mardi 8 décembre 2020

Lettre du bord du gouffre 40

 




Mais pas un mot, n'est-ce pas ?


Pas un mot pour les migrants expulsés, Place de la République.

Pas un mot alors que gelées s'invitent, pour les trois cent mille qui dorment dans les rues.

Et y meurent sous nos yeux encore au chaud ?


Qu'ai-je fait d'écouter le poste ?

Les zélateurs du prince causaient avant lui.

Ils n'avaient que paroles creuses à débiter en morceaux.


Le stratège atmosphérique n'avait pas encore ouvert la bouche qu’ils avaient déjà son discours en main.

Car il n’est toujours question que de lui, jamais de nous, de toi, de moi, des autres.

Toujours lui, narcisse splendide poussé là par ses semblables en fortune.


J'ai éteint le poste et rêvé d'aller boire un petit coup, dans l'aurore des sentiments hivernaux, au café des amis qui restera fermé.

A moins que nous sachions expédier le stratège jusqu'en la stratosphère.

Et, pourquoi pas, au-delà.

Ce serait sacré soulagement !


Partez donc, indigne !

Embarquez avec vous vos discours creux que vous êtes seul à comprendre !

Pitié pour nos vies : partez donc, retournez à vos petites affaires de banquier sans âme.

Offrez nous des vacances, ou au moins taisez-vous en attendant qu’urnes parlent et vous éjectent en bonne et due forme démocratique.

Votre présence est un poids sur nos épaules que vos prédécesseurs de tous poils avaient déjà largement chargées.

Retournez donc à vos tiroirs caisses et laissez-nous vivre à notre guise.

Il en est tant qui savent désormais la faute qu’ils ont commises : en croyant éviter la dinde ils eurent son bac-similé. Bon voyage, père Ubu !


A suivre...


Xavier Lainé


28 novembre 2020 (2)


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