mercredi 30 avril 2025

Mâles ruines 15

 





J’aimerais comprendre

Un jour reconnu et encensé

Puis le lendemain honnis


J’aimerais comprendre

Pourquoi ne pas chercher à dominer

Serait moins bien perçu

Que cette folie de la domination


Je cherche mes mots

Je découvre avoir été rayé des listes

N’avoir pas d’existence 

Au pays des lettres


Alors je rentre chez moi

Me terre entre deux livres

Et me tais



Xavier Lainé

15 mars 2025


mardi 29 avril 2025

Mâles ruines 14

 





Je cherche et je trouve très peu, trop peu.

Trop peu cache parfois pléthore.

Car à vivre dans un trou, bien difficile de puiser la source des connaissances, ici disponibles avec parcimonie.

Me reste le hasard de la toile, à m’en crever les yeux.

À m’en crever les mots tant il faut les creuser pour cheminer un peu et apprendre.

Car c’est la question, apprendre, s’ouvrir le crâne pour que cervelle puisse en absorber encore.

C’est la condition pour ne pas s’instituer en dominant.

Avec la confrontation des opinions.

Ce que nous ne savons plus faire, sauf à mener guerres intestines qui lentement rongent notre humanité commune.


Comprenez bien, je n’affirme rien.

Je m’interroge sur ces êtres qui dominent et sur ceux qui se soumettent.

Je questionne le passé pour mieux comprendre le présent.

D’où nous vient ce goût de la soumission à qui se pose en savant irrésistible ?

D’où vient à ceux qui s’approprient pouvoir sur les autres, justement, cette tension là qui ne fait que semer discordes pour conforter leur pouvoir.


« Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Parce que c’est un lieu où on passe. Parce que c’est un lieu qu’on partage » Emmanuel Macron, 29 juin 2017, discours dans le cadre de l’inauguration du campus de start-up Station F à Paris.


Il est terrible le bruit du mépris, de l’absolu, de la tentation despotique.

Elle est terrible cette distinction entre « ceux qui réussissent » et ceux « qui ne sont rien ».

Elle est au fondement de cette domination qui nous écoeure et nous étouffe.



Xavier Lainé

14/18 mars 2025


lundi 28 avril 2025

Mâles ruines 13

 





S’il est un esprit fort répandu y compris chez ceux qui s’en croient dépourvus, c’est bien cet esprit qui consiste à se croire au-dessus de la mêlée.

Cet esprit qui sous-tend beaucoup de nos humeurs.


C’est la raison des difficultés à pointer du doigt sa responsabilité dans nombre de travers individuels comme sociétaux.

On se croit parfois autrement que dominant.

Mais on affirme détenir une vérité et on en fait un dogme qu’il convient de suivre pour atteindre un inexistant nirvana.

On y croit bien sûr : qui ne voudrait pas atteindre ce paradis promis par toutes les religions.

Religions qui le promettent en bénissant les fusils de la misère et de l’oppression.


Ainsi moi-même ici j’en fait preuve et m’en repends.

Quelle prétention de plonger dans cet abîme pour en dénoncer les conséquences !

Il me faut me purger moi-même de ce travers.

Il faudrait que j’apprenne à ne plus écrire pour que mes mots ne soient plus leçons données.

Je n’écris pas ici pour me mettre au-dessus mais pour assumer d’être dans la mêlée.

À défaut je ne serai comme beaucoup que prétentieux dont les pensées ne seraient pas sésame mais dogme.


Je pose donc la question sans avoir la réponse.

Comment homo sapiens en est venu à se croire au dessus de toute la création.

Comment a-t-il pu affirmer avec la bénédiction divine son rôle de dominateurs d’une planète dont il n’est qu’éphémère passager ?

À quand remonte ce schisme dont toute l’organisation de nos prétendues civilisations portent les stigmates ?



Xavier Lainé

13 mars 2025


dimanche 27 avril 2025

Mâles ruines 12

 





J’ai cherché dans les livres

J’ai cherché dans les thèses

J’en ai trouvé qui disent

Et des livres si nombreux

Qui disent le mot et le décortiquent

Qui traitent de cet esprit

Dont nous sommes héritiers

Mais comme ça fait mal de toucher à l’héritage

Alors mieux vaut ne rien en dire


C’est dur de remettre en question ce que nous sommes devenus

Qui était peut-être contenu dès le départ

Dans cet art de se dresser sur deux jambes

De manier outils de plus en plus perfectionnés

De vivre avec l’illusion d’un pouvoir sans limites

Sur la terre, les animaux, les humains pas comme nous


C’est dur de se regarder au miroir de l’histoire

D’en tirer leçons pour ne pas répéter nos erreurs

Dont celle fondamentale

Qui au nom de notre « science »

Nous fait croire en notre toute puissance

Certains en étant plus convaincus que d’autres

J’allais jouter « certains blancs »

Mais ça ne serait pas tout à fait exact

Puisque la soumission aux chefs de toutes sortes

Semble apparaître un peu partout au fil de l’histoire


Qui dit chef dit divinité justifiant le rôle

Dit aussi pouvoir des uns sur les autres

Et soumission des autres sous le joug des uns

Avec belles histoires divines 

Pour endormir les esprits rebelles



Xavier Lainé

12 mars 2025


samedi 26 avril 2025

Mâles ruines 11

 





Je me trompe

Certainement je me trompe

Je n’aurais pas dû m’embarquer

Sur un sujet aussi glissant

Qui touche au fond de notre tragédie


Je me trompe

Sans aucun doute je me trompe

Car chacun muni de son ego

Ne peut que difficilement

S’affranchir d’en cultiver la fleuraison

À grands coups de reconnaissances


Je me trompe 

Mais je doute

Puisque ce que je vois

Ce que je sens

C’est cette permanence en nous autres

Qui nous prétendons humains

De cet esprit colonial

Qui veut mettre tout à sa botte


Dur à extirper

Alors on n’en parle pas

On ne se penche pas sur la question

Je vous assure, j’ai cherché

Si peu de recherches sur cet esprit de domination

Qui se transmet depuis peut-être que sapiens sont venus

Convaincus par leur sapience

De pouvoir mettre monde à leur botte

Domestiquer nature et cultures

Et parmi les sapiens certains se jugeant plus sapiens que d’autres

Se mirent à soumettre à leur merci ceux de leurs semblables qui doutaient



Xavier Lainé

11 mars 2025


vendredi 25 avril 2025

Mâles ruines 10

 





Mais qui suis-je à poser ici ces réflexions qui n’intéressent personne.

C’est tellement plus facile de faire jolies poésies demeurant à la surface.

Qui suis-je à creuser ce sillon que nul ne veut suivre car il remet en cause pour de bon la logique qui fait système.

On me répondra que je ne suis pas universitaire, pas qualifié pour poser problème ni pour en rechercher solutions.

Juste cette intuition que quelque chose est au fondement de notre inhumanité, quelque chose qui nous a détourné de notre vocation collective pour nous réfugier dans les bras du premier venu qui se proclama héritier des dieux.

C’est une intuition, pas une certitude.

Or nous vivons un temps qui prétend aux certitudes.

C’est au nom des certitudes que les plus puissants assujettissent leurs semblables.

Une certitude posée avec aplomb jette sa poudre aux yeux de qui doute.

C’est au nom du doute que je me pose le problème de la domination.

Je ne suis pas certain d’être sur le bon chemin, mais mon intuition me dit qu’il faudrait creuser là pour trouver l’origine aussi de nos soumissions.

Dans l’immense diversité des peuplements humains, tous ne se sont pas jetés dans les bras de chefs arrogants.

Certains semblent avoir vécu parfois très longtemps dans des modes d’organisation sociale excluant la primauté des plus puissants.

Certains même n’ont pas fait de différence selon les genres, chacun contribuant à hauteur de ses possibilités à la vie communautaire.

Ce miracle épuisé, je m’interroge sur les raisons de nos assujettissements, de nos esclavages consentis au nom de divinités ou de forces contraignantes.

Saurions-nous regarder avec lucidité ces mâles à qui nous confions tous pouvoirs, pouvoirs plus souvent imposés à coup de guerres, de famines, de réduction en esclavage.

Avec toujours comme prétexte que certains parmi les homo sapiens seraient supérieurs aux autres.

Toujours au nom d’une couleur de peau, d’un genre ou d’une particularité insupportable aux yeux des dominants.



Xavier Lainé

10 Mars 2025


jeudi 24 avril 2025

Mâles ruines 9

 





Excusez mon décalage mais hier je n’avais pas envie.

Justement parce que tous ou presque y allaient de leur discours hypocrite, en particulier les hommes.

Pour rompre avec cette hypocrisie, il nous faudrait à nous les hommes, le courage de regarder en face le monde que nous avons généré.

Monde qui rend la femme esclave de notre genre, même quand nous pensons à elle avec la bouche en cul de poule, même quand nous lui rendons un hommage appuyé.

Il est bien mérité, mais, si longtemps maintenue en déconsidération, ça marque les mémoires.

Elles ont bien raison de nous en vouloir.

Et quand moi aussi je cause, j’hésite sur le seuil de ma parole.

Qui me donne le droit de parler d’elles.

C’est la parole des femmes qui m’importe, pas les discours creux que je formule.

Or cette parole est le plus souvent occultée.

Les hommes sont omniprésents. Le masculinisme triomphe au sommet des états, et dans les mentalités.

Il suffit d’ouvrir les yeux et de se promener en ville un dimanche après-midi pour constater les mâles au bistrots tandis que leurs femmes…

Excusez mon décalage, mais si souvent j’ai honte.

Si souvent ne sais plus comment faire pardonner les erreurs de mon genre.

Ils sont si nombreux les mâles à confondre fête et journée de lutte.

Alors ça ne coute pas grand chose mais ils rentrent à la maison, après l’apéro entre mâles, une rose à la main.

Un jour ils tiennent propos machistes pour le lendemain inaugurer en grande pompe un lieu ouvert pour parler des discriminations.

À aucun moment ne se pose la question de la nature même de la société, construite de A à Z sur des bases discriminatoires et racistes.

Ils sont beaux les discours, qui ne remettent pas en cause les fondements d’un monde.

Ils sont beaux mais ne permettent pas d’avancer pour qu’au quotidien quelque chose change.



Xavier Lainé

9 mars 2025