Je trainais les pieds dans la boue
Car les rues ici n’avaient plus forme de rues avenantes
Elles n’étaient plus que chemins infâmes
Qu’on rencontre d’habitude aux flancs des collines
Les visages semblaient aussi défaits que les rues
Les places n’étaient plus que failles béantes
Que même les prières en l’église murée de barrières
Ne suffisaient plus à combler dans l’air gris
Jamais vu si peu de monde aux samedis allègres
Où vont gens de peu dans petite ville lointaine
Causant ici et là des bruits que font les courants d’air
Lorsqu’ils demeurent cloitrés derrière façades en travaux
Je trainais des pieds dans la boue
Mes yeux n’en pouvaient plus de contempler
La triste cohorte des citoyens fourbus et soumis
Qui n’osent dire en quel labyrinthe ils errent
Ils ont le regard éteint des gens prisonniers
Pliés sous le joug des tristes conventions
Qui interdisent aux bourgeois colère et révolte
Quand il faudrait pourtant un soulèvement
Ici monsieur on vit soumis car c’est petit pays
Si petit pays que dans les brumes la pensée s’envole
Qu’il n’en reste que vagues empreintes dans la boue
Où mes pieds traînent vague souvenirs de bonheurs
J’allais par les rues boueuses
Traînant le spleen d’un temps déboussolé
D’un temps d’effroyables effondrements
Xavier Lainé
22 février 2025