Manosque, 5 août 2025
Monsieur le Maire,
Mesdames et messieurs les conseillers municipaux,
À Gaza on ne meurt plus seulement sous les bombes, on y meurt aussi de faim.
À Gaza il ne fait pas bon être journaliste et en quelques mois le nombre de ceux-ci sciemment visés et tués est supérieur au nombre de journalistes morts pendant la seconde de guerre mondiale. De nombreuses sources convergent en ce sens : entre 1939-1945, 67 journalistes ont été tués dont un mort post-guerre en raison des séquelles du conflit selon le Watson Institute for International & Public Affairs[1]. Cette même source en compte entre 147 et 232 depuis octobre 2023 à Gaza. D’autres sources convergent en ce sens : selon le Committee to Protect Journalists (CPJ) ils seraient 186[2] ; selon Reporters Sans Frontières RSF ils seraient plus de 200[3].
À Gaza les hôpitaux ne représentent plus un havre de sécurité qui permette de soigner les blessés, toutes les infrastructures ont été méthodiquement démolies.
À Gaza, les enfants meurent sous les bombes, les décombres ou de faim. Même les bébés ne sont pas épargnés que les mères ne peuvent plus nourrir faute d’être elles-mêmes alimentées, et faute de lait infantile bloqué systématiquement aux frontières de l’enclave.
Israël à Gaza commet le pire, insultant la mémoire des croyants juifs rescapés de la Shoah.
Ceux-ci de plus en plus nombreux s’élèvent contre les crimes de guerre proches du génocide si nous ne faisons rien.
Ils ne sont pas les seuls, de partout monte la condamnation des crimes commis.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) elle-même ainsi que la Cour Pénale Internationale (CPI) condamnent les faits largement établis (Ces informations sont présentées dans le communiqué de presse de la CPI du 21 novembre 2024 que vous pourrez consulter ici : https://www.icc-cpi.int/fr/news/situation-dans-letat-de-palestine-la-chambre-preliminaire-i-de-la-cpi-rejette-les-exceptions)
Nul ne peut dire qu’il ne savait pas.
Si la Shoah fut possible à l’insu de l’immense majorité, aujourd’hui ce qui se produit à Gaza et en Cisjordanie est là, sous nos yeux et nos écrans, relayé par des organisations non-gouvernementales reconnues par leur sérieux : Amnesty International, RSF, Médecin Sans Frontière etc. ; Ainsi que par de grandes institutions internationales : CPI, ONU.
Les déclarations de certains responsables du gouvernement israélien sont sans ambiguïté : ils visent à éradiquer toute présence palestinienne sur le territoire qu’ils estiment leur revenir.
Nous voici revenu aux tristes temps d’un esprit colonial qui juge l’autre, l’étranger, celui qui a une culture différente, inopportun.
Voici que se reproduisent sous nos yeux les génocides qu’on aurait voulu voir disparaître à tout jamais.
Ce qui se passe là, n’est pas seulement un évènement hors-sol, un spectacle affligeant.
Ce qui se joue, c’est la dignité de notre humanité.
Nous n’avons que deux options : nous taire et cautionner par notre silence la barbarie (mais prenons conscience que celle-ci ne se limitera pas à la Palestine), ou à minima montrer notre solidarité avec les femmes, les enfants les vieillards et les innocents qui meurent chaque jour sous nos yeux.
Il faut un temps où votre conseil municipal s’était engagé aux côtés des ukrainiens envahis par la Russie.
Je ne tiens pas ici à comparer les crimes, ni à en estimer la hauteur d’injure à notre humanité commune.
Je dis qu’un humain innocent qui meurt sous les bombes, en Ukraine, à Gaza, ou en d’autres points de ce monde, est une plaie de plus au cœur de notre humanité.
Si je vous écris aujourd’hui, c’est pour vous inviter, en votre âme et conscience, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers, à faire acte de solidarité avec les innocents sacrifiés.
Au nom de notre humanité, je trouverais noble de votre part d’accepter d’apposer le drapeau palestinien sur la façade de notre Hôtel de Ville. Ce serait l’acte minimal qui nous rétablirait un peu dans notre humanité déstabilisée et blessée.
Ce serait aussi un message fort envoyé au monde, signant le choix qui serait le vôtre de défendre l’humanité contre la barbarie qui nous guette.
Bien entendu, je rends ma lettre publique sur mon blog et les réseaux sociaux.
Il en sera de même bien entendu de votre réponse s’il devait y en avoir une. À défaut, je réitèrerais ma requête autant que nécessaire.
Il en va de notre capacité à grandir en humanité. Je ne doute pas que vous irez dans ce sens.
« À toi, humanité actuelle des lois maléfiques et de l'injustice sans borne,
Et à toi, Humanité qui dois être le géant d'or maître de l'avenir de la fraternité,
À vous deux, moi, poète rebelle et idéaliste des orients et des soleils,
Je dois vous apporter la flamme de la colère de mon peuple torturé et la protestation furieuse de son œuvre détruite… » écrivait Siamanto, poète arménien victime du génocide.
En tant que citoyen, écrivain dit poète par ceux qui me lisent, je ne peux que souhaiter que vous comprendrez ma démarche et voudrez bien la soutenir.
En vous priant, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux, de bien vouloir m’excuser de cette incursion dans les affaires de notre commune et vous souhaitant un éveil aux choses de la vie qui nous évite un cruel et douloureux réveil.
Xavier Lainé
Citoyen Manosquin
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