mercredi 29 mars 2023

Une ode au retrait 10

 




Je serai tapi dans ce silence pesant

Celui qui précède les orages

Celui qui est bruissant de vie souterraine


J’attendrai là dans le murmure des sources

Y boirai jusqu’à plus soif

Le tendre écoulement de l’amour


Puis m’en retournerai

Déambuler parmi les mains tremblantes

Blotties sous les porches du désespoir


Dru désespoir écriront mes doigts gourds

D’avoir trop posé ma tête sur l’oreiller des mots

D’où jaillissaient en lave ardente

La force de vos maux


Je serai tapi dans ce silence pesant

Patient j’écouterai les soupirs de survie

Les cris de révolte qui déambulent

En longs cortèges de colère


Ils ne savent rien de la puissance du silence

Les retords qui salissent nos vies

Ils n’écoutent qu’eux mêmes

Oubliant qu’être humain n’est d’aucune raison

Ni d’aucune source définitive


Être humain n’est qu’un devoir de mise à l’oeuvre

C’est ici qu’il nous faut nous mettre à l’ouvrage


(10 mars 2023 — 1 — 5h59)


Xavier Lainé


mardi 28 mars 2023

Une ode au retrait 9

 




C’est cauchemar de vivre en monde sans humanité

En monde incapable de faire fonctionner ses monstres technologiques

Monde convaincu de sa droite raison

Même quand on lui prouve le contraire


C’est cauchemar que de dire

De hurler la douleur d’exister en ce monde là

Et de ne rencontrer que regards éberlués

Comme si tout devrait être « normal »


(9 mars 2023 —  1 — 7h36)


*


Il y a l’attente incertaine

Le coeur battant qui ne sait

De quoi sera fait la rencontre


Il y a toujours l’attente

Qui dure parfois une vie

Sans savoir comment la remplir

De tendresse et d’amour

Toujours le coeur qui bat

L’esprit qui se tient en éveil

Guettant la vie au détour des rêves


Il y a

Si souvent la nécessité du silence

Où déposer les espérances

Pour ne pas qu’elles se fanent


(9 mars 2023 — 2 — 13h43)


Xavier Lainé


Une ode au retrait 8

 






Je n’ai jamais su être un homme

Viril en diable et méprisant pour l’autre genre

J’ai toujours conjugué ma masculinité 

Au temps présent d’une bonne dose de féminité

Pour ne pas basculer 

Comme tant rencontrés en une existence

Dans cette folle domination qui fait de l’homme

Le bourreau des femmes


Je n’ai jamais su imposer ce que mes congénères

Nomment amour qui se confond au désir

Ou plutôt leur désir qu’ils prennent pour de l’amour

Leur désir qui plombe toute notion d’amour

Pour en faire l’outil d’une oppression généralisée


J’ai toujours compris qu’il me fallait apprendre

Apprendre de mes compagnes en amour

Même sans parfois très bien savoir ce que ce mot 

Tant répété peut signifier

J’ai appris

J’ai appris à être homme

Le jour où mes yeux se sont ouverts

Sur ce que les hommes font

Lorsqu’ils se conforment 

À l’idée d’un système où ils sont les guerriers

Tandis que femmes et enfants pleurent

Sous les mauvais coups qui pleuvent


J’ai toujours gardé au fond du coeur

Un amour irrépressible pour la beauté et la douceur


(8 mars 2023 — 1 — 7h56)


 *


Je dirai


Je dirai l’égalité qui commence

Lorsque je me débarrasse des oripeaux

Qui souillent notre humanité commune

En prenant visage d’horreur et de guerre


Je dirai


Qu’un homme qui en tue un autre

N’en est plus un

Qu’un homme qui tue une femme

N’en est plus deux


Je dirai


Je dirai et répèterai

La honte et les supplices

Celle des blessures

Qui nous salissent

En flots de misère


(8 mars 2023 —2 — 14h07)


Xavier Lainé



dimanche 26 mars 2023

Une ode au retrait 7

 




Le mur se rapproche

Nous y allons si vite

À la vitesse du son ou de la lumière

Mais ça va faire mal

Nous ne vivons plus

Nous dérivons sur les immondices

Nous tentons de rester debout sur la vague

Mais la vague divague

Puis s’éteint


Il en est qui s’en moquent

Rien ne les empêche de sourire

Béatement ils sourient

Ils font semblant

Mais sont bien piètres comédiens


Le mur se rapproche

Nous y allons si vite

À la vitesse et au rythme

Imposés par d’autres

Qui comptent leurs bénéfices

À l’abri des regards


Nous ne vivons plus

Leur monde est devenu

Irrationnel et invivable

À toute âme encore un peu humaine


Nous ne vivons plus

Sommes déjà en survie


(7 mars 2023 — 1 — 9h50)


Xavier Lainé


samedi 25 mars 2023

Une ode au retrait 6

 




La colère

Mauvaise conseillère trop souvent

Mais incontournable

Lorsque tout va mal


Arrivé en Absurdistan

Un étrange pays

Où tout se passe à l’envers


Un étrange pays

Où rien ne fonctionne

Où il faut savoir tout faire

Puisque nul ne sait plus

Mettre son coeur à l’ouvrage


La journée passée

Te reste la colère

Sourde colère

Devant la soif de vivre attisée

Mais jamais rendue possible


(6 mars 2023 — 1 — 21h00)


Xavier Lainé

Une ode au retrait 5

 





En état de veille

Veille non surveillée

Le temps suspend son souffle

Combien seront-ils

À ne pas plier

Sous le joug de l’absurde

Nul ne sait


En état de veille

Tu peaufines ta décision

En être pour ne pas manquer

Le rendez-vous de l’histoire

Pour ne pas te mentir à toi-même


En état de veille

Ne plus subir

Ne plus accepter

De vivre l’inacceptable

De voir détruit l’oeuvre

Des générations passées


En état de veille

Puisque guerre est déclarée

Par élus

Contre leur propre peuple


En état de veille

Il s’agit du commun à défendre

Pour ne pas sombrer


(5 mars 2023 —1 — 7h07)


Xavier Lainé


vendredi 24 mars 2023

Une ode au retrait 4

 




J’en connais deux qui vont à la dérive

Qui comme des continents ne savaient pas 

Qu’un jour ils seraient sur la même plage

Que dans un étrange élan

Ils se jetteraient dans les bras l’un de l’autre


J’en connais deux qui se retiennent

Qui sentent l’élan qui les projette

En infinie tendresse

Laissant leurs coeurs à l’unisson

Battre au même rythme

De l’émotion qui les gagne


J’en connais une qui chuchote

Qu’elle aimerait bien s’appuyer

Sur le sentiment de l’autre


J’en connais un qui dompte

Les battements du sien

Reculant devant le fou désir

Qui envahit son esprit


J’en connais qui s’aiment

Mais ne se le diront jamais

Ils iront au secret de leur âme

Cultiver la tendresse

Pour ne sombrer aux appâts du désir


J’en connais deux que les circonstances

Ne laisseront pas s’épancher autant que leur élan le leur dicte


(4 mars 2023 — 1 — 7h56)


Xavier Lainé