Le plus étrange est que si longtemps votre mémoire fut bafouée.
Tant de sang dans les rues, tant d’espoir gisant en travers des trottoirs aurait du demeurer dans les mémoires.
Mais non, c’est la peur qui a chassé l’esprit de résistance.
Aujourd’hui comme hier, les possédants ne savent que gouverner par la peur ou par la guerre.
Le peuple (j’hésite encore à user de ce mot), ce damné, doit se taire, s’agenouiller.
À défaut, il sera chair à canon, ou tout simplement liquidé sous les coups d’une maréchaussée elle-même soumise à la dictature des puissants.
C’est une règle immémoriale qui taraude les esprits les plus rebelles.
Qui impose soumission non par culte ou respect, mais par crainte de souffrances pires que les misères endurées.
Les révoltes sont comme les spasmes d’un corps social en souffrance.
On n’en cherche pas les causes, on se contente d’en observer les symptômes et d’administrer l’antidouleur en lâchant de ci delà quelques miettes, histoire de tromper la faim.
C’est tout l’art de bonne bourgeoisie de partager la peur avec ceux qu’elle opprime.
La seule différence réside dans son orientation.
Les uns, les plus nombreux craignent le sang et les larmes mais n’ont plus rien à perdre.
Les autres ont tout à perdre et à devoir sous la contrainte d’un soulèvement général.
Les uns ne peuvent que partager ce qu’ils arrivent à arracher aux autres qui ne veulent rien mettre dans le pot commun.
Nous voici devant la tyrannie d’un monde tiraillé, ce qui, dès 71 fut entrevu et nommé « lutte des classes ».
C’est cette lutte qui se poursuit sous le masque de la virtualité.
Xavier Lainé
19 mars 2021
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