Ne rien oublier pour tout reconstruire
Ce que tu cherches
Te réapproprier ton destin
Ne plus laisser aux mains sales qui depuis plus d’un siècle
Te conduise comme chair à canon
Réinventer du vivable
Du supportable
Changer d’échelle pour en finir avec l’esprit de domination
En éradiquer les racines jusqu’au fond de toi-même
Ne plus « vouloir » pour ne plus posséder
Laisser filer les heures et les jours
Et
De rencontres en rencontres tisser les liens
Ceux qui sauraient te
Me nous libérer de nos peurs
Car c’est le principe même de la domination
Que de jouer sur la peur et l’angoisse
Ces jeux qui nous fragilisent
Tuent toutes perspectives en laissant le champ libre
À qui veut et ne vit que pour le pouvoir et l’argent
L’humain est bien au-delà
L’humain est dans la lente construction du commun
Pas d’un commun décidé par quelque dictateur
Y compris inspiré de « marxisme »
Mais dans la réappropriation de nos vies
Nous avons un monde à construire
Nous en avons un autre à dépasser
Alors ceux qui tentèrent l’expérience
Ne seront pas morts pour rien
Ils nous auront invité à ce souffle indestructible
*
J’écris le mot « fascisme »
Celui-ci n’est pas seulement l’image qu’on s’en fait
Il est aussi le chemin qui y mène
Chemin semé d’embuches pour qui est considéré comme « rien »
Comme déchet de toute humanité par une « élite »
Parvenue aux sommets du pouvoir et de la puissance
Lorsque j’écris le mot « fascisme »
Je veux dire ce piège tendu par la peur de l’autre
Par le mépris de toute personne considérée comme autre
Comme différente dans sa pensée, dans ses actes, dans sa couleur de peau
C’est cette peur qui fait accepter le pire
Qui conduit par la voix directe dans les griffes odieuses
Dans ce « plus jamais ça » renié
Ou dit du bout des lèvres pour condamner l’issue fatale
Non le chemin qui nous y conduit
J’écris le mot « fascisme »
Car il est déjà là lorsque nous regardons avec indifférence
Les pauvres gens qui se noient devant nos portes
Lorsque nos coeurs ne saignent même plus devant les génocides
Devant les nettoyages ethniques
Mieux même que nous nous interdisons de prononcer ces mots là
Ces mots maudits qui en ont conduits dans les camps
Dont il semble que certains de leurs descendants ont oublié l’enfer des wagons plombés
Car avant ceux-là il y avait les rails et les longs convois sordides
Symboles de ce monde où sont sensés cohabiter ceux qui sont
Et ceux qui ne sont rien
Rhétorique implacable dont l’histoire nous a montré le monstrueux gouffre ouvert
Xavier Lainé
4 avril 2024