dimanche 6 avril 2025

Ivresse et solitude 22

 





Je trainais les pieds dans la boue

Car les rues ici n’avaient plus forme de rues avenantes

Elles n’étaient plus que chemins infâmes

Qu’on rencontre d’habitude aux flancs des collines


Les visages semblaient aussi défaits que les rues

Les places n’étaient plus que failles béantes

Que même les prières en l’église murée de barrières

Ne suffisaient plus à combler dans l’air gris


Jamais vu si peu de monde aux samedis allègres

Où vont gens de peu dans petite ville lointaine

Causant ici et là des bruits que font les courants d’air

Lorsqu’ils demeurent cloitrés derrière façades en travaux


Je trainais des pieds dans la boue

Mes yeux n’en pouvaient plus de contempler

La triste cohorte des citoyens fourbus et soumis

Qui n’osent dire en quel labyrinthe ils errent


Ils ont le regard éteint des gens prisonniers 

Pliés sous le joug des tristes conventions

Qui interdisent aux bourgeois colère et révolte

Quand il faudrait pourtant un soulèvement 


Ici monsieur on vit soumis car c’est petit pays

Si petit pays que dans les brumes la pensée s’envole

Qu’il n’en reste que vagues empreintes dans la boue

Où mes pieds traînent vague souvenirs de bonheurs


J’allais par les rues boueuses

Traînant le spleen d’un temps déboussolé

D’un temps d’effroyables effondrements



Xavier Lainé

22 février 2025


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