Juste avant que ce sang ne soit plus qu’un tiers de l’emblème national.
C’est pourtant lui, le sang des révoltés, qui se répand sur les pavés de l’injustice établie en mode de bonne gouvernance.
Pour finir en tiers d’un drapeau dont le symbole est toujours privatisé.
Les deux tiers d’un état qui oublie les modes de calcul les plus élémentaires : deux-tiers d’un peuple qui se ruine à vendre sa force de travail, et un tiers qui exploite, profite, dirige, réprime.
Mais le drapeau donne portion congrue à la majorité du nombre.
Car au fond c’est l’éternel problème : nos révoltes qui s’épuisent, puis s’effondrent dans le sang versé, puis s’enfoncent dans l’oubli.
Un oubli tout relatif.
Un oubli qui laisse vagues traces dans quelques mémoires dispersées.
Parfois une nostalgie de ces instants de vertige et de joie qui te poussent à danser entre deux barricades, à embrasser les lèvres d’infinies amoureuses dont le sourire, l’instant d’après, se fige sous les mauvais coups des forces d’un ordre qui n’est pas le tien.
Tu en as étreint, des corps tendres, en haut de ces promontoires éphémères, hérissés de portes, barres de métal, charrettes et pavés retirés à la chaussée, au hasard de nos errances.
Que sont sublimes ces étreintes portées par l’espoir caressé, autant que les corps sublimes, d’une utopie tout à coup à portée de main et de rêve !
On s’aime fort dans ces instants qui prennent forme de révolution, où le doute d’un coup s’évanouit.
On s’imagine un monde tissé d’amour et de tendresse, débarrassé de la pression des richesses et des possessions.
On rêve, entre deux baisers, construire un univers radieux où hommes et femmes seraient libres d’aimer, de se mettre à l’oeuvre, de créer un monde sans prédétermination.
Xavier Lainé
11 mars 2021
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