lundi 12 avril 2021

Rouge misère 14 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 3)

 




Pas imposé et si possible cadencé, chair à canon bon marché.

Marché du travail comme autrefois celui aux esclaves.

Esclaves volontaires d’une féodalité qui ne dit pas son nom.

Nom jamais prononcé sur les pages muettes de douleur.

Douleur de vivre lorsque le couvercle des révoltes retombe.

Retombe sur l’amour comme sur nos épaules fourbues.

Fourbues d’avoir lutté toujours lutté pour quelques grains.

Quelques grains, si peu d’oseille entre deux barricades.

Barricades où nos meubles brûlent qui ne trouvent plus de logis.

Logis insalubres réservés aux « petites gens » comme ils disent.

Ils disent, ils causent, ils pérorent en des couloirs dorés.

Dorés ils le furent dès leur naissance, comme leur vie.

Vie qu’ils passent dans l’entre-soi des « gens de biens ».

Gens de biens qui frémissent à l’évocation des révoltes.

Révoltes de 89, 48, 71 trop vite retombées dans leur oubli.

Oubli contre lequel il nous faut lutter non pour commémorer.

Non pour commémorer mais pour multiplier les expériences.

Expériences de liberté et d’amour débridé, dans l’intense.

Dans l’intense d’une vie que nous savons unique et sans retour.

Sans retour notre ticket comme le leur qui ne sème que malheur.

Malheur de rester dans cette ombre qu’ils portent.

Qu’ils portent sur les fonds baptismaux de leurs cultes.

Cultes qui ne visent qu’à nous asservir toujours plus.

Toujours plus en leurs porte-feuilles, toujours moins chez nous.

Ils s’étonnent de la violence qui vient sans crier gare.

Gare à la leur qui se cache sous leur minois avenant

Avenant à écrire pour censurer leur monde infâme.

Infâme qui tire sur ton sein nu brandissant drapeau.

Brandissant drapeau au sommet de nos révoltes.

Révoltes qu’il me faut porter haut dans un chant de printemps.


Xavier Lainé


15 mars 2021


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