mardi 8 juillet 2025

Un trou béant en plein coeur 23

 





Il était douloureux

Le réveil

Bien avant l’hécatombe


C’est comme si notre humanité

Était incapable d’apprendre de son expérience

De tirer les leçons de ces ténèbres répandues

Où agonisent tant d’innocents


Excusez-moi

Je ne sais pas me débarrasser 

Des visions apocalyptiques

Même si je suis convaincu

Qu’une apocalypse existe

Pour nous révéler quelque chose

À propos de nous-mêmes


C’est même son sens premier

Mais perdus dans les fumées répandues

Nous ne savons pas voir

Ce que ruines nous disent

Ce que cris d’enfants affamés 

Nous invitent à changer 


Nous ne voyons rien

Nous errons dans les rues bien propres

D’un pays qui se dit riche

Mais qui n’a jamais fait plus intense démonstration

De sa pauvreté d’âme et de coeur

Je suis devant ce temps pitoyable

Je cherche dans l’amas des mots

Une boussole capable de me diriger

Tandis que tant partent vers le naufrage



Xavier Lainé

23 mai 2025


lundi 7 juillet 2025

Un trou béant en plein coeur 22

 





Alors je continue

Je continue à ne pas poser des points d’interrogation

Où il faudrait pourtant en mettre

Pour satisfaire aux exigences convenues


Je continue

Je continue et je lis

Qu’à partir de 53000 morts

Essentiellement des femmes et des enfants

En tous cas une majorité d’innocents

Le réveil est douloureux


Il aurait dû l’être depuis 1948

Depuis que le droit international est bafoué

Il aurait dû

Mais visiblement

Les intérêts coloniaux étaient plus importants

Que les vies brisées

Les vies achevées nettes

Dont toutes traces furent effacées

À grand coup de bulldozers


Je pose des questions sans points d’interrogation

Parfois les réponses sont contenues dans

Alors à quoi bon


Ceci explique cela

Cette bonne conscience qui voulait

Se blanchir de la Shoah

En donnant une terre qui appartenait à d’autre

On trempe la main dans le bénitier du dimanche

On se pense absout de toutes ses fautes

Morale de pacotille au pays des hypocrites



Xavier Lainé

22 mai 2025


dimanche 6 juillet 2025

Un trou béant en plein coeur 21

 





On me demande ce que je fais

Si ce que j’écris est de la poésie

Poésie ou autre chose

Quelle importance ?

J’écris

Dans le grand dérangement du monde

J’écris


J’écris depuis des rives de peines

Depuis des fleuves de joie

Depuis petits bonheurs 

Volés à des temps moroses


J’écris

Je n’écris pas pour faire joli

J’écris avec mes tripes

Avec mon sang et ma fureur de vivre

Avec ces cris qui me parviennent

Du plus profond silence

Que mon âme se créée 

Pour demeurer sereine


On me demande ce que je fais

Je dis que je vis

Et que dans un monde pareil

C’est un travail et une épreuve

Qui nécessite un engagement

À plein temps d’écriture


Or même ça est refusé

Écrire à plein temps

Écrire sans être interrompu

Par pauvres nécessités 



Xavier Lainé

21 mai 2025


samedi 5 juillet 2025

Un trou béant en plein coeur 20

 





J’ai peur de rester sans mot

J’ai peur de mal dire

De mal interpréter les silences

Ai-je bien compris

Des enfants meurent sciemment

Sous les décombres de Gaza

Vous ne trouvez rien à dire

Rien à faire pour les sauver

Seriez-vous donc d’accord

Avec les criminels et les affameurs


Or pendant que là-bas on meurt 

Ici la vie se poursuit

Avec ses joies et ses peines

Ses joies surtout

Lorsqu’enfant s’ouvre

À la perspective de vivre de ses passions


Là-bas on meurt

Ici on vit

Ce grand écart est douloureux

Je ne peux pas dormir tranquille

Même avec le bonheur 

De voir fils réussir son entrée dans la vie


Les ruines de Gaza m’obsède

Que le génocide soit commis

Au nom de la religion juive

Qui en a vu tant périr du même processus

Me blesse profondément

Quiconque utilise la religion

Pour justifier le crime

Ne fait qu’en salir la perspective



Xavier Lainé

20 mai 2025


vendredi 4 juillet 2025

Un trou béant en plein coeur 19

 





Ainsi avançaient les chars en terrain presque conquis

Ils ne rencontraient aucune résistance notable

Achevaient d’effondrer ce qui restait des bâtiments

Déjà anéantis par les tirs aériens


Ainsi avançaient les chars en terrain meurtri

Que leur importait qu’en dessous des ruines

Pouvaient encore espérer vieillards femmes et enfants

Ils avançaient écrasant tout sur leur passage


Ainsi avançaient les chars en terrain affamé

Des femmes brandissaient les corps décharnés 

De leurs enfants privés de nourriture

Par la seule volonté d’un tyran aveuglé de haine


Ainsi avançaient les chars et derrière eux

Les bulldozers de la colonisation entamée en 1948 

Que les Palestiniens nomment la Nakba

La grande catastrophe le nettoyage ethnique


Ainsi avançaient les chars en terrain conquis 

Et derrière eux les bulldozers rasaient tout 

Il ne resterait rien de ce qui fut Gaza

Les colons pourraient s’y installer


Ainsi avançaient les chars dans la nuit

Notre humanité prenait le virage sombre

Du génocide et du crime contre l’humanité

Sous le regard indifférent des gouvernants du monde


Ainsi avançaient les chars et les peuples se levaient

Mais leurs gouvernements ne disaient et faisaient rien

Ne pouvant dire qu’ils ne savaient pas ils se montraient complices



Xavier Lainé

19 Mai 2025