vendredi 23 avril 2021

Rouge misère 25 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 3)

 




Pour maintenir le couvercle, il faut, aujourd’hui comme hier, maintenir les citoyens dans l’ignorance.

Ignorance de leur histoire, celle qui s’écrit entre les lignes de l’Histoire enseignée.

Celle qui fabrique le sentiment d’impuissance et d’abattement.

Celle qui permet de maintenir, dans le chaos entretenu, cette sidération qui paralyse.


Les dominants ont toujours voulu paralyser leurs proies.

Je disais : il fut un temps d’esclavage, et vous me regardiez méfiants.

Que va-t-il encore nous sortir ?

Il fut donc ce temps.

Puis vint celui où même l’escave fut considéré comme trop onéreux.

Alors on eut recours au salariat : tu travailles, tu reçois ta paye de misère et débrouille toi pour vivre avec.

Sauf qu’elle ne fut calculée que pour reproduire à peine ta force de travail.

À peine le temps de dormir et de te nourrir qu’il fallait déjà, avec femmes et enfants t’attacher à la chaîne.

Les mots ont tout leur sens : t’attacher à la chaîne et produire des objets dont tu ne verras jamais la couleur.

Te rendre esclave d’un maître et quémander un « droit au travail » sur un « marché » du même nom qui n’est que version soft de celui aux esclaves.

De révolte en révolution tu as arraché un « droit du travail » qui ne faisait que rendre tes chaines moins lourdes, interdisant le travail des enfants, limitant l’âge et les horaires de ton labeur.

Même ce minimum de 89 en 30, en 48, en 71, en 36 ou 45 puis 68, il te fallait l’arracher, car pour celui qui cotise à la bourse, ce qui l’arrange, c’est de te maintenir juste à la limite de l’esclavage.

On y revient : point de chaines visibles, juste des muselières et la peur de l’autre comme « barrière » infranchissable.


Xavier Lainé


26 mars 2021


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