vendredi 13 juin 2025

Pas Marché 28

 





Le fiel du racisme répandu

Un jour où l’autre 

On en récolte les fruits

Fruits amers et révoltants

Le mal banalisé

Bien difficile d’en endiguer

La boue tumultueuse


Aboubakar est mort dans sa prière

On me traitera peut-être

D’horrible terroriste

Moi qui suis parfait mécréant

Mais


Qu’est-ce que cette humanité

Où palestiniens de Gaza

N’ont que le droit de mourir

Pour ce qu’ils sont


Qu’est-ce que cette humanité

Où l’on peut mourir

Pour avoir cru en un dieu

Sans l’imposer à qui que ce soit

Qu’est-ce que cette humanité

Où prendre la défense des plus faibles

Vous doit d’être menacé et emprisonné


Aboubakar est mort dans sa prière

Libre à lui de croire 

À nous de ne pas

Mais libres ne veut pas dire mourir

Sous les coups des fanatiques

Imprégnés d’idéologies rances



Xavier Lainé

28 avril 2025


jeudi 12 juin 2025

Pas Marché 27

 





J’écris sans rien chercher d’autre

Que noircir les pages en résonance

Avec les vies brisées autour de moi


C’est sûr je n’écris pas pour plaire

Ni pour faire plaisir quoique

Il peut y avoir plaisir 

À appeler les choses par leur nom

À dire ce qui est sans tomber 

Dans l’obscure réalité du monde


Il y a plaisir à dénoncer les travers

Suivre avec les mots les sentiers interdits

Marcher sur les pelouses inaccessibles

Gravir les sommets du vocabulaire

Pour crier avec les loups

Que l’humain sait être pire


Il n’y a pas de honte à dire

Que la poésie saigne sous les décombres

À Gaza comme partout

Où les barbares et les individus rois

Commettent leurs crimes 

En toute impunité


Pas de honte à crier avec les suppliciés

Avec les réduits à la misère

Plutôt qu’aligner jolis mots bien polis

Pour ne pas effaroucher les bourgeois


Mais toujours croître vivant

Mais sans pousser droit

Pour ne pas suivre le courant.



Xavier Lainé

27 avril 2025


mercredi 11 juin 2025

Pas Marché 26

 





De quel enfer pourrions-nous parler

sinon celui que certains d'entre nous

ne tournant qu'autour d'eux-mêmes

créent sous nos yeux incrédules ?


Me voici devant l’épreuve


Faut-il aller au devant

Arborer écritures comme médailles

Me battre pour atteindre

Le devant de la scène

Faire savoir à la terre entière

Qu’un livre est mon enfant

Qui demande à vivre 

Sous les yeux de lecteurs ?


Ou


Fuyant fausse célébrité

Demeurer dans le silence de mon antre

Écrire et encore écrire

Tandis que livre végète

Ne trouvant nulle fenêtre

Qui lui soit ouverte pour respirer ?


Me faudrait-il pénétrer en enfer

Ce lieu enflammé où tant brûlent leurs ailes

Croyant en un succès fulgurant

Retombant dans le silence glacial

Une fois les pleins feux éteints ?



Xavier Lainé

26 avril 2025


mardi 10 juin 2025

Pas Marché 25

 




Chaque jour un peu plus le couteau

Chaque jour un peu plus


Puis les larmes devant le massacre

La page restée presque blanche

Avec la honte en plus


Honte d’appartenir à cette espèce

Qui ne sait apprendre de l’histoire

Se jette dans les griffes des pires

Ou se prosterne devant des dieux

Qui jamais ne pourront l’aider


Passées les larmes

Passé le sang 

Entendus les cris


À chaque petit point rouge 

Au centre de la fleur

Au centre du monde

La mémoire des humains sacrifiés 


Le coeur n'est jamais assez grand


Je pleure

Ne sais de quels mots ensemencer le jour



Xavier Lainé

25 avril 2024


lundi 9 juin 2025

Pas Marché 24

 





Mieux que la compagnie humaine

celle du printemps 

déployée en subtiles beautés



Xavier Lainé

24 avril 2025


dimanche 8 juin 2025

Pas Marché 23

 





Dès lors je pose ça là : deux boutons de soleil ou deux soleils éclos dans la luxuriance d’un printemps.

Deux soleils fleuris qui à eux seuls font système dans le vert et le bleu.

Deux soleils dans le même système... Mais rien à voir avec l'astronomique ignorance.

Astronomique ignorance qui conduit l’homme seul prétendant au pouvoir à sacrifier ses semblables sur l’autel de ses divinités.

Dans le temple de l’argent roi, armes et sang ne signifient rien d’autre que fortune.

Qu’importent les larmes, les membres sacrifiés dans les ruines d’une époque.

Qu’importent les intenses migrations qui traversent Mare Nostrum sans, trop souvent, atteindre l’autre rive.

Les ignorants qui pérorent en paroles vaines font de notre petit caillou verdoyant, perdu dans l’immense univers un tombeau.



Xavier Lainé

23 avril 2025


samedi 7 juin 2025

Pas Marché 22

 





Mettre mes pas dans ceux de l'histoire.

Pour mieux déjouer les pièges du présent.

Présent si lourd et pesant sur coeur et paupières alourdis de larmes.

Présent qui me roule dans la honte lorsqu’en Terre prétendue sainte, on répand le sang des innocents.

Que le bras des assassins est armé par ceux qui prétendent parler en mon nom.

Ceux-là n’ont aucune légitimité qui font fortune du commerce meurtrier.


Je pose mes pas dans ceux d’une histoire.

Une histoire dont je me nourris.

Car elle grandissait l’homme jusque dans les épreuves qu’il traversa.

Qu’au plus profond du pire, de petites voix écrivaient des mots de lumière qui ne seraient découverts que plus tard.

On sait ce qu’on écrit.

On sait pourquoi on le fait.

On ne peut rien savoir du sort de nos mots dans le fleuve de l’avenir.

Certains se perdent comme bouteilles à la mer, d’autres font leur chemin dans le courant des consciences, parlent pour des âmes pas encore nées.

Un jour, du fond des tiroirs, les mots affleurent à la surface du monde.

Ils entrent par les yeux des suivants, parfois font ainsi chemin comme témoins de ce qu’est notre époque.

Notre époque.

Nous aurions tant aimé qu’elle tourne le dos aux tragédies du XXème siècle !

Nous voici devant cette réalité : nous confions nos destins à des humains qui ne méritent pas d’être placés au sommet.

Nous sommes devant ce désastre qu’ils sèment, ces plaies béantes qu’ils ne cessent d’ouvrir.

Ce sang qui rejaillit de siècle en siècle rebondissant de tragédies en génocides

Mes rêves volent par dessus le linceul méditerranéen au secours des enfants de Gaza.



Xavier Lainé

22 avril 2024