dimanche 6 juillet 2025

Un trou béant en plein coeur 21

 





On me demande ce que je fais

Si ce que j’écris est de la poésie

Poésie ou autre chose

Quelle importance ?

J’écris

Dans le grand dérangement du monde

J’écris


J’écris depuis des rives de peines

Depuis des fleuves de joie

Depuis petits bonheurs 

Volés à des temps moroses


J’écris

Je n’écris pas pour faire joli

J’écris avec mes tripes

Avec mon sang et ma fureur de vivre

Avec ces cris qui me parviennent

Du plus profond silence

Que mon âme se créée 

Pour demeurer sereine


On me demande ce que je fais

Je dis que je vis

Et que dans un monde pareil

C’est un travail et une épreuve

Qui nécessite un engagement

À plein temps d’écriture


Or même ça est refusé

Écrire à plein temps

Écrire sans être interrompu

Par pauvres nécessités 



Xavier Lainé

21 mai 2025


samedi 5 juillet 2025

Un trou béant en plein coeur 20

 





J’ai peur de rester sans mot

J’ai peur de mal dire

De mal interpréter les silences

Ai-je bien compris

Des enfants meurent sciemment

Sous les décombres de Gaza

Vous ne trouvez rien à dire

Rien à faire pour les sauver

Seriez-vous donc d’accord

Avec les criminels et les affameurs


Or pendant que là-bas on meurt 

Ici la vie se poursuit

Avec ses joies et ses peines

Ses joies surtout

Lorsqu’enfant s’ouvre

À la perspective de vivre de ses passions


Là-bas on meurt

Ici on vit

Ce grand écart est douloureux

Je ne peux pas dormir tranquille

Même avec le bonheur 

De voir fils réussir son entrée dans la vie


Les ruines de Gaza m’obsède

Que le génocide soit commis

Au nom de la religion juive

Qui en a vu tant périr du même processus

Me blesse profondément

Quiconque utilise la religion

Pour justifier le crime

Ne fait qu’en salir la perspective



Xavier Lainé

20 mai 2025


vendredi 4 juillet 2025

Un trou béant en plein coeur 19

 





Ainsi avançaient les chars en terrain presque conquis

Ils ne rencontraient aucune résistance notable

Achevaient d’effondrer ce qui restait des bâtiments

Déjà anéantis par les tirs aériens


Ainsi avançaient les chars en terrain meurtri

Que leur importait qu’en dessous des ruines

Pouvaient encore espérer vieillards femmes et enfants

Ils avançaient écrasant tout sur leur passage


Ainsi avançaient les chars en terrain affamé

Des femmes brandissaient les corps décharnés 

De leurs enfants privés de nourriture

Par la seule volonté d’un tyran aveuglé de haine


Ainsi avançaient les chars et derrière eux

Les bulldozers de la colonisation entamée en 1948 

Que les Palestiniens nomment la Nakba

La grande catastrophe le nettoyage ethnique


Ainsi avançaient les chars en terrain conquis 

Et derrière eux les bulldozers rasaient tout 

Il ne resterait rien de ce qui fut Gaza

Les colons pourraient s’y installer


Ainsi avançaient les chars dans la nuit

Notre humanité prenait le virage sombre

Du génocide et du crime contre l’humanité

Sous le regard indifférent des gouvernants du monde


Ainsi avançaient les chars et les peuples se levaient

Mais leurs gouvernements ne disaient et faisaient rien

Ne pouvant dire qu’ils ne savaient pas ils se montraient complices



Xavier Lainé

19 Mai 2025


jeudi 3 juillet 2025

Un trou béant en plein coeur 18

 





Un jour nous regretterons amèrement

D’avoir laissé faire 

De n’avoir rien dit ou si peu

De n’avoir été que fort peu nombreux

À voir derrière le bras armé de haine

Qui frappe sans discernement un peuple

La déchéance de notre humanité


Un jour nous regretterons amèrement

D’avoir taxé notre voisin et nos amis

D’antisémites ou de complices de terroristes

Pour avoir vu quel jeu se joue dans ce monde

Qui par essence s’est toujours vautré

Dans le crime et le sang pour dominer

Pour acheter et vendre tout ce qui bouge

Tout ce qui vit 

Tout ce qui est capable encore d’émotion

Et d’amour


Un jour nous regretterons amèrement

Je me mets dans le lot car mes mots sont trop faibles

Que comme beaucoup d’autres je me trouve toujours

Quelques circonstances pour ne pas aller manu militari

Sortir de leurs palais ceux qui arment le bras des assassins


Un jour nous regretterons mais il sera trop tard

La bouche en cul de poule un sinistre président

Ne reconnaîtra que les ruines formant tombeau

Sur les cadavres de notre humanité déchue


Un jour nous regretterons 

Ils seront devant notre porte

Et plus personne ne pourra nous sauver



Xavier Lainé

18 mai 2025


mercredi 2 juillet 2025

Un trou béant en plein coeur 17

 





Comme vous y allez

Tandis que pas loin génocide s’en vient

De quelle religion parlerez-vous encore

Qui tolèrerait le meurtre de masse

Les infanticides calculés


Certes c’est samedi

Nous allons faire nos courses

Nous discutons dans les rues

Comme si de rien n’était

Dans mes oreilles

Il y a ce bourdon infernal

Ce bruit démentiel

Que font les bombes

Effaçant un peuple


Comme vous y allez

L’air indifférent

Comme si rien ne pouvait vous arriver

Alors que demain

Fruit de ce silence

Les pires qui cautionnent le crime

Viendront ici-même vous contraindre


Vous pourrez toujours assumer

De n’avoir rien dit et rien fait

Vous ne pourrez pas dire

Que vous ne saviez pas


Car ce qui se déroule sous nos yeux

Derrière le voile médiatique 

Sous le couvercle des mauvaises consciences

Est un crime contre notre humanité



Xavier Lainé

17 mai 2025