C’est un exercice difficile
De mesurer ses propos
Le poids de ses actes
C’est un exercice périlleux
Car ce que tu dis ce que tu fais
Parfois se retourne
Le mois des fous approche de son terme
Gageons que la folie elle ne se découvrira pas d’un fil
Et qu’elle traversera les intempéries printanières
Sans même se mouiller le poil
Le mois des fous en vient à son terme
Tu retournes auprès de Sébastien Brant
Qui disait déjà en son temps
Combien le fol est en sa demeure
Dès lors qu’un monde part à la dérive
Certes les flots boueux
Certes les pluies diluviennes
Certes les tremblements de terre
Certes les éruptions volcaniques
Certes
Mais les noyés et les enterrés vivants
Sous les décombres d’un génocide
Dont il ne faut pas prononcer le nom
Tandis qu’aux frontières
Trafiquants en tous genres
Engrangent les bénéfices
Bien fol est celui qui s’y habitue
À regarder sans rictus de dégoût
Les tragédies d’un siècle
Dont nous avions dit qu’il serait spirituel
Nous ignorions que parfois
La spiritualité rime avec borné
*
Mes yeux s’ouvrent
Chaque jour ils observent l’éclosion
Des feuilles tendres du noisetier
Des bourgeons fragiles du lilas
La poussée vigoureuse des pivoines
La plus discrète de la glycine
Mes oreilles sont aux aguets
De partout monte le réveil
Mésanges et moineaux se disputent les graines déposées
Parfois s’ébrouent dans le bain de pluie
Comme son maître le chat veille
Parfois s’énerve de ne pouvoir sortir
Croquer si douce pitance offerte à son regard
Le printemps s’en vient
Mais pas pour tout le monde
Combien chaque jour à Gaza
Ne sauront rien de cette éclosion ?
Xavier Lainé
29 mars 2024
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