samedi 28 août 2021

Une traversée en médecine du désastre

 



JEAN LOUIS THÉODORE GÉRICAULT - Le radeau de la Méduse (Musée du Louvre 1818-19)


« Les pandémies de jadis pouvaient être regardées comme des châtiments divins, de même que la maladie en général fut pendant très longtemps exogène au corps social. Aujourd’hui, la plus grande partie des maladies est endogène, produite par nos conditions de vie, d’alimentation et d’intoxication. Ce qui était divin est devenu humain – trop humain comme dit Nietzsche. (...) Le coronavirus en tant que pandémie est bien à tous égards un produit de la mondialisation. Il en précise les traits et les tendances, il est un libre-échangiste actif, pugnace et efficace. Il prend part au processus par lequel une culture se défait tandis que s'affirme ce qui est moins une culture qu'une mécanique de forces inextricablement techniques, économiques, dominatrices, et le cas échéant physiologiques ou physiques ( pensons au pétrole, à l'atome). » Jean-Luc Nancy.


« L’avenir, c’est d’aller vers une vision écologique de la santé, où on ne se contente pas de soigner un patient, mais où on essaie de comprendre aussi d’où vient sa maladie. » Jakob Zinsstag, cité par Marie-Monique Robin in La fabrique des pandémies


C’est sans doute idiot.

C’est à ceci qu’ils veulent nous faire parvenir : nous faire douter de notre propre conscience.

Alors, toute la nuit, ce sont vos larmes et vos appels au secours qui viennent bousculer mon sommeil.

Comment pourrai-je vous abandonner, sachant qu’à ce stade de dégradation de l’esprit même de notre travail, fermer ma porte serait vous jeter dans cette fosse sans conscience, où la technique et le chiffre d’affaire priment sur la santé publique.

Toute une nuit à vous voir apparaître, sans pouvoir me défaire de cette crise d’agitation intérieure : tenir ou pas ? Résister mais pourquoi au fond, puisque les perspectives de ce monde semblent plus bornées que jamais ?

Je suis là, las, devant ma conscience. Je n’aurais jamais cru devoir me poser de telles questions avant d’ouvrir les portes d’une retraite qui ne sera qu’un leurre de plus.

Je n’aurais jamais cru me trouver si seul devant mes choix.


1. Bases étudiantes d’une médecine du désastre


Je n’ai cessé d’appeler de mes voeux, dès le début de mes apprentissages professionnels, à un sursaut de dignité collective.

En lieu et place, je n’ai trouvé que toujours plus d’individualisme, d’arrogance et de suffisance venant de gens toujours plus compromis avec le système qui vide de tout sens éthique nos métiers voués à l’écoute, à la compassion, à l’entraide.

Alors je me souviens de cette année là. Avec la fougue de la jeunesse et le grand rêve d’entrer dans un métier humaniste, je faisais mes premiers pas à l’université de médecine de Rouen.

Je découvrais des amphithéâtres bondés, le bizutage de début d’année qui rendait les cours impossibles pour plusieurs semaines.

Puis dans un sursaut notre révolte contre le numerus clausus qui venait de faire son apparition. Une poignée, nous étions une poignée, mais nous avons fini par occuper l’amphithéâtre, y invitant tous les rebelles, les artistes. J’y revois, il me semble, Yvan Dautin, et puis Frédérique Leboyer qui venait nous parler d’une autre naissance, loin de la médicalisation à outrance qui devenait le seul idéal d’une médecine déjà tournée vers l’abus de technique et l’oubli du vivant.

Nous disions dans nos tracts que le numerus clausus alimenterait des déserts médicaux. Nous y sommes.


L’année suivante, devant l’immense réprobation au sein de la faculté de nos premières actions, nous avions changé de stratégie. Nous nous sommes présentés au conseil d’administration de la faculté et avons été élus.

Nous avons bataillé ferme : mais que valait notre jeune parole face à des mandarins bardés de certitudes ?

Un nouvel hôpital était en construction qui devait supplanter tous les autres par la grâce de son « plateau technique ». Nous défendions l’idée qu’il fallait préserver à tout prix les petites structures de proximité, capables de recevoir, en lien avec les médecins généralistes une hospitalisation au plus proche de la vie des patients. Nous défendions l’idée d’une abrogation du numerus clausus en adoptant, dès la deuxième année une formation incluant le passage par tous les métiers de l’hôpital, de l’agent de service au brancardier en passant par le ménage, les aides soignants, les infirmières, estimant qu’une vocation ne suffisait pas, ou que les réponses à des QCM ne permettaient pas une sélection humaniste du métier.

Bien évidemment les contestataires furent évacués du cycle de formation.

La porte refermée sur mes espérances, je rentrais chez mes parents. Dans un mouvement de gigantesque colère, je prenais mon sac à dos pour tracer la route, quitter un monde que je sentais déjà fermé à mon esprit trop curieux, trop avide de nouveauté et d’échanges.


Je ne sais trop comment tant j’étais troublé, je me retrouvais à Paris en école de kinésithérapie. Je roulais en vélo tandis que la plupart de mes confrères et consoeurs roulaient voitures rutilantes. Je louais un petit deux pièces sous les toits pour un loyer de misère.

On me fit rapidement comprendre que j’étais rentré là par effraction. Je dus refaire ma première année, non par manque de résultats mais à un demi point non donné à l’oral avec quelques petites phrases assassines sur mon esprit en révolte.

J’avais manifesté dans les années soixante dix contre la loi Debré qui autorisait l’armée à nous interrompre dans nos études pour accomplir notre service militaire.

Me voici donc, amer, marchant au pas cadencé dans une caserne hideuse, mêlé à des gens sans esprit. Nous étions une poignée d’irréductibles, nos études interrompues, à refuser cet ordre. Nous étions musiciens, étudiants. Nous tirions dans le talus pour ne pas heurter les cibles à forme humaine offertes à nos balles.

On nous sépara. Je me retrouvais à Nantes pour devenir infirmier des armées.

De marches commandos en séjours répétés au trou, nous lisions les journaux interdits (L’Humanité, Libération étaient de dangereuses lectures). Nous n’arrivions pas à marcher au pas alors on nous envoyait charger les restes destinés aux cochons.

La formation était tout à fait symbolique mais nous étions habilités à piquer, panser, mais surtout pas penser.

On nous expliquait ce que nous devions faire en cas d’explosion nucléaire et selon la distance qui nous séparait de l’épicentre de l’explosion. C’était stupide au possible. 

Je faillis, compte tenu de mon « mauvais esprit » être nommé dans un régiment de parachutistes engagés. Je m’évanouis et me retrouvais en infirmerie au Kremlin-Bicêtre. C’était un placard d’où je pouvais m’évader, rentrer dans mon petit deux pièces que j’avais conservé.

C’était stupide mais j’y ai rencontré un médecin formé en Chine à l’acupuncture. Notre infirmerie devait bien être la seule à soigner tous les appelés à grands coups d’aiguilles et de méridiens !


Je reprenais ma deuxième année, parmi des étudiants inconnus.

Je travaillais le jour, la nuit, les week-end et les vacances pour subvenir à mes besoins. Parfois je m’endormais n’importe où, en cours ou sur les quais du métro.

À l’heure du diplôme on me fit comprendre que mon état d’esprit nécessitait de tout repasser en septembre. Je faillis abandonner.


2. Aux fondements politiques de la dérive


Rien ne m’a été donné. La plus grande surprise fut d’avoir été embauché en Centre de rééducation, quelques mois après l’obtention de mon diplôme, à Aiglun, dans les Alpes de Haute Provence.

Au début tout allait bien. Tout alla bien tant que je n’émis pas l’idée saugrenue de me syndiquer et de créer une section syndicale visant à remplacer celle qui existait et qui ne négociait rien, servant plus de relais des décisions patronales que des revendications des salariés.

1981 était passé par là. Je m’étais imprégné des lois Auroux dont nul ne parle plus aujourd’hui. J’avais été témoin du 10 mai, sur la Place de la Bastille. Nous y avions tenté de clamer que cette étrange victoire n’était qu’une étape à transformer. Nous avions cherché des appuis du côté de la Place du Colonel Fabien où tout était éteint : le Parti communiste semblait en deuil un soir de victoire (paradoxe confirmé par la suite : le Programme commun fut son linceul).

Six ans plus tard, salarié protégé par mes multiples mandats, je fus mis à pied sans salaire pendant des mois. Comme beaucoup d’autres : il fallait calmer les ardeurs de mai et entre temps, les communistes avaient mangé leur chapeau, sacrifiés sur l’autel des renoncements.

On ne rentre pas dans la Vème République avec des idées généreuses, on y entre pour la détruire ou mourir. La gauche ou du moins ce qui se nommait encore ainsi en fit la triste expérience, de renoncement en renoncement, d’instrumentalisation de l’affront national en vente des empires médiatiques détenus par l’Etat aux actionnaires du CAC 40, derrière la piteuse victoire, le libéralisme à la Friedman se préparait à la revanche.

Le chômage massif, la pression permanente sur des esprits déboussolés par le sentiment d’impuissance, le rouleau compresseur des idées de renoncement, d’individualisme, de consumérisme comme seule voie vers un bonheur porté par les loisirs de masse ont eu raison des résistances.

L’esprit lui-même fut laminé et les mouvements de protestations s’essoufflaient, tandis que les abstentions électorales s’amplifiaient. 

Mais il ne fallait surtout pas remettre en cause les structures politiques et syndicales qui s’étaient compromises dans cette histoire. Dire tout haut cette lente érosion de l’image des contestataires au sein d’une population laissée pour compte, marginalisée, précarisée, vouée à une pandémie de misère massive valait exclusion ou départ volontaire.

J’y ai laissé une famille, et seul avec moi-même, je dus affronter le silence de ceux qui se prétendaient des amis, militants chevronnés qui me t’ornèrent le dos lorsqu’ils découvrirent que pour m’en sortir j’avais opté pour une carrière en « libéral ».


J’avais posé des jalons, expliqué dans quelle éthique professionnelle j’entendais orienter mon travail. 

Naïf, je crus encore à une « confraternité » sans voir que, passé de ce côté de la barrière, éthique et déontologie étaient des voeux pieux, sacrifiés au culte du chiffre d’affaire et mode de vie « notable » et bourgeois. 

Déjà, dans les années quatre vingt dix, le niveau des honoraires ne permettait pas de travailler en plaçant l’humain et le patient au centre. Je n’ai cessé de m’en offusquer, de combattre et de tenter de survivre en respectant les personnes, en tenant compte de leur environnement social.

Je fus soumis aux incompréhensions familiales, affectives, rebondissant sans cesse pour poursuivre une route que la société ne pouvait concevoir.

Du fond d’un hôpital, je lus tout ce qui me tombait sous la main de psychanalyse et de psychologie. Je ne pouvais rien faire sans m’interroger sur le sens humain de ce que je vivais et voyais venir.

Je dus reprendre le cours de mon existence à zéro souvent. La société ne m’a jamais fait de cadeaux.


3. La santé, une affaire bien trop sérieuse pour…


J’ai cru pourtant, depuis vingt ans, être parvenu à un équilibre. C’était sans compter sur l’aboutissement logique d’un libéralisme de plus en plus violent.

J’ai opté pour une méthode qui, pour être « rentable » se doit de verser dans le très en vogue « développement personnel » que je conteste.

Me voici assiégé de toutes parts. Mis devant mes propres contradictions à croire encore pouvoir trouver une place dans un monde qui n’en offre qu’à ceux qui plient, se soumettent, ou se font les promoteurs zélés d’une idéologie qui traverse le vingtième siècle et vient corrompre le vingt et unième.

Nous disions « plus jamais ça » sans voir dans quelle condition ce « ça » ne cesse de se renouveler en nous-mêmes.

Nous sommes le système que nous acceptons. Nous ne pouvons le contester qu’à la condition de rompre, de ne plus marcher au pas cadencé de son culte de la rentabilité.

C’est une guerre pire que la guerre (j’ai abordé ce thème dans mon livre à propos de la guerre d’Irak) qui nous est menée, qui est menée à l’humain en particulier et à la vie en général.

Ceux qui en sont les promoteurs ont fait sécession d’avec notre humanité commune. Ils ont franchi le Rubicon et sont déjà dans une post-humanité dont ils assument la destruction massive. Non qu’ils y complotent : non, leurs cerveaux englués de calculs de rentabilité en est bien incapable, mais ils se pensent seuls contre tous et ce qu’ils mettent en place nous isole et nous rend impuissants. C’est un nouveau mur sur lequel nous ne pouvons que nous fracasser car il passe par l’intérieur de nous-mêmes et notre incapacité, depuis la fin du manichéisme communiste, à nous inventer les utopies nécessaires à nos combats.


On s’imagine être en démocratie. Elle en a la couleur, certes, mais absolument pas le goût.

Elles ne nous demande pas de participer à la vie civique du pays, mais seulement de déléguer nos pouvoirs à ceux qui s’auto-proclament « élites » et font de la politique leur métier.

Cette constitution fut taillée pour un homme qui fit son coup d’état en 1958, auréolé de la gloire d’avoir lancé son appel depuis Londres à la résistance contre l’ennemi nazi.

Le voilà qui dix ans plus tard, à la faveur de la guerre d’Algérie et des menaces de l’OAS (dont l’affront national est plus ou moins l’héritier) prend le pouvoir est se taille une constitution qui lui permettra de conserver le pouvoir contre vents et marées pendant un peu plus de dix ans. Même les évènements de 68 ne purent nous en débarrasser.

Communistes et SFIO poussèrent leurs cris d’orfraies. Le ministre de l’intérieur qui fut à l’origine de la guerre (François Mitterand) écrivit même un livre, dans les années 70, « Le coup d’Etat permanent », qu’il oublia bien vite une fois élu le 10 mai 1981.


C’est dans ce contexte des triomphe progressif du libéralisme le plus agressif (celui qui ne prit pas de gants en 1973 au Chili) que j’ai vu mon métier et la médecine en général lentement évoluer vers l’ombre d’elle-même.

Tandis que les libéraux avaient l’oeil rivé sur leur chiffre d’affaire, les hôpitaux devenus gigantesques plateaux techniques participaient allègrement d’une déshumanisation des pratiques.

Le pathologique ne fut plus l’expression d’une vie par nature périlleuse. On se contenta de soigner les symptômes en oubliant le substrat environnemental, social et affectif qui les sous-tendent.

Ce fut le triomphe des molécules, le médecin voyant son rôle réduit à être le prescripteur des médicaments capables de vous rendre la vie heureuse, durable (avec une espérance de vie il est vrai qui allait croissante). Une toute puissance de la blouse blanche venait parachever le sentiment de domination de l’homme sur la nature réduite à quelques musées en plein air sous la forme de parcs dits naturels.

On poussa même le bouchon jusqu’à inventer des maladies afin de parfaire cette idée hégémonique de toute puissance pour le plus grand bénéfice e de Big Pharma.


4. Une médecine sans humanités


Les patients, réduits dans les années 80 à n’être que des consommateurs impuissants face au monde tricoté par les actionnaires du CAC 40, se firent même si exigeants que l’essentiel ne fut plus de penser le soin comme venant d’eux-mêmes, mais de leurs distribuer les pilules du bonheur en préservai t coute que coute l’image d’avoir la meilleure médecine du monde grâce à une sécurité sociale qu’on n’avait de cesse de réduire à l’ombre d’elle-même jusqu’à en changer le nom subrepticement. Regardez bien vos en-têtes, nous avons depuis fort longtemps une « assurance maladie » qui ne déploie pas la même philosophie que son ancêtre fondée par un ministre communiste dans une période sombre de l’économie du pays.


Force est de constater que, soignants de toutes pratiques, nous avons laissé dériver le navire médical, nous avons perdu de vue toute philosophie médicale qui n’est d’ailleurs toujours pas enseignée dans nos facultés.

On peut être médecin, kinésithérapeute, infirmier sans réfléchir à la place que nous occupons dans le monde  et au rôle que nous pourrions jouer dans la prise de conscience qu’être malade ne relève pas d’un « statut » mais bien d’un débordement dans un contexte de vie terriblement réduit à la survie.


Entre médecine absente des grands débats de société et société destructrice de toute forme de vie sur une planète limitée, les zoonoses firent leurs choux gras. VIH, Chikungunya, Dengue, Malaria, nos amis de la vie sauvage dont l’’espace se réduit comme portion congrue nous communiquent allègrement leurs virus.

Virus qui nous disent tous les travers d’une vie sociale et économique devenue folle sous les contraintes de consommation générées sans limite par les pilotes fanatiques de l’idéologie libérale.


Nous voici, me voici désormais au pied du mur. 

Alors que depuis un an et demi, j’ai trouvé les modes d’action permettant d’éviter dans le microcosme de mon activité professionnelle, tous les écueils d’une « pandémie » mal nommée, voilà que refusant de me faire vacciner, on va m’interdire d’exercer.

Depuis des années ils en rêvent, de réduire le nombre de praticiens sous prétexte d’économies de bout de chandelle tandis que big Pharma se gave.

Les tronches algorithmiques au service de l’idéologie hégémonique ont trouvé là l’occasion rêvée d’éliminer les praticiens ayant « dérivés » vers des pratiques plus humanistes non sans résultat.

Il leur faut de la technique et seulement elle. Ils balaient de leurs menaces toute forme de pensée différente, toute forme d’opposition à leur pouvoir absolu.


5. Tout le poids d’un système sans sommeil


Moi, je n’en dors plus la nuit. 

J’entends l’inquiétude de mes patients fidèles.

J’entends leurs mots posés sur leurs maux qui disent s’inquiéter de leur devenir alors qu’usant d’humanité chaque jour, ils semblent convaincus que je leur ai évité le pire.

J’entends et ma nuit s’agite. 

Je me suis battu depuis des années contre l’esprit d’impuissance et de fatalité.

Je n’ai cessé de clamer qu’une société n’existe que par les citoyens qui la constituent.

Je n’ai cessé d’appeler à agir pour éviter ce pire qui vient désormais frapper à notre porte.

Je dois m’avouer ma cauchemardesque impuissance à trouver des solutions, sans les protections sociales qui permettent l’accès de mon travail aux plus démunis, de pouvoir poursuivre si d’aventure, les esprits algorithmique de l’administration venaient à passer à l’action.

Dans mes nuits, je vous voit et vous entends.

Je vois ma porte fermée avec un maigre mot d’excuse qui ne sera qu’aveu de défaite.

Je me vois apposer sur les murs de ma maison le panneau « à vendre » qui sera l’acte final de mon naufrage.

Car sans vous je ne suis rien, rien qu’un vague plumitif qui ne sait rien faire de ses mots.

Si j’ai su jusqu’ici rebondir à chaude intempérie, je suis cette fois-ci acculé par un monde que je n’ai jamais vraiment intégré, à devoir m’avouer battu.

Si tel devait être l’issue, tant qu’un souffle m’animera, je vous attendrai, même gratuitement, en n’importe quel lieu, histoire de maintenir la flamme d’humanité qui nous fait vivant.

Et je rêverai encore d’un monde qui considère le vivant, quelle que soit sa forme et son expression comme la seule vraie cause à encourager et soutenir.


Xavier Lainé


22-24-29 août 2021


lundi 23 août 2021

L’esprit algorithmique, la vessie et l’extinction des lanternes

 



JEAN LOUIS THÉODORE GÉRICAULT - Le radeau de la Méduse (Musée du Louvre 1818-19)


« Une idéologie est une sorte de virus de l’esprit qui circule dans les artères de la pensée et qui s’attaque au coeur même de la santé et de l’esprit sain, discrètement pour commencer, ici ou là, jusqu’à ce qu’il finisse par avoir raison d’eux. » Markus Gabriel


« Au langage du praticien intimidant par sa technicité, se mit à répondre le langage du gestionnaire intimidant par son opacité. Dorénavant armé d’un solide bagage  en matière de communication — à l’inverse du corps soignant, toujours formé par transmission et rompu à l’échange ordinaire —, le gestionnaire apprit à écouter sans entendre et à utiliser un langage visant à fabriquer l’adhésion. Que le communicant convainque sans savoir de quoi il parle, là est justement son talent. Ce fut aussi le talent dont dut faire preuve le gestionnaire. » Stéphane Velut


« La médiocratie est l’ordre en fonction duquel les métiers cèdent la place à des fonctions, les pratiques à des techniques, la compétence à de l’exécution. » Alain Deneault


« Les détenteurs du pouvoir, quels qu’ils soient, affirment toujours que la réalité est de leur côté, non en raison de l’exactitude de leurs affirmations mais parce qu’ils ont le pouvoir de donner une apparence de réalité à ces affirmations. » Edgar Cabanas et Eva Illouz


« On célèbre en paroles la différence alors que tout est pensé pour produire de l’identique. Un identique qui, c’est son essence, récuse donc hargneusement la différence. » Thierry Jobard



Il est tellement facile de tomber dans le piège ouvert sous nos pieds.

Nous croyons encore pouvoir, d’une lettre, infléchir le cours de l’histoire, en appeler à un peu d’humanité : nous sommes des soignants, nous recevons, contre vents et marées des gens en souffrance, alors, par pitié, ne venez pas nous interdire de le faire, ne serait-ce qu’au nom de la « continuité des soins » !

Erreur !

Erreur 404 !

Vous n’êtes pas sur le bon logiciel.

Vous n’êtes pas dans l’esprit algorithmique des décideurs et « communicants ».

Vous savez : ceux qui ont depuis pas mal d’années pris le pouvoir au sein des ARS, des Assurances maladies, des administrations plus ou moins haute, dans la direction des hôpitaux.

Je parle d’esprits algorithmiques pour ne pas les nommer penseurs, car la pensée n’est pas prévue dans leur formatage.

Ils sont ce qu’on en a fait : des monstres qui savent calculer, causer en terme de pertes et profits, de bénéfices et de risques.

Ils savent calculer selon les algorithmes injectés dans leur cerveau dans de « grandes écoles » où tout se résume à des relations commerciales, des discours publicitaire dont l’efficacité doit être prouvée.

À défaut, ils dégagent sans autre état d’âme et leur trou dans l’eau des administratifs autorisés est très vite comblé par un même, formaté comme eux.

Ils tiennent aux amphétamines, soutiennent que c’est l’homme qui doit faire preuve de flexibilité et non le système qui l’entoure.

Ainsi comme le pied doit se faire à la chaussure conçue selon les algorithmes du « pied moyen », l’homme doit se plier aux contraintes du système que les plus rusés, cyniques, corrompus lui imposent.

Il faut lire Markus Gabriel. C’est impératif si nous voulons mieux comprendre à qui nous avons affaire.

Car pas plus qu’il soit possible de discuter avec son ordinateur, il semble bien compliqué de faire entendre langage humain à des hommes déjà passés au post-humanisme dénué de toute pensée personnelle.

Nous voici devant le mur.

Ce n’est pas une mince affaire. Les relais ont été placés un peu partout depuis si longtemps qu’ils y ont pris racine.

Stéphane Velut, dans « L’hôpital, une nouvelle industrie - Le langage comme symptôme » décrit par le menu cette lente érosion et intrusion des « communicants » au service du seul dogme libéral dans les hôpitaux.

On pourrait faire la même description sans appel de cet « entrisme » délétère de la « médiocratie » ailleurs évoquée par Alain Deneault.

De partout ils entrent, avec leurs dogmes libéraux, proclament le règne absolu du « développement personnel » comme une entrée joyeuse en happycratie (voir à ce sujet les livres de Eva Illouz et Thierry Jobard).

Ils ont pour seul refrain la gloire de la réussite individuelle, se moquent des plus faibles, n’ont jamais de mots assez durs pour stigmatiser les exclus, responsables, selon leur bible ultra libérale à la sauce Friedman, de leur propre déchéance.

Nous avons un exemple de ce type d’individu avec celui qui considère qu’il y a dans une gare « ceux qui sont quelque chose et ceux qui ne sont rien ».

On les retrouve partout, à tous les postes de commande. Ils brillent par leur médiocrité, leur inculture, leur arrogance au service des plus riches dont ils cirent les bottes du haut de leur administration.

Ils ont fait l’ENA, ce temple de la conformité.

Ils cultivent partout une pandémie de bêtise, poussent les moins critiques à de fumeuses théories du complot.

Ils sont trop bête pour ça, dirait Barbara Stiegler.

Ils ne sont capables que de se cramponner à leur bréviaire du bon serviteur de l’Etat de non droit.

Ils s’assoient sur toutes les règles communes, sur les droits de l’homme, sur les lois et règles qu’ils apprennent à contourner sans vergogne.


Ecrire ou tenter de faire entendre raison à ces gens là revient à se poster devant son ordinateur récalcitrant en le priant de bien vouloir fonctionner.

Vous avez déjà écrit à votre ordinateur qui ne veut plus marcher ?

Non, car si vous avez encore un peu de jugeote, vous vous contenterez de vous en débarrasser pour en acquérir un qui corresponde mieux à vos besoins.

On ne raisonne pas avec les cerveaux algorithmiques, on pense sans leur signifier nos intentions et on scie la branche sur laquelle ils sont assis pour les faire tomber aux oubliettes de l’histoire.

A défaut de couper le membre, la gangrène de la folie totalitaire ne peut que s’étendre et ronger peu à peu tout le corps social.

Il n’est qu’un vaccin à cette infection : il s’appelle école, une école restaurée dans sa vocation à éveiller curiosité, réflexion et esprit critique.

Comme ils se sont introduits aussi dans son administration, l’enjeu est rude dont nos enfants font la triste expérience dans la soumission au consumérisme et à la pensée dominante, dans l’humiliant et dégradant sentiment d’impuissance distillé à larges doses depuis quarante ans, par tous les pouvoirs, les pires ayant été ceux qui, de gauche, dans une victoire à la Pyrrhus se sont plié aux règles d’une démocratie malade sans évoquer même la nécessité de changer l’ordre des choses. Ce fut leur pire défaite, que bien sur les adversaires de classes ont affublés de l’apparence d’une victoire.

C’est l’humanité qui se noie et fait naufrage à accepter de prendre des vessies pour des lanternes.


Xavier Lainé


18-24 août 2021


Bibliographie

- Alain Deneault, La médiocratie, éditions Lux, 2016

- Stéphane Veut, L’hôpital, une nouvelle industrie, Tracts Gallimard n°12, 2020

- Edgar Cabanas & Eva Illouz, Happycratie, Premier Parallèle, 2018

- Thierry Jobard, Contre le développement personnel, Rue de l'échiquier, 

- Barbara Stiegler, De la démocratie en pandémie, Tracts Gallimard n°23, 2021

- Markus Gabriel, Pourquoi la pensée humaine est inégalable, éditions JC Lattès, 2019

- Thierry Jobard, Contre le développement personnel, éditions Rue de l’échiquier, 2021

dimanche 22 août 2021

Pensées fragmentaires 3 : Lorsque tout n’est plus qu’éclat

 



JEAN LOUIS THÉODORE GÉRICAULT - Le radeau de la Méduse (Musée du Louvre 1818-19)



1. Et bien sur avec le soutien des médias du CAC 40, qui donc cherche à tirer bénéfice du soulèvement contre, de la résistance pour, des chamailleries infinies, grossies d'un flot d'insanités sur les pour, les contre, les hésitants ?

Le pervers narcissique aurait voulu jeter dans les bras de l'extrême droite les plus réticents qu'il n'aurait pas fait mieux.

A quelques mois de l'échéance présidentielle, on peut donc s'attendre à ce qu'il pousse les feux de sa perversité jusqu'au bout. Quitte à perdre, que ce soit pour porter à sa place plus pervers que lui et surtout, sauver les propriétaires médiatiques du CAC 40 qui ont tiré grand profit du COVID.

Et les imbéciles continueront à regarder le doigt tandis que le sage tentera encore de leur montrer la lune.

Tout ceci n'est plus seulement lassant, mais écoeurant : à se demander comment nous avons fait, en 1789, 1830, 1848, 1871, 1936, 1945 !

Vous ne pensez pas qu'il serait temps de faire usage du truc situé entre nos deux oreilles pour virer la clique qui ne cesse de nous manipuler ?

C'est dimanche, un petit vent frais avant la canicule annoncée, et la colère en dedans, je vous salue : continuez donc, le mur se rapproche !


2. ? Non, rien ! Vraiment rien ! 

Tant d'âneries répandues, tant de violences verbales, tant de comparaisons foireuses me semblent être la traduction (ou le symptôme) de quarante années de nivellement des esprits, de corrosion du sens critique, que rien, plus rien, nihil, je ravale mes colères, je fulmine dans le silence de mon antre poétique.

Continuez sans moi, je m'efface et prend de la hauteur, histoire de regarder de plus haut vers quel abîme l'immense majorité d'entre nous, hélas, dirige ses pas.

Ainsi va l'histoire que, parfois, on ne peut en ralentir au moins le cours.


Un léger gris souligne le ciel, martinets, mésanges et moineaux de ma génoise se font une grasse matinée. Je retourne au travail après une petite semaine de "vacance". Je m'interroge sur la place que pourraient encore avoir ici nos humanités.


3. Le charme du retrait et la perception du monde


Désormais, dire une parole contraire, c'est être voué aux gémonies des imbéciles. Alors pour marcher, penser, écrire du pas qui me convient sans risquer un flot de propos insultants par leur indigence et leur soumission, surtout en ces lieux où Big Brother veille, je n'écris plus rien.

Tous ceux qui écrivaient et qui sont adulés une fois six pieds sous terre n'allaient pas, dans des médias aux mains des capitalistes, donner des leçons au bon peuple considéré comme ignare par l'intelligentsia de leur époque.

Parfois, du fond d'un asile ou d'un bois, ils accomplissaient leurs oeuvres, sans même savoir qu'un jour ils seraient célèbres.

La gloire n'est pas dans l'immédiat d'un temps glauque. Il faut parfois savoir prendre de la distance, monter au sommet de la colline, contempler l'humanité en ses soubresauts pathétiques sous le joug des imbéciles dont l'esprit est réduit à un porte-feuille, pour écrire, paisible les mots décapants qui ne seront lus que bien plus tard, à titre d'oeuvre posthume.


4. J’écris et puis j’oublie


4 août 2020


Beyrouth : comme un horrible champignon qui s'élève au dessus du port, et puis les blessés par milliers, les morts...

Ainsi donc va ce monde qu'il ne laissera rien debout, semant ruine, larmes et deuils partout.

Mes pensées poétiques, qui sont de bien maigre secours vont aux amis libanais qui souffraient déjà de l'écroulement de ce monde. 

Quoi, toujours, de la souffrance ajoutée à la souffrance ?

Terriblement meurtri, ce soir.


4 août 2021


C'était hier. 

Que sont les promesses du gouvernement français devenues ? Ainsi vont les dirigeants de ce monde qu'ils saignent à blanc : ils se précipitent au chevet des morts et des blessés, font quelques beaux discours, puis s'en vont, fiers d'eux-mêmes et sans un regard. pour les sourdes plaintes qui demeurent puisque l'injustice du monde, ils en sont responsables.

Il nous reste, à nous, les pas encore tout à fait humains, à construire le monde que nous voulons sans eux, les dépourvois de toute humanité.

Notre monde n'a pas de frontières.

Notre monde ouvre grand les bras pour accueillir les déshérités, les privés de tout.

Notre monde construit pas à pas une grande symphonie d'amour qui ne sais pas compter.

Notre monde viendra, laissant les nihilistes et destructeurs de toutes obédiences où ils doivent être : dans les geôles de l'histoire.


5. Vivre courbés


Et tandis que munis du pass les soumis se réservent l'artificiel, dans les sous-sols et les sous-bois de défunte République, nous pouvons inventer un autre monde, un autre rapport à nous-mêmes et aux autres où l'humain sera roi, et la finance obsolète.


Xavier Lainé


Parfois, datés

jeudi 19 août 2021

Pensées fragmentaires 2 : L’oubli de soi n’est pas un altruisme

 



JEAN LOUIS THÉODORE GÉRICAULT - Le radeau de la Méduse (Musée du Louvre 1818-19)



1. Chacun pour soi et tout est perdu. De l'importance de réapprendre à vivre ensemble.


« Un professeur a donné un ballon à chaque élève, qui devait le gonfler, écrire son nom dessus et le lancer dans le couloir. Le professeur a ensuite mélangé tous les ballons. Les élèves ont eu 5 minutes pour trouver leur propre ballon. Malgré une recherche mouvementée, personne n'a trouvé son ballon. À ce moment-là, le professeur a dit aux étudiants de prendre le premier ballon qu'ils avaient trouvé et de le remettre à la personne dont le nom était écrit dessus. En 5 minutes, chacun avait son propre ballon.

Le professeur a dit aux étudiants: «Ces ballons sont comme le bonheur. Nous ne le trouverons jamais si tout le monde cherche le sien.  Mais si nous nous soucions du bonheur des autres ... nous trouverons le nôtre aussi. »


Dialogue


TR : Je vous cite : « Ces ballons sont comme le bonheur. Nous ne le trouverons jamais si tout le monde cherche le sien. Mais si nous nous soucions du bonheur des autres … »

C’est exactement pour cela que nous ne devons pas nous opposer aux vaccins contre cette pandémie, par le souci de l'autre, de nos ainés, de tous nos concitoyens, la vie est fragile et elle appartient à tous de la préserver, merci pour ce petit récit symbolique qui parle seul bien au-delà de votre position individualiste intenable malgré tout le respect que j'ai toujours eu pour vos écrits précédents.

XL : Excusez-moi mais je ne vous comprends pas. En quoi aurais-je une position individualiste ? Je ne cesse ici comme dans la vie (la vraie, pas le roman que certains s'inventent sous des noms d'emprunt) au contraire d'attirer l'attention sur le nécessaire soucis collectif.

Je ne cesse de dire qu'il ne s'agit pas d'être pour ou contre les vaccins, les masques ou je ne sais quoi : il s'agit de regarder en face dans quelle eau croupie le capitalisme nous fait vivre.

Il s'agit donc non de considérer les vaccins comme la seule issue mais aussi de commencer au moins à changer l'eau avant qu'il soit trop tard : cette position est bien plus collective que vous semblez le penser : arrêter les déforestations, en finir avec les élevages et cultures intensives, combattre et réduire toutes formes de pollutions, s'attaquer à la "pandémie" de pauvreté, refuser de continuer à enrichir cette poignée d'individus sans vergogne qui depuis un an et demi engrangent des profits honteux, en quoi serait-ce individualiste ?

J'observe que dans cette histoire, beaucoup de ceux qui se font vacciner pensent se protéger d'abord eux-mêmes, et refusent de voir la réalité en face : si rien n'est fait sur les sujets soulevés plus haut, demain vous verrez arriver bien d'autres bactéries et virus qui vous feront regretter celui-ci.

Je n'impose à personne de se faire ou non vacciner. Chacun doit pouvoir agir à sa guise selon les informations dont il dispose.

Je prétends que le vrai souci collectif est au-delà de ces misérables débats : c'est toute une philosophie de la vie en commun que les trans-humanistes au pouvoir nous imposent, en prétendant bien évidemment ne pas en déployer.

Leur seul but et de détourner l'attention sur le monde qu'ils nous préparent où les individus seront isolés, démunis, considérés comme des objets au service de leur capital.

Si vous considérez que défendre une autre philosophie de la vie et des communs que celle-ci est une opinion individualiste libre à vous, mais visiblement, nous ne sommes alors pas du même monde.

TR : Bonjour et merci pour votre réponse où je reconnais votre justesse habituelle d'analyse, je réagissais certainement un peu trop vivement à votre post abrupt qui m'apparaissait contradictoire avec celui de ce jour, je vous cite : : « Je ne refuse pas le vaccin : je refuse qu'au nom de mon choix je sois soumis à ou complice d'une discrimination liberticide... Ensuite libre à vous de vous disputer sur les détails lorsque l'essentiel est ailleurs, libre à vous d'accepter que votre poisson rouge soit vacciné et demeure dans une eau croupie. »

Votre réponse est éclairante et croyez bien que je partage cette vision collective mais celle-ci n'est pas celle de la foule qui aujourd'hui démunie de moyens de s'exprimer (voilà quelques décennies que les médias œuvrent efficacement à ce dénuement) réagit par la seule violence sur le terreau dangereux de l'ignorance et refuse pêle-mêle science et politique dans un rejet instinctif et aveugle. C'est aussi cela qui nous menace comme nous menace encore plus sûrement la catastrophe climatique que nous avons tous à des niveaux divers générée. Pour le reste rien n'a changé en ce monde d'un côté les puissants qui agrandissent chaque jour leur empire et de l'autre ceux qui tentent de survivre. Bien cordialement.

XL 1 : Lorsqu'un pouvoir quelle que soit sa couleur, joue la carte de l'ignorance et de l'absence d'esprit critique auprès de son peuple, il peut être assuré de récolter ce qu'il a semé : une violence croissante douée d'un aveuglement souverain.

Lorsque, en plus, la sphère médiatique use et abuse de la désinformation massive au lieu de cultiver l'intelligence, celle-ci ne fait qu'allumer la mèche.

Nous assistons à cette apothéose du chaos, de la négentropie dominante. Les lumières se sont éteintes si tant est qu'elles furent un jour vraiment allumées.

Bien rares sont les périodes de l'histoire où un peuple apprend à se soulever contre l'obscurantisme.

Et comme ces périodes de l'histoire sont singulièrement tues dans les discours et dans les esprits, voici qu'un peuple se cogne contre les murs dressés par ceux qui tirent profit d'un système qui montre chaque jour un peu plus ses limites.

Que jaillira-t-il de cette apothéose de nihilisme ? Bien fort qui saurait le dire. Il semble que nous devions nous cogner encore un moment ou être aveuglés trop souvent.

Hélas, à qui prend le temps de regarder, il est clair que dans cette guerre des plus riches contre les plus pauvres, les premiers aient l'avantage de la finance, les deuxièmes ne sachant comment structurer leur nombre pour faire pencher la balance de leur côté.

Ce qui se joue ici va bien au-delà d'un problème vaccinal. Lorsque nous serons tous les gendarmes de nos voisins, vivre sera tout simplement impossible.

D'autres pays en ont fait la triste expérience dans l'histoire. Elle s'est traduite en triste camps où des milliers de catalogués parias ou sous-hommes étaient purement et simplement éliminés.

Il serait souhaitable que nous nous arrêtions avant de renouveler ce genre d'expérimentation qui ne pourrait être que pire compte tenu des moyens techniques aujourd'hui entre les mains des vulgaires apprentis sorciers.

Mais que vaut une parole de poète dans ce cirque ?

C'est juste une goutte d'eau dans l'incendie qui nous guette !

XL 2 : Excusez-moi : mais je reprends vos premiers propos. La citation n'était pas de moi, je l'ai simplement trouvée assez juste.

Cependant, parfois l'injustice des lois nécessite que nous nous y opposions.

Ce qui est injuste aujourd'hui, ce n'est pas l'existence d'un vaccin, ce sont les profits qui en sont tirés, et la tentative perverse d'en imposer l'inoculation par des restrictions de liberté contraires aux droits de l'homme.

Comme je l'ai écrit en effet, je n'ai rien contre les vaccins, je n'ai rien pour non plus, pour la simple raison du doute qui demeure quant à leur bienfondé comme seule solution au problème posé.

Que je me fasse ou pas vacciner ne regarde que moi, et je refuse qu'au nom de ma décision quelle qu'elle soit, on jette les bases d'un monde qui ne fonctionne plus selon les règles d'une solidarité essentielle, mais en discriminant l'autre, vacciné ou pas (la discrimination des vaccinés contre les non vaccinés est aussi coupable que son inverse). Cette querelle n'est qu'un moyen de plus au service du pouvoir : en semant la discorde entre nous, il peut à son aise continuer à détruire des années de luttes pour inventer un monde à taille humaine. Son véritable objectif étant celui-là : je déplore, sans doute comme vous que tant ici et dans la "vraie" vie, tombent dans ce piège.


Porte ouverte sur le vide


2. Avec le pass sanitaire, la porte semble bien ouverte vers le pire.

Un pas a été franchi qui nous met au ban de la démocratie.

Ne serait-ce par la division qui semble être l'objectif premier de ses inventeurs, division qui laisse entrevoir la violence comme faisant partie du quotidien de tous, les uns crachant sur les autres au prétexte de leur propre illusion de « conformité sociale ».

Le problème n'est pas tant de manifester mais d'inventer les outils qui permettraient à tout un peuple de mieux comprendre les enjeux : la philosophie de ceux qui gouvernent consiste à exiger de nous une adaptation à leur monde sans humanité, en laissant pourrir sur le bord de la route, ceux qui refuseront de plier.

En ceci, nous sommes devant la même philosophie qui sous-tendait les acteurs des horreurs du siècle dernier.


Xavier Lainé


Toujours sans date

mardi 17 août 2021

Pensées fragmentaires 1 : pour ou contre la balle est toujours au centre

 


JEAN LOUIS THÉODORE GÉRICAULT - Le radeau de la Méduse (Musée du Louvre 1818-19)


1. En situant le débat entre pour ou contre ceci ou cela, on évite de poser la question de la philosophie dans laquelle tout ceci s'inscrit.

Le pass sanitaire s'inscrit dans une philosophie qui nie l'humain comme être social, culturel : un monde de post-humains ou de trans-humains infantilisés suppléés par des machines.

Pouvons-nous espérer préserver encore un peu de notre humanité ? Notre humanité passe-t-elle par ces lieux de culture de masse qui augmentent le profit des mêmes et nivelle l'esprit du grand nombre ?

Il est temps, contrairement au BAC 2021 de réhabiliter les questions philosophiques comme moyens de préserver l'humain dans sa relation à lui-même, aux autres, à son environnement.


2. Si on laisse le terrain aux pour, aux contre, à ceux qui s'enveniment, qui n'ont que leur tarte à la crème à montrer, ceux qui ne cessent de se regarder dans le miroir déformant d'un média sans scrupule, en effet, tout semble désespéré.

On peut toutefois y enfoncer des coins, agrandir des fissures par où chuchoter d'autres idées, où se laisser glisser dans le flux de pensées libérées de ce monde puant de conformité.

Il faut simplement se défaire de l'idée de plaire, ne prendre que ce qui donne une cohésion sans verser dans la stérilité de débats sans fondements.

Réhabiliter le philosophique à l'heure où les politiques, les médiatiques, les egotiques ne savent que compter leurs "likes" et gonfler le torse en s'imaginant que ce cirque aurait quelque chose à voir avec le monde réel, celui où on peut encore dire "je t'aime", où on peut s'étreindre et s'embrasser loin des manipulations de masse.

Si je séjourne encore parfois en ces lieux, c'est juste pour ça : introduire le ver de la non-conformité dans un monde glissant de stupide conformité.


3. Les capitalistes ont gagné en ceci que les gens qui se disent de gauche se mettent à raisonner (résonner ?) comme eux.

Je le dis, le répète, l'écris : il n'est pas de gauche sans réhabilitation de nos "humanités".

Le reste n'est qu'adaptation à un système qui ne connaît que les chiffres, l'absurdité du calcul.

Système ignorant de ce qu'est ou pourrait être la vie.


Xavier Lainé


Sans date, mais un jour certain