Un jour.
Un jour je me suis tu.
C’était comme si, assez brutalement, le couvercle du monde était tombé sur mes pensées.
Je ne savais pas comment faire.
J’étais toujours à côté.
De côté, aussi.
Un jour, je n’ai plus fait qu’observer le mouvement des foules.
Hier elles allaient, bonnets phrygiens et sans culotte, démembrer toutes les bastilles.
Le lendemain elles partaient la fleur au fusil, défendre une patrie tombée aux mains bien peu recommandables des rois de l’économie.
C’était comme un mauvais rêve, alors je suis retourné dans mes livres pour tenter de comprendre.
Comment tant peuvent vivre aussi versatiles ?
Un jour, prêts à en découdre avec tous les rois, les roitelets, les puissants de toutes espèces.
Puis aussitôt partent défendre leurs maîtres, nouveaux ayant remplacé les anciens.
Soumis aux chaines sous les sarcasmes polis des néo-monarques.
Elus, certes, élus, mais d’une élection tellement balisée que république ne résonne plus avec démocratie.
C’était juste après que 1789 eut sonné le triomphe des industriels et des commerçants, bourgeois ventrus croqués par Daumier.
L’un avait quitté la Creuse et l’autre Cracovie.
Gavroche hantait les rues de la capitale dans un de ces soubresauts de l’histoire vite étouffé dans le sang.
Xavier Lainé
10 mars 2021
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire