lundi 15 septembre 2025

Égarés nous sommes 31

 





J’ai les larmes du gardien d’Oradour

Fixées dans ma mémoire d’adolescent

J’ai les larmes d’Emile

Déporté à quatorze ans

Qui ne pouvait dormir sans lumière

J’ai les larmes des migrants 

Rescapés de la noyade

J’ai les larmes palestiniennes

Qui hantent mes nuits

J’ai les larmes de la misère

Qui ne fait que s’accroître

Tandis que d’autres

Ostensiblement

Ne cessent de s’enrichir


J’ai tant de larmes à accueillir

Dans ce monde qui chancelle

Qui regarde la terre trembler sous ses pieds

Les tsunami dévorer côtes et habitats

Comme si 

Comme si rien ne faisait présage

Comme si nul ne portait responsabilité

Comme si tout n’était que fatalité


J’ai tant de larmes à éponger

Sur les corps rompus

D’avoir trop travaillé

Jusqu’à épuisement 

Sans même un regard

Qui soit de compassion

Au moins ça

Compassion

À défaut d’organiser la révolte



Xavier Lainé

31 juillet 2025


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