jeudi 30 octobre 2025

Une autre nef des fous 14

 





Alors j’admets une fois pour toute d’en découdre

Avec le poème comme avec la vie

Avec les mots qui me manquent 

Avec ceux qui me trottent nuit et jour dans la tête

Pour demeurer secs au matin 

Devant le blanc de la page


Alors j’admets une fois pour toute d’en découdre

Avec ce monde égaré

Avec ces humains qui laissent derrière eux

Pitoyables traces de leur passage

Je n’admire pas les travaux pharaoniques

Qui traversent les siècles 

Mais au moins ont-ils une certaine beauté

Tandis que partout ce temps ne sème

Que ruines et détritus


Alors j’admets une fois pour toute d’en découdre

De tordre les mots jusqu’à en tirer jus

Tandis que l’amour comme l’art

Ne sont plus qu’objet de cupides convoitises

Réduits à produits étalés

Dans les gondoles du commerce roi


Alors j’admets une fois pour toute d’en découdre

De dresser mes mots comme barricades

Visant à protéger des flots boueux

Les âmes encore vivantes 

Vibrantes d’humanité à venir

Pauvres petites flammes encore allumées

Dans le massacre en cours

De tout ce qui fut au-dessus des pages

Construit pour en transmettre le flambeau



Xavier Lainé

14 septembre 2025


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