoir.

Témoin des islamophobies qui ne cessent de tuer comme l’antisémitisme, comme l’homophobie, toujours sous couvert de la peur puis de la haine de l’autre au nom de croyances et de pouvoirs qui ne disent pas toujours leur nom.

Férus de dogmes on mena au bucher femmes trop libres, dites sorcières, contestataires en tous genres au nom de la bible et de la très peu sainte inquisition.

De vies en vies je fus témoin, je fus serviteur d’autres qui savaient bien mieux écrire que moi pour qu’ils puissent transcrire en livres les tragédies bien réelles que, jusqu’à aujourd’hui, on tait.

Il y en a, des experts en livres noirs, mais le seul livre noir qui n’existe toujours pas est celui qui ferait la litanie des morts au nom du fort peu recommandable capital.

Le voilà le dieu devant qui il convient de se prosterner pour échapper au bucher ou à un ostracisme silencieux.

C’est en son nom que sont considérés comme barbares ou arriérés toutes formes de cultures qui ne s’appuient pas sur les mantras du profit.

C’est en son nom que furent conduits aux camps de la mort, juifs et tziganes, homosexuels et opposants de toutes espèces.

C’est pour blanchir le très peu glorieux capital qu’on instaura des colonies un peu partout d’Amérique en Asie, d’Afrique au Magreb, qu’on installa ses anciens parias comme fer de lance de la grande gloire capitaliste en Palestine.

C’est miracle de l’imposture que d’en faire aujourd’hui le bras armé d’un occident qui s’imagine briller par ses conquêtes, omettant d’en révéler le prix en longue litanie de crimes.

Il ne faut pas dire, il ne faut pas écrire, il ne faut pas dénoncer ; il ne faut pas porter le keffieh accusateur, il ne faut pas troubler la quiétude des tyrans sur leurs yachts et dans leurs propriétés retirées du monde.

Il ne faut pas. C’est justement parce qu’il ne faut pas qu’il y a urgence à écrire.



Xavier Lainé

18 septembre 2025


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