Je ne fais que vous regarder, artisans d’une résurrection des consciences.
Artisans d’un renouveau de la pensée et de l’action.
Je ne fais que vous regarder, vous qui venez de 89, de 48, de 71, et me faites signe, là, sous mes fenêtres fermées.
Me voici, confiné faute de ne pouvoir faire mieux, contraint par les nécessités d’une économie vouée à l’absurde, ne vous rejoignant que par mes pensées.
C’est pourtant vous qui êtes les héritiers de ce qui fut noyé dans le sang.
C’est pourtant vous qui portez haut le flambeau d’un peuple qui assume ses responsabilités en refusant d’obéir.
Je ne fais que vous contempler et fulminer de ne pouvoir être parmi vous.
Poète sans envergure, rendu muet par une vie qui ne fut que long cheminement vers le silence.
J’ai tant rêvé de ces instants où la révolte joyeuse explose au grand jour.
J’ai tant imaginé qu’enfin le réveil pourrait sonner.
J’ai tant refusé toutes ces commémorations qui ne sont que moyen de noyer la mémoire.
Me voilà aujourd’hui cloué au pilori des obligations.
Je ne suis d’aucune barricade.
Je me contente de rêver de ma muse brandissant son drapeau sous la mitraille.
Je suis de toutes les colères rentrées.
Je vis sous ce couvercle plombé d’un métier, d’un rôle social qui n’a rien à voir avec la vie.
Mes mots se voudraient poudre semée jusqu’au barillet des munitions.
Mes doigts allumeraient les mots pour que vienne enfin l’explosion de ce monde qui ne me fit, comme à la plupart, aucune véritable place.
Je voudrais être l’allumeur des mèches d’espérance.
Xavier Lainé
16 mars 2021
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