« Il est fou, qui fait à autrui
Ce qu’il n’aimerait qu’on lui fit.
Le sort que tu réserves à l’autre
C’est le même qu’il te fera.
Ce que tu cries dans la forêt
En écho, toujours l’entendras ;
Qui met l’autre dans un sac,
Se prépare ses toile et corde.
Qui répand les défauts des autres
On lui dira ses vérités… »
Sébastien Brant, La nef des fous
Oserions-nous nous emparer des mots des autres
Ou serons-nous assez fous pour nous croire hors d’atteinte
Ce que nous cautionnons aujourd’hui ailleurs
Un jour pourrait s’inviter à notre table
Nous n’aurons alors rien ni personne
Pour dresser barrage à l’inhumanité si commode
Alors que réfléchir et penser nécessite quelque effort
Serions-nous assez fous
Pour ignorer qui attire notre attention
Sur nos travers et nos folies
Jeter aux oubliettes de l’histoire
Les mots qui devraient nous réveiller
De la torpeur où nous endorment
Les plus fous parmi les fous
Détenant pouvoir et argent
Au seul profit de leurs tristes gloires
En oubliant d’être humain
Vendant leurs armes aux fous
Si prompts à en faire usage
Il semble que oui
Que le mois des fous peu à peu
Colonise tous les autres
Au point qu’il n’est plus une île
Plus un lieu où trouver refuge
Devant le tsunami de nos folies
*
Tant de vies brisées
Et toi ?
Tu écris
Tu es l’homme de la poésie solitaire
Qui ne se dit qu’en chuchotant
Aux oreilles potentiellement attentives
Tu es l’homme qui écris des mots
Dans le secret d’une vie pas
Pas meilleure qu’une autre
Pas pire non plus
Ce que tu aimes
C’est lorsque d’un mot
Le visage de l’autre se met à rougir
Alors tu te mets à l’aimer
Ce visage inconnu
Il reste gravé dans ton regard
Tout en ce monde est question
De rentabilité
Toi tu n’y crois pas
Xavier Lainé
30 mars 2024
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